Discours de Paul Davidson, président-directeur général d’Universités Canada devant la Chambre de commerce de Winnipeg, le 3 novembre 2015

Seul le texte prononcé fait foi

Introduction

Merci de votre gentillesse, Madame Trimbee.

Il s’agit de ma troisième visite à Winnipeg en six mois, et j’avoue que c’est un immense plaisir d’être de retour ici.

Winnipeg est une des plus belles villes au Canada : elle possède une qualité de vie exceptionnelle, un sens profond de la collectivité et des gens qui ont une vision d’avenir. Je pense, entre autres, à des dirigeants d’entreprise comme Paul Soubry, à des philanthropes comme Art de Fehr et à des leaders culturels comme Jeff Herd. (Je pourrais passer 20 minutes à en énumérer.)

Annette, c’est formidable que vous soyez de retour à Winnipeg.

Vous faites partie de l’impressionnant mouvement de revitalisation de la ville qui a fait que des personnes au talent remarquable ont choisi de vivre et de travailler ici tout en maintenant un engagement à l’échelle nationale et internationale.

Je suis passé devant La Fourche (The Forks) en arrivant et je me suis dit que cette place publique devait constituer un point de repère pour vous, en fait pour n’importe quelle personne qui revient de l’étranger.

Depuis des générations, des milliers d’années, cet endroit est un lieu de rassemblement d’idées, de dynamisme commercial et de culture. La Fourche a également été un point de transition. Un lieu où se reposer après un long périple. Un lieu où faire le bilan, faire du commerce et se réapprovisionner pour ensuite poursuivre sa route.

La Fourche est toujours un lieu d’inspiration. Un lieu de dynamisme qui suscite l’intérêt du reste du pays.

C’est dans ce lieu que les Manitobains ont décidé qu’ils voulaient récupérer leur équipe de la LNH, et ils y sont parvenus.

Les Manitobains ont vu cette ville comme le lieu idéal pour le nouveau Musée canadien pour les droits de la personne, qui est maintenant devenu réalité.

La University of Manitoba a pris la responsabilité et eu l’honneur d’héberger le Centre national de vérité et réconciliation, et, aujourd’hui, ce centre d’envergure nationale ouvrira ses portes et permettra au pays de faire un pas en avant.

Je suis très honoré de pouvoir participer au dialogue sur la réconciliation qui a lieu dans le cadre des cérémonies d’aujourd’hui.

Par ailleurs, je voudrais mentionner ce qui est peut-être la contribution la plus importante de Winnipeg non seulement à notre pays, mais au monde entier cette année : la découverte du vaccin révolutionnaire ZMapp [prononcer « Zi-map »] contre le virus Ebola.

Ce vaccin s’est avéré si efficace pour prévenir la propagation du virus que les essais cliniques ont été arrêtés et qu’il a immédiatement été distribué de manière générale. Il a permis et permet encore de sauver des dizaines de milliers de vies.

Le vaccin a été mis au point à Winnipeg par de brillants chercheurs grâce à un financement conjoint (auquel ont participé des universités, le gouvernement, le secteur privé et des ONG internationales), à un partenariat de travail non seulement dans le domaine des sciences de la santé, mais aussi des sciences sociales et à une ténacité pure et simple – ce dynamisme dont je parlais tout à l’heure.

Vous savez, le monde entier en a pris note. Partout, les médias ont présenté le ZMapp comme le « vaccin canadien ». Toutefois, ici, au Canada, les nouvelles sur ces travaux de recherche et cette collaboration révolutionnaires qui ont eu des répercussions humaines à l’échelle internationale sont parues un vendredi après-midi de juillet, alors que nous étions, pour la plupart, partis pour le week-end. Nous devrions claironner notre succès parce qu’il témoigne des points forts de notre pays.

Plus récemment, Art McDonald a reçu un appel incroyable de la Suède tôt le matin. Non, ce n’était pas pour un échange au hockey, mais parce qu’il partagerait le prix Nobel de physique cette année. Révolutionnaire sur le plan mondial, son travail à l’Observatoire de neutrinos de Sudbury a ouvert un tout nouveau champ de questionnements fondamentaux sur la nature de notre monde. Le prix Nobel est remis à un individu, mais M. McDonald est le premier à reconnaître qu’il a fallu des équipes d’étudiants aux cycles supérieurs et de collaborateurs étrangers ainsi que des investissements à long terme pour atteindre cette réussite.

