Les six premières notes de Pomp and Circumstance d’Edward Elgar peuvent faire naître bien des émotions : de la fierté chez les parents qui, après avoir vu leur adolescent quitter la maison, le voit maintenant adulte traverser la scène; de la joie chez les diplômés, qui ont su relever les défis qui se posaient à eux; de l’émerveillement chez les éducateurs, toujours curieux de voir comment leurs anciens étudiants parviendront à changer le monde; et de la tristesse chez tous devant la fin de ce beau parcours.
Malgré le report ou la tenue en ligne des cérémonies de collation des grades cette année en raison de la pandémie, n’oublions pas de rendre hommage aux membres de l’exceptionnelle promotion de 2021.
En 2020, 1,4 million d’étudiants ont fréquenté les universités canadiennes.
Lors de la transition vers les cours en ligne, ils auraient facilement pu choisir de faire une pause dans leurs études. Qui le leur aurait reproché? Mais les diplômés de cette année ont plutôt choisi d’aller de l’avant. Ils l’ont fait avec optimisme, dans l’espoir de jours meilleurs pour lesquels ils se sont assurés d’être prêts.
Ils se sont livrés à des expériences de chimie sur le comptoir de leur cuisine. Ils ont analysé l’œuvre de Chaucer depuis leur chambre à coucher. Ils ont appris à bâtir des ponts tout en jouant aux blocs Lego avec leur petite sœur. Et ils ont livré des courses pour payer leur loyer.
Les diplômés de cette année ont dû faire preuve de courage, de résilience et de ténacité, et leur communauté a été là pour les soutenir.
En 2020, 1,4 million d’étudiants ont fréquenté les universités canadiennes, soit deux pour cent de plus que l’année précédente, comme c’est le cas depuis cinq ans. Le maintien de la croissance de l’effectif a été cette année largement attribuable aux étudiants à temps partiel. En effet, voyant leur vie perturbée par la pandémie, beaucoup de gens en ont profité pour terminer leurs études ou en entreprendre de nouvelles. C’est bon pour eux, et c’est bon pour tous. Les diplômés de cette année apportent au Canada le talent dont il a besoin pour relancer et rebâtir son économie.
Nous ne sommes pas le seul pays à vouloir une relance au sortir de la pandémie. Les sociétés vieillissantes et les investisseurs étrangers de partout vont se tourner vers les pays dotés d’une main-d’œuvre hautement compétente. Comme le résume Sophie D’Amours, rectrice de l’Université Laval et présidente du conseil d’administration d’Universités Canada, « la course aux talents sera la ruée vers l’or des années 2020 ».
Les diplômés de cette année ont dû faire preuve de courage, de résilience et de ténacité, et leur communauté a été là pour les soutenir.
Partout au pays, les universités ont investi dans la formation des professeurs pour les aider à donner leurs cours en ligne et, lorsque l’apprentissage en ligne était impossible, à veiller au respect de protocoles sanitaires rigoureux.
En plus de l’indispensable financement gouvernemental consenti au profit des étudiants et de la sécurité sur les campus, les universités ont investi 700 millions de dollars pour les étudiants, qui ont également pu compter sur le soutien des anciens et de la collectivité. Ces contributions ont aidé à renforcer les services en santé mentale destinés aux étudiants, ainsi qu’à mettre des ressources technologiques à la disposition de ceux qui se sont vus privés d’ordinateur et de connexion Internet faute d’accès au campus.
Ces investissements exceptionnels ont été réalisés alors que le nombre d’étudiants de première année et étranger s’est mis à chuter et que les revenus accessoires, issus par exemple des résidences, des forfaits repas et des services sur les campus, ont disparu. La perte de revenus subie par le secteur universitaire est estimée à un milliard et demi de dollars.
Même si tout ne s’est pas déroulé sans heurts et que les choses ne sont toujours pas comme avant, le fait que les diplômés de cette année soient si nombreux témoigne de la détermination des universitaires à aller de l’avant.
Les engagements à l’égard des Canadiens pris par les universités il y a cinq ans apparaissent aujourd’hui visionnaires : « Nous évoluons dans un monde où la réussite économique, sociale et personnelle ne dépend pas tant de nos connaissances que de notre capacité à apprendre, à réfléchir et à réagir au changement. Foyers d’apprentissage et de découverte, les universités jouent un rôle décisif dans ce processus. Elles transforment la vie des gens qui, à leur tour, transforment notre collectivité, notre pays et le monde. »
Appelez des diplômés pour les féliciter. Mieux encore : accueillez-les au sein de votre réseau, partagez vos contacts avec eux, écoutez leurs idées.
Les diplômés de cette année incarnent ces engagements. Ils ont su réagir au changement, et ils transformeront le monde. Quant aux universités, par leur participation à l’éducation et à la formation des diplômés de cette année, elles ont réaffirmé leur rôle en tant que fondement de notre société, qui s’apprête à se reconstruire.
Beaucoup de traditions, de la célébration des naissances aux rituels entourant le deuil, n’ont pu avoir lieu cette année. Ayez une pensée pour les cérémonies de collations des grades. Vous ne vous rappelez peut-être pas qui s’était exprimé lors de la vôtre ou des musiques qui y avaient retenti, Pomp and Circonstance mise à part. Mais vous avez la chance de pouvoir en regarder les photos et de revoir les gens qui vous entouraient. Cette cérémonie a été un rite de passage lors duquel la collectivité vous a en quelque sorte exprimé ses félicitations : on vous a remarqué et reconnu la valeur que vous apportez. Notre tour est venu de faire de même pour les membres de la promotion de 2021.
Appelez des diplômés pour les féliciter. Mieux encore : accueillez-les au sein de votre réseau, partagez vos contacts avec eux, écoutez leurs idées. Rendez hommage aux membres de la promotion de 2021, non seulement pour ce qu’ils ont déjà accompli, mais aussi pour ce qu’ils s’apprêtent à faire pour le Canada.
Paul Davidson est le président-directeur général d’Universités Canada.