Par Philip Landon, président-directeur général par intérim d’Universités Canada
Dans les prochaines semaines, des milliers d’étudiantes et d’étudiants vont affluer sur les campus partout au pays. Certaines personnes vivront seules pour la première fois, d’autres arriveront de contrées lointaines, et d’autres encore feront la navette depuis leur domicile. C’est une période exaltante, mais qui peut également se révéler anxiogène en ce contexte de pénurie de logements abordables.
Justement, les universités canadiennes proposent depuis longtemps des logements abordables à leur population étudiante. Elles ont su faire face à la demande croissante en lançant rapidement de nouveaux chantiers, en reconvertissant des infrastructures existantes et en élaborant des solutions inédites pour répondre aux besoins d’une population en évolution. De nombreuses initiatives en cours illustrent cette tendance.
Par exemple, la University of Windsor a entamé la construction d’une nouvelle résidence, fruit d’un partenariat public-privé avec une société immobilière et de développement. De son côté, la McMaster University inaugure un complexe réservé aux étudiantes et étudiants aux cycles supérieurs et à leurs familles à Hamilton, en Ontario. L’établissement prévoit également la construction d’autre bâtiment résidentiel où les populations étudiante et aînée pourront socialiser et apprendre ensemble, une initiative menée de concert avec l’Institut de recherche sur le vieillissement de l’Université. Cet automne, la University of Prince Edward Island réaménagera un site initialement utilisé pour les Jeux d’hiver du Canada en résidence étudiante. Une autre résidence, qui a vu le jour à la University of Victoria, répond aux normes LEED V4 Or et Passive House, « les plus rigoureuses en matière de durabilité et d’efficacité énergétique ». Le projet intègre également des éléments et des enseignements issus des traditions autochtones.
Mais il faut en faire plus. La crise du logement au Canada requiert une collaboration entre tous les ordres de gouvernement. Il faut que le gouvernement fédéral respecte ses engagements pour réduire l’itinérance, construire de nouvelles résidences et garantir l’accès à des logements abordables pour l’ensemble de la population canadienne. Il doit également soutenir ses partenaires communautaires, comme les universités, qui peuvent apporter les solutions dont le Canada a besoin.
Un bon point de départ pour le gouvernement fédéral consiste à élargir l’offre de logements étudiants au moyen d’un financement avantageux, à élargir les critères d’admissibilité aux programmes de logement dans le cadre de la Stratégie nationale sur le logement et à encourager une collaboration accrue en matière de projets de logements abordables.
Une piste à explorer : l’octroi de prêts à des conditions et à des taux d’intérêt préférentiels pour des projets immobiliers ciblés. À cet égard, pensons à l’initiative Financement de la construction de logements locatifs de la Stratégie nationale sur le logement, qui se distingue en favorisant la construction de projets locatifs durables grâce à des prêts à coût réduit.
Cependant, les résidences pour personnes âgées et les logements étudiants ne sont pas admissibles. Face au vieillissement démographique et à un afflux grandissant dans les établissements postsecondaires, il faut stimuler la construction de logements adaptés aux besoins évolutifs du Canada. Un fonds de prêts à faible coût réservé aux universités contribuerait à élargir l’offre de logements étudiants et à alléger la pression sur les collectivités environnantes.
Pour atteindre son objectif de 160 000 nouveaux logements abordables d’ici 2028, le Canada doit investir dans des projets et des idées qui accéléreront ses progrès en la matière. Bien que les initiatives de la Société canadienne d’hypothèques et de logement comme le Fonds pour accélérer la construction de logements et l’Initiative pour la création rapide de logements portent leurs fruits, la route est encore longue. Le pays doit en faire davantage pour exploiter judicieusement les ressources uniques des universités et d’autres partenaires communautaires. Les universités, grâce à leur accès facilité aux terrains et à des processus d’approbation simplifiés, sont des alliées de choix pour une mise en œuvre rapide des projets gouvernementaux.
Aux yeux du monde entier, le Canada est une terre de possibilités, d’inclusion et de liberté. Notre système éducatif de renom attire des cerveaux de tous les pays. Il est donc impératif que nos ambitieux objectifs d’immigration soient soutenus par un plan de logement qui se montre à la hauteur.
L’enseignement supérieur est un levier de développement pour les collectivités et l’économie canadiennes. En cette période de crise du logement, il est temps que les universités fassent partie de la solution.