L’Observatoire, soit dit en passant, est le fruit d’un partenariat entre cinq universités canadiennes. Nos établissements d’enseignement supérieur connaissent la valeur de la collaboration.

Le ZMapp et l’Observatoire de neutrinos de Sudbury démontrent parfaitement comment les universités peuvent avoir des répercussions au-delà de leurs murs et des frontières en permettant aux plus brillants cerveaux de relever les plus grands défis qui soient.

Nos universités sont déterminées à en faire encore plus grâce aux partenariats et à la collaboration. C’est ce dont je veux vous parler aujourd’hui.

Qu’est-ce qu’un vaccin contre le virus Ebola et le prix Nobel de physique ont à voir avec les compétences dont nous avons besoin ici, à Winnipeg?

Les médias parlent souvent de crise des compétences et d’une disparité entre ce que les universités produisent et ce dont l’économie a « réellement » besoin.

L’été dernier, nous avons atteint un point de bascule démographique – le nombre de Canadiens de plus de 65 ans a dépassé le nombre de Canadiens de moins de 18 ans.

Actuellement, on compte un million d’étudiants au premier cycle. Les expériences qu’ils vivront et les compétences qu’ils acquerront détermineront en grande partie la prospérité du Canada au cours des prochaines décennies.

C’est pourquoi les universités canadiennes sont attentives à ce que les Canadiens attendent d’elles et c’est pourquoi des chefs de file du domaine des affaires, de la philanthropie et de la culture sont appelés à se prononcer sur la manière de collaborer afin d’obtenir les meilleurs résultats possibles pour le Canada.

Résultats du sondage

L’an dernier, nous avons effectué une vaste enquête auprès des employeurs afin de mieux comprendre leurs priorités. Nous sommes heureux de constater leur appui solide pour notre travail.

Et l’été dernier, nous avons sondé l’opinion publique pour connaître la valeur que la population canadienne accorde aux universités, à la recherche et à l’innovation pour l’avenir du Canada.

Aujourd’hui, j’ai le grand plaisir de vous faire part en primeur des résultats de ce sondage.

Nous avons sondé 2 000 Canadiens de partout au pays et nous avons découvert avec bonheur que les Canadiens ont une très bonne impression de nos universités.

Les Canadiens nous ont dit qu’ils comprenaient l’importance des universités. Ils savent qu’elles préparent adéquatement les étudiants, renforcent les collectivités et contribuent à bâtir un pays meilleur. Sept participants au sondage sur 10 ont affirmé que les universités sont essentielles à la prospérité du Canada.

Nous savons, et vous savez, que le futur succès de notre pays dépend de la force de nos universités et de la valeur de la recherche et de l’enseignement que nous faisons. Mais c’est formidable d’apprendre que les Canadiens le savent aussi.

Le sondage a été mené par Abacus Data, une agence dirigée par Bruce Anderson, qui fait partie du groupe d’experts de l’émission At Issue de la CBC.

Le sondage a démontré que les Canadiens sont conscients de la valeur des universités parce qu’elles favorisent une vision à long terme et la réalisation de grandes idées et qu’elles forment les leaders de demain.

Une impressionnante proportion de 78 pour cent des participants au sondage a répondu que l’un des rôles les plus importants des universités était de préparer les étudiants à contribuer à la société.

La même proportion (78 pour cent) accorde une grande valeur aux universités qui forment les étudiants en leur inculquant les compétences dont ils ont besoin pour réussir dans le système économique actuel.

Nous croyons que TOUS les étudiants qui en ont la capacité devraient pouvoir fréquenter l’université.

Autochtones

Pour cela, nous devons miser sur l’impressionnant travail en cours visant à garantir l’accès et la réussite des Premières nations, des Métis et des Inuits. Les universités canadiennes comptent plus de 350 collaborations positives avec les collectivités autochtones.

Par exemple, à partir de l’automne prochain, les étudiants de la University of Winnipeg devront suivre un cours sur les droits, les traditions, l’histoire et la gouvernance des peuples autochtones pour obtenir leur diplôme. Soit dit en passant, il s’agit d’une initiative menée par des étudiants de l’Université, et je sais que Mme Trimbee est aussi fière d’eux que je lui suis pour la vision dont ils ont fait preuve.

