Favoriser l’accès des Autochtones aux études postsecondaires

18 avril 2017
An Indigenous student and Ralph Nilson, president of Vancouver Island University, during the graduation ceremony.

Photo : Vancouver Island University

Cet article d’opinion a paru dans le Vancouver Sun le 18 avril 2017

par Ralph Nilson, membre, Comité des affaires internationales d’Universités Canada et recteur, Vancouver Island University

Dans une économie mondiale fondée sur le savoir de plus en plus concurrentielle, le Canada doit compter sur ses grands esprits, et ce, sur tous les fronts. Les études supérieures doivent donc être accessibles à tous les Canadiens; les laissés pour compte sont trop nombreux depuis trop longtemps.

Heureusement, le budget de 2017 prend des mesures concrètes dans la bonne direction. En plus du soutien pour la formation pour les compétences et l’emploi et du financement pour améliorer les conditions de logement des Autochtones à l’extérieur des réserves, il prévoit des fonds qui sont les bienvenus pour aider un plus grand nombre d’étudiants autochtones à accéder aux études postsecondaires.

Mais ce n’est pas suffisant. Les Autochtones qui souhaitent poursuivre des études postsecondaires se heurtent à d’importants obstacles. Par exemple, pour bon nombre d’étudiants autochtones originaires de régions isolées et éloignées, il peut être déstabilisant de se retrouver dans une nouvelle ville sans leur famille. Ils ne bénéficient pas des mêmes possibilités que leurs camarades issus d’autres milieux. Leur environnement les désavantage. Par conséquent, les Premières Nations, les Métis et les Inuits comptent bien moins de diplômés universitaires que les Canadiens non autochtones. En fait, au Canada, moins de 10 pour cent des Autochtones âgés de 25 à 64 ans possèdent un diplôme. En comparaison, le taux national dépasse les 26 pour cent.

Outre la question de justice sociale, il s’agit d’un enjeu économique important. Lorsque le gouvernement parle de bâtir un avenir prospère, il doit se rappeler que, pour y arriver, il est essentiel que les jeunes Autochtones puissent réaliser leur plein potentiel.

L’augmentation de 90 millions de dollars consentie dans le récent budget pour le financement du Programme de soutien aux étudiants de niveau postsecondaire d’Affaires autochtones et du Nord Canada facilitera l’accès à l’éducation postsecondaire. Les fonds aideront à couvrir les frais de scolarité, le coût des livres et les frais de déplacement ainsi qu’à verser des allocations de subsistance.

Les changements au Programme canadien de prêts aux étudiants rendront l’apprentissage continu plus accessible à tous les Canadiens, y compris aux étudiants autochtones. Les parcours qui mènent aux études supérieures sont variés, et ces modifications faciliteront les démarches des étudiants à temps partiel, des étudiants adultes et des étudiants qui soutiennent une famille.

Le budget de 2017 accorde également un nouveau financement de 25 millions de dollars à Indspire, un organisme dirigé par des Autochtones qui offre des bourses aux étudiants des Premières Nations et aux étudiants inuits. En 2015-2016, Indspire a remis 3 792 bourses d’études et de soutien.

Ce sont de bonnes nouvelles.

L’éducation est la clé de la réconciliation. C’est pourquoi les universités canadiennes sont déterminées à combler les lacunes du système et à aider davantage d’Autochtones à réaliser leur plein potentiel grâce à l’éducation.

À l’heure actuelle, 69 pour cent des universités canadiennes offrent des programmes de transition comprenant des activités de sensibilisation, du soutien pédagogique et du mentorat. Environ 86 pour cent d’entre elles offrent des services de soutien ciblés comme des services d’orientation scolaire et de mentorat par les pairs.

La Vancouver Island University, à l’instar d’autres établissements canadiens, fait appel à des aînés en résidence qui guident, conseillent et appuient les étudiants. Ils leur enseignent aussi les protocoles traditionnels et le partage interculturel.

Le programme de formation de techniciens en gestion à l’intention des Premières Nations de l’Université est spécialement conçu pour permettre aux étudiants d’acquérir les compétences et les connaissances requises pour travailler dans le domaine en pleine croissance de la gestion des ressources pour une Nation. Il fait partie des 233 programmes d’études au premier cycle et des 62 programmes d’études aux cycles supérieurs offerts par les universités canadiennes qui portent sur des questions d’intérêt autochtone ou sont destinés aux étudiants autochtones.

Nous sommes toutefois conscients qu’il reste beaucoup à faire et que nous devons demeurer vigilants. Le soutien offert de la maternelle à la 12e année doit encore être amélioré. Les jeunes étudiants autochtones doivent savoir qu’ils ont une place dans les établissements d’études postsecondaires et qu’ils peuvent réussir. Lorsque des étudiants de première génération obtiennent leur diplôme d’études postsecondaires, leur réussite a un effet d’entraînement sur les membres de leur famille et de leur collectivité.

En tant que pays, nous avons besoin du talent de tous nos jeunes. Nous devons favoriser la participation active des jeunes Autochtones à la société canadienne, et veiller à ce qu’ils aient des possibilités d’emploi et des perspectives économiques.

Il faudra du temps pour changer la situation. Les universités collaborent avec des partenaires des collectivités autochtones, du milieu des affaires et du gouvernement pour déterminer les prochaines étapes. À ce titre, nous invitons toutes les parties à poursuivre leurs efforts visant à combler l’écart en matière d’éducation et à promouvoir la réconciliation par l’éducation.

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