Remettre les pendules à l’heure

24 septembre 2014
David Barnard, University of Manitoba

Le texte suivant a été publié sur la page d’opinions de CBC.ca le 23 septembre 2014.

Par David Barnard, recteur et vice-chancelier de la University of Manitoba et président du conseil d’administration de l’Association des universités et collèges du Canada

Récemment, l’invité d’une émission de radio de la CBC remettait en question la valeur de la formation universitaire par rapport à la formation collégiale.

L’invité en question, Ken Coates, est un ancien étudiant de la University of Manitoba. Il a aussi été vice-recteur fondateur de la University of Northern British Columbia et est actuellement titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur l’innovation régionale à la University of Saskatchewan.

Selon M. Coates, « il existe un décalage entre la formation universitaire et le marché du travail actuel ».

Je ne partage pas son point de vue sur les universités et le marché du travail.

En tant que recteur et vice-chancelier de la University of Manitoba, j’admets ne pas être tout à fait neutre concernant cette question. Je suis aussi président du conseil d’administration de l’Association des universités et collèges du Canada. Je connais donc bien la réalité d’un large éventail d’établissements canadiens d’enseignement supérieur et leur contribution importante à notre économie et au dynamisme de notre pays.

Par conséquent, je suis en mesure de bien estimer la valeur relative et l’importance des diplômes d’études universitaires et collégiales dans l’économie actuelle. Il ne sert à rien de valoriser un type d’éducation postsecondaire au détriment de l’autre. De fait, beaucoup de jeunes n’embarquent tout simplement pas dans ce débat et choisissent avec succès un parcours postsecondaire combinant des formations universitaire et collégiale.

Il suffit de suivre l’actualité pour constater la contribution des diplômés de la University of Manitoba, pour citer en exemple l’établissement que je connais le mieux.

Certains de nos chercheurs et de nos étudiants en médecine sont allés combattre l’épidémie d’Ebola en Sierra Leone, l’un des pays les plus durement touchés par cette maladie.

De nombreux diplômés de la University of Manitoba se trouvent aussi parmi les candidats aux élections municipales et scolaires qui se tiendront bientôt.

Par ailleurs, des dizaines d’étudiants et de professeurs de notre établissement travaillent en partenariat avec le Musée canadien pour les droits de la personne, qui ouvrira ses portes cette semaine.

Les titulaires de diplômes universitaires exercent des professions parmi les plus prestigieuses, les mieux rémunérées et dont les répercussions sont très importantes.

Selon Statistique Canada, de 2008 à 2013, quelque 800 000 nouveaux emplois destinés aux diplômés des universités ont été créés dans l’économie canadienne.

De plus, au cours des cinq dernières années, le nombre de nouveaux emplois exigeant une formation universitaire a dépassé de 20 pour cent celui des autres emplois, comparativement à six pour cent pour les emplois exigeant un diplôme d’un collège ou d’une école de métier.

Nous pouvons même remonter plus loin : depuis 1990, plus de 1,8 million d’emplois ont été créés dans le secteur des professions libérales au Canada, et plus de 1,5 million d’entre eux sont occupés par des diplômés des universités.

En 2011, alors que le taux de chômage s’élevait à 6,2 pour cent au pays, il n’était que de 3,7 pour cent chez les diplômés des universités canadiennes, comparativement à 5 pour cent chez les personnes possédant un diplôme autre qu’universitaire.

Les nouveaux emplois exigent des compétences accrues

Les diplômes universitaires confèrent à leurs titulaires un atout important sur le marché du travail actuel. Près de 90 pour cent des diplômés des universités âgés de 25 à 29 ans occupaient un emploi à temps plein en 2013, et ils étaient titulaires d’un poste à temps plein dans plus de 80 pour cent des cas.

De plus, la grande majorité de ces emplois n’existaient pas il y a cinq ans. La demande envers les compétences et les connaissances des diplômés des universités continuera d’augmenter.

Au Canada, les diplômés des universités sont particulièrement recherchés pour occuper des fonctions professionnelles, administratives et de gestion. Toutefois, l’emploi est en croissance pour les titulaires d’un diplôme de tous les niveaux d’études postsecondaires.

En fait, la majorité des emplois affichant une pénurie de travailleurs spécialisés nécessitent un diplôme universitaire : gestionnaires en génie, en sciences et en architecture; gestionnaires en santé, en éducation et en services sociaux et communautaires; optométristes; vérificateurs, comptables et professionnels en placements; infirmières autorisées, diététistes et nutritionnistes; physiciens, dentistes, pharmaciens et vétérinaires.

Les données démontrent également que le revenu des diplômés des universités ayant un poste à temps plein augmente plus rapidement que celui des personnes exerçant un métier, occupant un poste d’apprentis ou ayant un diplôme d’études collégiales.

Au-delà des études secondaires

Les jeunes font des choix en tenant compte de cette réalité et la majorité d’entre eux s’assurent ainsi un très bel avenir, qu’ils fassent des études universitaires ou collégiales.

En effet, la majeure partie des jeunes dans la vingtaine ont suivi une formation d’apprentis ou sont titulaires d’un diplôme d’une école de métier ou d’un collège, ce qui prouve que, contrairement à la fausse idée répandue, tous n’optent pas pour les études universitaires.

De fait, les jeunes dans la vingtaine possédant un diplôme d’études collégiales sont plus nombreux que ceux qui ont un baccalauréat.

Quel que soit leur parcours, une formation postsecondaire leur permettra d’avoir une carrière enrichissante et de contribuer activement à l’économie.

S’ils décident de faire des études universitaires, ces jeunes auront la possibilité d’acquérir des connaissances selon une grande variété de formules, par exemple dans le cadre de programmes coopératifs, de stages, d’apprentissage par le service ou de programmes parascolaires.

Aujourd’hui, les étudiants des universités participent souvent à des études sur le maintien de la paix et la résolution des conflits.

Ils sont des musiciens ou des acteurs et se produisent sur les scènes d’Amérique du Nord et de l’étranger.

Ils vivent dans des familles d’agriculteurs et travaillent à nourrir la population croissante du Canada.

Tout compte fait, à la fin de leur carrière, les diplômés des universités auront gagné des revenus supérieurs à ceux des diplômés des collèges.

Ce qui est encore plus important, les compétences et l’esprit critique qu’ils acquerront leur ouvriront toutes les portes.

L’avenir leur appartient; c’est à eux de le façonner.

 

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