La University of Winnipeg travaille aussi avec les collectivités autochtones des environs et des quartiers centraux de la ville afin d’offrir des possibilités aux enfants, aux jeunes et aux familles et d’éliminer les obstacles en matière d’éducation postsecondaire.

Par l’intermédiaire du centre d’apprentissage Wii Chiiwaakanak (Wi-chi-WA-ga-nak), l’Université offre gratuitement l’accès à des ordinateurs et un certain nombre de programmes éducatifs et culturels, parascolaires et d’été. Chaque mois, plus de 1 700 membres des collectivités ont recours à ce centre.

C’est formidable, et nous pouvons faire davantage.

Aujourd’hui, moins de 10 pour cent des Autochtones de 24 à 64 ans possèdent un diplôme universitaire. C’est trois fois moins que la proportion de Canadiens non autochtones.

Les universités canadiennes sont déterminées à augmenter les possibilités et à appuyer la réussite universitaire des étudiants autochtones, ainsi qu’à favoriser la réconciliation partout au Canada.

En juin dernier, les 97 membres d’Universités Canada ont adopté 13 nouveaux principes en matière d’éducation des Autochtones.

Ces principes reconnaissent les besoins éducatifs uniques des peuples autochtones du Canada et promettent que des mesures seront prises pour accroître leurs chances de réussite.

J’ai apporté des exemplaires du document énonçant ces principes, et je vous invite à en prendre un.

Les universités aident TOUS les étudiants à réaliser leur plein potentiel en innovant continuellement en matière d’enseignement et d’apprentissage.

Programmes coopératifs et stages

Des milliers d’étudiants sont actuellement à l’œuvre dans des auditoriums, des laboratoires et des classes à deux pas d’ici. Ils apprennent de nouvelles façons de résoudre les problèmes, des méthodes que nous n’aurions pu imaginer il y a 10 ans, et se préparent pour un monde que nous ne reconnaîtrons peut-être pas dans 10 ans.

Ils ont beaucoup à offrir aux entreprises privées et aux organismes communautaires.

L’année dernière, nous avons effectué un sondage sur l’apprentissage par l’expérience auprès des employeurs que sont les petites et moyennes entreprises. L’étude a révélé que les étudiants des programmes coopératifs et les stagiaires leur offraient une réelle valeur ajoutée. Les employeurs affirment que les étudiants universitaires leur apportaient de nouvelles idées et travaillaient efficacement.

La Chambre de commerce du Canada reconnaît aussi la valeur de la présence des étudiants en milieu de travail. Dans un rapport sur les compétences récemment publié, elle recommande au  gouvernement d’offrir un incitatif financier aux employeurs, particulièrement aux petites entreprises, afin qu’ils puissent offrir aux étudiants des occasions de travail-études. Nous sommes heureux de cette recommandation de la Chambre de commerce.

Je suis certain que David, Annette et Cheryl seraient heureux de vous présenter des étudiants exceptionnellement brillants qui seraient aptes à faire le travail, qui seraient avides d’apprendre, qui apporteraient des compétences et une énergie nouvelles à votre entreprise et qui, peut-être, deviendraient vos prochains employés à temps plein. Je m’arrête momentanément ici pour souligner l’extraordinaire esprit de collaboration qui règne entre toutes les universités du Manitoba – et je sais que David, Annette, Cheryl, Girvan et Gabor se réunissent régulièrement pour accroître l’efficacité de leur travail dans l’ensemble de la province.

Les étudiants reconnaissent aussi la valeur de l’apprentissage par l’expérience et profitent des occasions. Ils savent qu’une expérience dans la collectivité leur permettra de se distinguer sur le marché du travail.

Plus de la moitié des étudiants, toutes disciplines confondues, prennent part à l’apprentissage par l’expérience au cours de leurs études au premier cycle. Mais, même à ce rythme, nous ne satisfaisons pas à leur demande.

Un plus grand nombre d’employeurs doivent offrir cette possibilité.

Je vous invite à utiliser pleinement cette précieuse ressource. Offrez à vos entreprises cette extraordinaire source de connaissances, de compétences et d’énergie nouvelles et joignez-vous à nous pour demander à nos partenaires du gouvernement de soutenir cet effort, comme l’a fait la Chambre de commerce du Canada.

