Le dictionnaire Usito : une référence essentielle dans le milieu de l’éducation

Par Annie Melançon, rédactrice de contenu promotionnel, cet article a été publié dans la Voix de l’Est le 25 mars 2025
Jonc de mariage, terre à bois, titulaire de classe, pain de viande, chat de ruelle, urgentologue, journée pédagogique, cabinet fantôme, pneus d’hiver, coffret de sûreté… Qu’ont en commun ces mots? «Ils n’étaient pas enregistrés à l’époque dans les dictionnaires généraux du français produits en France», souligne Serge D’Amico, lexicographe et conseiller en communication à l’Université de Sherbrooke.
Ces mots – et bien d’autres – sont pourtant caractéristiques de l’usage québécois. Aucun d’eux n’est familier, très familier ou vulgaire; ce sont des mots qui sont parfaitement standards et incontournables pour parler, lire, travailler, étudier ou s’informer en français au Québec. «Ce silence des dictionnaires européens contribuait donc à l’insécurité linguistique des locuteurs du Québec qui, ne trouvant pas leurs mots, en venaient à douter de leur usage», ajoute M. D’Amico.
Pour doter la collectivité québécoise d’un outil lexicographique mieux adapté à son contexte linguistique et culturel, un groupe de l’Université de Sherbrooke, mené par les professeurs Hélène Cajolet-Laganière, Pierre Martel et Chantal-Édith Masson, entamait il y a une vingtaine d’années une importante recherche. Colossal, le projet a nécessité la collaboration d’une soixantaine de personnes (rédacteurs, réviseurs, consultants et informaticiens) afin de répertorier et de définir les mots qui reflètent notre réalité dans un outil numérique.
Le projet de recherche mené dans la Faculté des lettres et sciences humaines de l’Université de Sherbrooke a été soutenu financièrement au fil des années par le ministère de l’Éducation, le ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration, le ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine, le Conseil du Trésor, le Secrétariat à la politique linguistique, le ministère des Relations internationales et le Secrétariat aux affaires intergouvernementales canadiennes.
Le résultat de ce travail de recherche : le dictionnaire Usito, aujourd’hui couramment consulté par quelque 6 millions d’utilisateurs uniques par année au Québec et dans une vingtaine de pays.
«Un dictionnaire sert à trouver les mots qu’on utilise au quotidien pour en connaître le sens exact, comment bien l’écrire et l’accorder, dans quel contexte s’en servir, etc. Cela manquait vraiment au Québec. Le français est pluriel; il prend une coloration particulière selon les pays et les époques. Ce n’est pas la langue de la France que d’autres communautés périphériques parlent aussi; c’est plutôt la totalité des usages des locuteurs francophones. En somme, il y a une manière québécoise d’utiliser le français et dans Usito, on fait le pont entre nos usages et ceux de la francophonie européenne. Par exemple, on y précisera qu’au Québec, on porte des mitaines, alors qu’en France, ce sont des moufles», ajoute M. D’Amico.
Seul dictionnaire général du français à décrire prioritairement le français standard au Québec, et plus largement au Canada et en Amérique du Nord, Usito est devenu au fil des années l’ouvrage incontournable pour les élèves et étudiants québécois, du primaire à l’université. L’UdeS a d’ailleurs travaillé étroitement avec le ministère de l’Éducation afin que le dictionnaire soit parfaitement adapté au contexte de passation des épreuves de français. On y retrouve aussi la liste orthographique du MEQ, soit les mots à apprendre pour chaque année d’enseignement du primaire.
Plusieurs enseignants travaillent donc avec Usito en classe. C’est le cas d’Audrey Scalabrini, enseignante au 3e cycle du primaire à l’école du Boisjoli de Sherbrooke, qui ne se verrait plus demander à ses élèves d’utiliser des dictionnaires papier.
