Cet article d’opinion a paru dans Le Soleil le 13 octobre 2018
Par François-Olivier Picard, membre du Conseil Jeunesse du Premier Ministre
En cette période de la rentrée, impossible de ne pas me remémorer les sentiments qui m’habitaient il y a cinq ans au moment d’assister à mes premiers cours au Palasis Prince de l’Université Laval. Malgré le nouveau parcours de bus, les nouvelles connaissances, les nouvelles implications et la nouvelle vie qui m’attendaient, ce qui m’enthousiasmait par-dessus tout, c’était l’occasion d’effectuer un séjour d’études à l’international. Dans mon cas, mon expérience au Chili aura été si enrichissante, à la fois sur le plan de l’apprentissage que personnel, que voulant diversifier encore plus mes compétences, je suis aussi allé étudier à Copenhague.
Plusieurs personnes se demanderont à quoi sert de vivre, si ce n’est pour vivre des moments inoubliables et s’épanouir ? Une philosophie que je partage. Je ne conserve que de bons souvenirs de mes moments passés dans une résidence étudiante à Copenhague où j’ai fêté mon 22e anniversaire avec des amis provenant des quatre coins du globe. Encore aujourd’hui, je me réjouis d’avoir eu la chance de m’imprégner de cultures différentes de la mienne. Cette capacité à établir des liens durables avec d’autres à travers toutes sortes d’expériences me sera certainement utile pour mieux contribuer à un monde où l’adaptabilité et la compréhension de l’autre seront clés. Bref, c’est ça la vie…
Nous apprenons énormément à l’université, mais ces aventures vécues à l’international nous forment d’une autre façon toute aussi importante. Dans un rapport publié en 2017, le Groupe d’étude sur l’éducation mondiale a souligné que le fait d’aller étudier dans un pays étranger a même l’effet d’un égalisateur social et économique, particulièrement pour les étudiants issus de milieux moins favorisés. Ne l’oublions pas.
Qu’on le veuille ou non, nous vivons tous en quelque sorte au sein de notre propre silo social formé de personnes qui nous ressemblent et qui ont les mêmes valeurs. Évoluer quelques mois dans un environnement inconnu est une occasion en or de confronter ses idées, de se remettre en question et de se créer un nouveau cercle social. Au retour d’un séjour d’étude à l’étranger, les étudiants sont beaucoup plus matures et leur horizon s’est notamment ouvert sur de nouvelles façons d’apprendre. Par exemple, le Danemark est reconnu pour être très humain dans sa façon d’éduquer la population. Ainsi, les Danois n’ont seulement qu’à rédiger à la maison une dissertation par cours, qui fait office d’examen et qui compte pour la totalité de la note finale. Une formule particulièrement appréciée par le Québécois que je suis.
Indéniablement, le monde change, il est en révolution. Désormais, il est évident qu’avoir étudié dans un pays étranger sera un grand avantage futur sur le marché du travail. Comme le rappelle PricewaterhouseCoopers dans un rapport, d’ici 2050, six des sept plus grandes puissances économiques mondiales seront des économies émergentes et plus de 50 pour cent du PIB mondial sera concentré en Asie. Les Canadiens doivent être prêts pour l’économie de demain.
Il est donc d’autant plus pertinent de s’intéresser au constat du conseil consultatif en matière de croissance économique à l’effet que les jeunes qui acquièrent de l’expérience de travail auprès de cultures différentes, particulièrement dans les marchés émergents, auront une longueur d’avance. Les compétences recherchées par les employeurs seront des compétences mondiales comme la sensibilisation aux cultures, la connaissance de plusieurs langues et l’adaptabilité.
Plus que jamais, les campus universitaires sont multiculturels. À titre d’exemple, à l’Université Laval, on estime à 7 000 le nombre d’étudiants étrangers ou de résidents permanents. Ce qui représente 14 pour cent de l’effectif étudiant total. Pendant ce temps, en moyenne seuls 11 pour cent des étudiants canadiens choisissent d’aller étudier à l’étranger pendant leurs études au premier cycle.
Considérant les nombreux avantages que tirent les étudiants de leurs expériences d’études à l’international, tels qu’une compréhension holistique du monde dans lequel ils évoluent qui contribuera certainement à leur réussite dans notre environnement de plus en plus branché sur le monde, il est surprenant qu’un si faible nombre se prévale de cette possibilité, pourtant à leur portée.
Je ne peux qu’appuyer les efforts des universités canadiennes et leurs partenaires qui souhaitent voir passer cette proportion à 25 pour cent d’ici 10 ans. La première politique jeunesse canadienne actuellement en élaboration est d’ailleurs une occasion unique de parvenir à cet objectif. Il est temps de se doter de mesures qui favoriseront ces expériences qui pourraient s’avérer la source d’un bien public essentiel pour la réussite future du Canada.
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