Préparer les étudiants pour un avenir numérique

25 août 2020
Head shot of Graham Carr, president of Concordia University

Cet article d’opinion a paru dans le Montreal Gazette le 25 août 2020.

Par Graham Carr, recteur de l’Université Concordia

Il ne fait aucun doute que la prestation de cours en ligne va chambouler la vie universitaire telle qu’on la connaît, mais voyons les bons côtés.

La plupart des étudiants universitaires et leurs parents acceptent maintenant le mode d’enseignement virtuel comme étant un choix sensé du point de vue de la santé publique. Ils sont toutefois nombreux à se préoccuper de ses conséquences sur la qualité de l’enseignement, la vie étudiante et l’équité sociale.

Il ne fait aucun doute que la prestation de cours en ligne va chambouler la vie étudiante, un aspect fondamental de la formation universitaire telle qu’on la connaît. Pourtant, au moment où des millions d’étudiants dans le monde s’apprêtent à commencer un trimestre d’automne entièrement différent, où la majeure partie de l’enseignement se fera en ligne, cette expérience d’apprentissage virtuel pourrait, grâce à des méthodes novatrices, bénéficier aux étudiants et à la société en général. En effet, les environnements virtuels permettent aux universités d’ajouter une importante dimension à l’impact transformateur de l’enseignement supérieur.

Un peu partout au Canada, des professeurs dévoués et les équipes responsables des programmes de cours qui les appuient ont réagi aux perturbations entraînées par la pandémie en remaniant les cours pour les adapter à la prestation en ligne dès septembre. En réalité, l’été est trop court pour développer le plein potentiel en ligne de tous les cours universitaires. Cependant, les leçons apprises en travaillant en mode virtuel permettront d’améliorer à la fois l’enseignement en ligne et la conception de cours traditionnels.

Pour la plupart des étudiants, l’apprentissage numérique n’est ni nouveau ni redoutable. Avant la COVID-19, 65 pour cent des étudiants de l’Université Concordia avaient déjà suivi au moins un cours en ligne. Un sondage pancanadien effectué en juin a révélé que les trois-quarts des étudiants estimaient que l’apprentissage en ligne peut être de meilleure qualité, de qualité égale ou de qualité presque égale à l’apprentissage en personne.

En fait, l’environnement virtuel fait souvent ressortir ce qu’il y a de meilleur chez les étudiants et, bien que cela semble contraire à la logique, selon bon nombre d’entre eux, les cours en ligne peuvent être davantage personnalisés que les cours traditionnels. Certains sont ravis de la souplesse qu’offre un accès aux documents au moment qui leur convient, alors que d’autres préfèrent participer aux cours en posant des questions écrites ou se joindre à des équipes pour bavarder avec leurs pairs plutôt que de lever la main pendant un cours ou d’aller rencontrer un professeur.

Parallèlement, de nombreux professeurs trouvent plus facile de suivre les progrès des étudiants en utilisant l’analyse numérique.

Mais le plus grand et le plus inattendu des avantages du cyberapprentissage est peut-être le fait de correspondre à la réalité changeante du travail.

Il y a deux ans, l’Université Concordia a commencé l’élaboration d’une vaste stratégie numérique. Les étudiants, qui ont d’abord été sondés, ont majoritairement affirmé considérer les compétences numériques comme essentielles pour leur employabilité — et estimé que nous n’en faisions pas assez pour parfaire ces compétences.

Aujourd’hui, comme il est nécessaire d’être capable de bien fonctionner dans un environnement numérique, la formation en ligne peut être considérée comme un nouveau mode d’apprentissage par l’expérience.

Cet automne, les étudiants obtiendront des crédits pour l’acquisition des mêmes compétences dans une matière que s’ils suivaient leurs cours en personne, mais le savoir aura été acquis dans un environnement virtuel représentatif de leur futur milieu de travail. En outre, avec la présence d’étudiants étrangers provenant du monde entier, cette forme d’apprentissage par l’expérience fera appel à une collaboration internationale en temps réel.

Afin de recréer le sentiment d’appartenance qui est au cœur de la vie étudiante, les universités devront entre autres faire preuve de créativité et transférer en ligne les clubs étudiants, créer des activités virtuelles avec des partenaires externes, et commanditer des marathons de programmation (hackathons) à distance.

Cela ne signifie pas pour autant que l’apprentissage en ligne et le campus virtuel constituent la solution idéale, peuvent remplacer l’enseignement traditionnel et permettent de pallier la « non-présence ».

Cependant, le prochain trimestre permettra de mieux préparer les étudiants à un avenir numérique.

Honnêtement, le point le plus inquiétant du trimestre d’automne est l’iniquité qu’il fera ressortir entre les étudiants sur le plan de l’accès aux technologies et aux services d’Internet requis pour bien profiter de l’environnement d’apprentissage numérique. Et ce n’est pas un problème auquel les universités peuvent remédier par leurs propres moyens. C’est pourquoi nous accueillons favorablement l’annonce d’un financement supplémentaire de 375 millions de dollars faite par la ministre de l’Enseignement supérieur Danielle McCann. Cet argent servira à soutenir les étudiants et à aider les établissements d’enseignement supérieur à s’adapter à la nouvelle réalité.

Si, comme société, nous sommes déterminés à créer une nouvelle normalité prometteuse après la COVID-19, il faut que les secteurs privé et public investissent dans un brillant avenir numérique pour tous.

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