Mobilité

Individuellement et comme pays, nous pouvons tous bénéficier d’une vision élargie de notre région, de notre province, de notre pays et, en fait, de notre monde. Afin de posséder les compétences nécessaires pour être un bon citoyen, il faut connaître le monde dans lequel on vit.

C’est pourquoi 96 pour cent des universités canadiennes intègrent l’internationalisation dans leurs plans stratégiques.

Notre sondage auprès des entreprises a également révélé que deux employeurs canadiens sur trois croient que nous risquons d’être devancés par les pays qui affichent une croissance rapide comme la Chine, l’Inde et le Brésil, à moins que les jeunes Canadiens apprennent à réfléchir selon une perspective internationale.

Comment peuvent-ils y arriver? Pour commencer, en sautant dans un avion.

Nos universités offrent des programmes d’échange, des stages à l’étranger et diverses occasions d’apprentissage à l’étranger.

Sauf que seuls 3,1 pour cent des étudiants universitaires au premier cycle quittent le pays pour aller vivre une expérience d’apprentissage chaque année, et que la plupart d’entre eux se rendent aux États-Unis, au Royaume-Uni, en France, en Allemagne ou en Australie. Peu choisissent les économies émergentes à croissance rapide comme la Chine, l’Inde et le Brésil.

En outre, seulement 10 pour cent quittent leur province pour aller étudier ailleurs au Canada.

Pourquoi? Nous nous penchons sur les obstacles et tentons de les supprimer.

Les universités canadiennes collaborent afin de faciliter la découverte du Canada et du monde pour leurs étudiants.

Elles cherchent à faciliter le transfert des crédits. Elles travaillent avec les professeurs pour inciter les étudiants à vivre des expériences à l’étranger. Elles fournissent des incitatifs financiers sous forme de bourses d’études.

En 2012, plusieurs dirigeants d’universités et d’entreprises du Canada ont pris part à un groupe de travail sur l’éducation internationale qui a recommandé la mise sur pied d’un programme qui permettrait d’envoyer 50 000 étudiants à l’étranger chaque année. Ce programme n’existe pas encore, mais ne serait-il pas formidable qu’il voie le jour en 2017, à l’occasion du 150e anniversaire du Canada?

Le Canada a besoin qu’un nombre accru d’étudiants incluent leur passeport dans leurs fournitures scolaires. Dans un monde de plus en plus concurrentiel, notre main-d’œuvre doit pouvoir faire la différence entre 100 livres anglaises et 100 yuans, et savoir comment cela se traduit sur un bon de commande ou un registre des ventes.

Plus de 80 pour cent des PME qui embauchent des recrues dotées d’une expérience internationale et interculturelle déclarent qu’elles leur ont permis d’accroître la compétitivité de leur entreprise.

Ces expériences sont importantes pour les étudiants, pour vos entreprises et pour le Canada dans le système économique mondial actuel.

Appel à l’action

Vous avez à cœur de donner aux jeunes les compétences qu’ils auront toute leur vie.

Vous avez à cœur de trouver le talent nécessaire aujourd’hui et demain.

Vous avez à cœur la qualité de vie dans cette ville magnifique.

Vous avez à cœur de maintenir Winnipeg, le Manitoba et le Canada concurrentiels.

Je vous invite à vous joindre aux étudiants, aux professeurs et aux dirigeants des universités pour imaginer un partenariat encore plus puissant. Je vous invite à travailler étroitement avec les étudiants en embauchant un nombre accru d’étudiants stagiaires. Je vous invite à utiliser pleinement les installations de recherche parmi les meilleures au monde et à collaborer avec une nouvelle génération de professeurs qui sont impatients de travailler avec vous.

Conclusion

Ce qui est intéressant de la place publique La Fourche, ce n’est pas tant qu’elle servait de point d’arrêt, mais qu’elle était un lieu où se ravitailler et d’où repartir. Winnipeg est sur la bonne voie. Vous travaillez fort et vous faites de grands progrès.

Le temps est venu d’utiliser pleinement les ressources que vos universités ont à offrir.

Je crois que votre collectivité peut montrer au reste du Canada comment des chefs d’entreprise, une ville et ses universités peuvent unir leurs forces, tirer parti de leurs atouts considérables et réaliser leur plein potentiel.

Merci

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