01 avril 2016
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Lettre d’opinion parue dans le Telegraph Journal le 1 avril 2016.

Par Robert Campbell, recteur, Mount Allison University

Chaque année au printemps, des groupes d’étudiants enthousiastes du secondaire visitent le campus de la Mount Allison University durant la semaine de relâche en mars. Ils prennent le pouls de l’endroit, s’imaginent dans nos laboratoires et nos salles de classe et rêvent d’un avenir prometteur. Bien qu’ils se sentent parfois nerveux et incertains, nous savons qu’ils possèdent un incroyable potentiel qu’une formation universitaire peut libérer.

J’aime cette vision. Toutefois, je pense aussi avec regret aux jeunes qui n’ont pas la chance de visiter le campus et qui ne peuvent rêver de transformer leur vie grâce à une formation universitaire. Comment les universités et les gouvernements peuvent-ils permettre à un nombre accru d’étudiants du Nouveau-Brunswick de rêver d’une telle éducation?

Au début de l’année, le premier ministre Justin Trudeau s’envolait vers le prestigieux Forum économique mondial après une journée de réflexion du Cabinet au Nouveau-Brunswick. C’est à Davos, en Suisse, qu’il a donc planifié le premier budget de son gouvernement. Il a déclaré fermement qu’il voulait que les Canadiens soient reconnus pour leur esprit d’initiative. Je crois que cette réflexion lui venait de sa visite au Nouveau-Brunswick.

Le budget initial du premier ministre prévoit trois mesures importantes et corrélatives qui visent à permettre aux jeunes de réaliser leurs rêves et à encourager l’esprit d’initiative qui fera le succès du Nouveau-Brunswick et du Canada. Dans le cadre du budget, le gouvernement augmente l’aide financière aux étudiants de niveau postsecondaire, prend des mesures importantes pour combler l’écart entre le niveau de scolarité des Autochtones et celui des non‑Autochtones et lance des mesures pour augmenter le nombre d’occasions d’apprentissage coopératif et par l’expérience.

Premièrement, le gouvernement hausse de 50 pour cent les bourses aux étudiants canadiens. Ces ressources iront directement aux étudiants qui entrent à l’université. Cette mesure abaissera les barrières financières et facilitera l’accès des jeunes à une expérience universitaire, ce qui permettra de libérer leur potentiel. Elle s’inscrit dans un ensemble de mesures de soutien qui visent les étudiants qui en ont le plus besoin.

Deuxièmement, le gouvernement jette les bases d’un meilleur accès des jeunes Autochtones à l’université. Moins de 10 pour cent des Autochtones de 24 à 64 ans possèdent un diplôme universitaire, soit le tiers de la population canadienne non autochtone du même âge. Le gouvernement procédera à des investissements importants de 2,6 milliards de dollars sur cinq ans dans l’éducation primaire et secondaire sur les réserves. Il s’agit d’une mesure fondamentale pour réduire l’écart en matière d’éducation et garantir qu’un nombre accru d’étudiants autochtones aient les compétences, les bases et la motivation nécessaires pour accéder aux études postsecondaires.

La prochaine étape consistera à investir directement dans l’enseignement supérieur. Les universités collaborent avec les gouvernements et les intervenants pour faire avancer la question de l’accès et de la réussite des étudiants autochtones. La Mount Allison University a récemment conclu sa deuxième conférence autochtone de l’année visant à sensibiliser et à informer la population quant aux façons de rendre l’enseignement postsecondaire plus efficace pour les étudiants autochtones. Nous avons désigné l’année 2016-2017 comme celle du savoir autochtone sur notre campus, et nous envisageons d’intensifier considérablement nos efforts sur ce plan.

Troisièmement, le budget comporte une mesure pour renforcer l’esprit d’initiative et pour développer le talent des jeunes. Il affecte 73 millions de dollars à une initiative de partenariats entre l’industrie et les établissements d’éducation postsecondaire en matière de stages coopératifs. Ces fonds sont consacrés à l’enseignement coopératif et aux occasions d’apprentissage par la pratique. Plus de la moitié de nos étudiants au premier cycle bénéficient maintenant de telles occasions – et ils en réclament davantage. Les employeurs aussi. Quatre employeurs sur cinq disent que les étudiants des programmes coopératifs et les stagiaires sont un atout pour leur organisation. Plus des deux tiers disent qu’ils seraient plus enclins à embaucher un étudiant si le gouvernement offrait son aide.

Cette initiative de partenariats et de stages coopératifs est axée sur la science, la technologie, le génie et les mathématiques. C’est un bon début. Toutefois, nous négligeons les sciences humaines, et ce, à nos risques et périls. La société a besoin de diplômés qui comprennent les gens, les cultures et la manière dont la société et l’économie peuvent coopérer et prospérer. Les employeurs ont besoin de diplômés qui possèdent des compétences en résolution de problèmes, en planification, en communications et en collaboration, des compétences fondamentales qui permettront aux diplômés de prospérer dans l’économie en constante évolution du XXIe siècle. Or, elles ne peuvent être développées que par l’acquisition de connaissances dans le domaine des arts libéraux et de leurs applications concrètes.

Dans son premier budget, le premier ministre investit dans le capital humain. Ce budget est particulièrement favorable au Nouveau-Brunswick, une province confrontée à de grands défis sur les plans économique et démographique. L’innovation, la technologie et l’entrepreneuriat sont tous importants, mais ils dépendent du capital humain.

C’est pourquoi il est important que le budget fédéral favorise l’accès de tous les jeunes du Nouveau-Brunswick à une expérience universitaire de grande qualité. Un plus grand nombre de jeunes méritent d’avoir les compétences et les connaissances nécessaires pour s’épanouir. De plus, nous avons besoin d’un nombre accru de diplômés de grande qualité pour favoriser la croissance du Nouveau-Brunswick et le faire prospérer dans le système économique moderne.