«L’avantage d’un dictionnaire numérique, c’est la simplicité de consultation. Pour un enfant, il peut être rebutant de fouiller dans un gros dictionnaire. Là, il écrit le mot et toute l’information apparaît d’un clic. En plus, Usito va généralement proposer des mots même si le mot saisi est mal orthographié. Par exemple, l’élève peut écrire allor, et Usito va lui proposer Alors. Autre force d’Usito, c’est qu’il y a plusieurs exemples; on place le mot dans différents contextes, et souvent c’est comme ça que l’élève va vraiment en saisir le sens, plutôt que d’essayer de comprendre une longue définition», explique l’enseignante qui compte 21 ans d’expérience.
En rendant facile la consultation d’un dictionnaire, Usito contribue à l’apprentissage des mots. «Comme ça ne prend que quelques secondes pour trouver un mot, les enfants sont portés à consulter Usito plus souvent, dès qu’ils ont un doute sur l’orthographe d’un mot, ou encore sur sa signification lorsqu’ils lisent un texte. Et c’est ce qu’on veut, que les enfants se posent des questions et s’assurent, lorsqu’ils écrivent, qu’ils ont la bonne orthographe. On le voit, nos élèves sont bien meilleurs en orthographe maintenant, et c’est le résultat de différentes mesures, dont l’utilisation d’Usito», souligne pour sa part Rosalie Deschênes, qui enseigne à des élèves de 6e année à l’école Soleil-Levant, à Sherbrooke.
«À l’école du Boisjoli, les élèves découvrent Usito en 4e année. Rendus en 5e et 6e année, ils connaissent donc passablement bien l’outil, même si je dois les aider à l’occasion. Moi-même, je m’en sers pendant que j’enseigne; c’est une autre façon de leur montrer comment utiliser Usito et y retrouver l’information qu’on recherche», souligne Mme Scalabrini. Mme Deschênes d’ajouter: «Les enfants sont rapidement à l’aise avec cet outil; ils en découvrent les nombreuses fonctionnalités par eux-mêmes, parfois! Comme chaque élève a son propre ordinateur portable à notre école, Usito est donc régulièrement consulté, puisqu’on écrit et qu’on lit tous les jours. D’utiliser un dictionnaire numérique a aussi plus de sens de nos jours; qui, à la maison, va fouiller dans un ouvrage papier lorsqu’il cherche un mot? On va habituellement sur notre téléphone ou notre ordinateur!»
Usito étant gratuit et numérique, les enfants peuvent d’ailleurs s’en servir en dehors de l’école. «Ce n’est pas une application qu’on a à installer, c’est accessible partout. Aussi, certains dictionnaires numériques ont tellement de publicité que cela en est dérangeant, ce qui n’est pas le cas avec Usito», fait remarquer Audrey Scalabrini.
Les deux enseignantes apprécient également les nombreuses fonctionnalités d’Usito. «Pour la conjugaison, on n’a qu’à entrer le nom du verbe, et tout le tableau apparaît. Souvent, comme c’est le cas avec le Bescherelle, ce ne sont pas tous les verbes qui sont répertoriés, on fonctionne par modèle, et c’est moins évident pour un enfant. On y retrouve aussi les synonymes; les élèves s’en servent beaucoup pour améliorer leur texte, par exemple.» Pour ces enfants nés à l’ère du numérique, Usito est décidément un outil qui plait et qui leur donne le goût de chercher dans le dictionnaire!
En rendant Usito gratuit en 2019, l’Université de Sherbrooke a voulu faciliter et favoriser l’accès de tous les Québécoises et Québécois à leur langue. C’est également un excellent moyen de partager notre culture pour révéler les usages propres à la langue parlée au Québec et plus largement chez les francophones d’Amérique.
Comme il s’agit d’un outil entièrement numérique, Usito est facilement mis à jour. «Chaque année, on ajoute entre 300 et 400 mots, sens, expression et citations littéraires d’œuvres québécoises. Le fait que ce soit numérique ne nous impose aucune contrainte d’espace; on peut ainsi y mettre beaucoup d’exemples, de remarques explicatives et normatives, etc.», mentionne Martine Lafleur, directrice générale du Service des communications et gestionnaire de l’équipe Usito.
Pour consulter gratuitement Usito, cliquez ici.
Cet article a été rédigé par Les Coops de l’Information, au nom d’Universités Canada.