Gillian Siddall, rectrice et vice-chancelière de la Emily Carr University of Art + Design, revient sur son parcours de dirigeante et offre des conseils aux futures générations de femmes.
Quels sont les avantages d’avoir des femmes en gestion?
La diversité de perspectives est cruciale dans les postes de direction, et la présence des femmes en fait partie. Dans un monde idéal, elles devraient occuper au moins 50 % de ces postes. Les jeunes femmes doivent être exposées à des exemples de leadership au féminin pour voir qu’un tel parcours est possible. Les dirigeantes sont essentielles à la mise en place de stratégies visant à démanteler les injustices vécues par les femmes, que ce soit ici ou ailleurs dans le monde.
Dans le milieu universitaire, les femmes demeurent sous-représentées dans les postes de direction, alors qu’on dénote un maigre 30 pour cent de rectrices. Même s’il s’agit d’une avancée, la plupart des rectrices sont à la tête d’établissements de plus petite envergure : on ne compte actuellement que deux rectrices parmi les universités du regroupement U15. De toute évidence, il reste beaucoup de chemin à parcourir pour arriver à une représentation plus paritaire et améliorer la représentation des personnes autochtones, noires et de couleur au sein des postes de gestion.
Quel est l’obstacle le plus important qui s’oppose au leadership des femmes?
On a publié plusieurs études sur la sous-représentation des femmes dans les universités canadiennes. Il y a davantage de femmes que d’hommes qui obtiennent un baccalauréat, et les femmes comptent pour la moitié du corps professoral. Pourtant, même si les choses s’améliorent tranquillement, les femmes demeurent sous-représentées dans les postes d’enseignement à temps plein. C’est donc dire que, malgré qu’il soit plus aisé qu’avant pour les femmes qualifiées d’accéder à des postes de gestion, les rectrices doivent encore surmonter de nombreux obstacles. On doit aussi améliorer les recherches de candidates pour ces postes, afin que les femmes, les personnes queers et les personnes autochtones, noires et de couleur soient davantage considérées et appuyées. Dans la même lignée, les conseils d’administration des universités doivent activement privilégier ce type de candidatures.
Comment équilibrer carrière, vie personnelle et passe-temps? Est-ce même possible?
Il est essentiel d’accorder du temps à sa vie personnelle, même si ce n’est pas chose facile. Passer du temps avec sa famille et ses amis est primordial, tout comme s’adonner à des activités qui nous permettent de décrocher du travail. Essayez d’inclure un peu d’exercice dans vos journées, ainsi que des choses qui vous rendent heureuses, comme faire de la musique, cuisiner ou lire un livre. Si vous avez dû déménager pour le travail, participez à des activités qui vous permettent de faire des rencontres et de nouer de nouvelles amitiés à l’extérieur de l’université.
Quel conseil donneriez-vous à la prochaine génération de dirigeantes?
Je dirais ceci : vous allez accomplir de grandes choses. Soyez conscientes que nous vivons encore dans un monde qui banalise le traitement différent réservé aux femmes, et gardez les yeux ouverts pour déceler les inégalités tout en les combattant et en essayant de changer les choses. Portez attention à la composition de votre équipe de travail et embauchez de façon à augmenter le nombre de femmes, de personnes autochtones, noires et de couleur, de personnes queers et de personnes vivant avec un handicap. L’influence que vous pourriez ainsi avoir sur la culture de votre établissement et l’élimination des obstacles systémiques est énorme.