Cet article d’opinion a paru dans The Ottawa Citizen le 27 mars 2017
par Meric Gertler, recteur, University of Toronto
Le gouvernement fédéral a décidé d’affecter des fonds à la création de 25 chaires de recherche Canada 150 destinées aux meilleurs universitaires et chercheurs étrangers. Cela montre la détermination du Canada à recruter le talent partout dans le monde, à l’heure où bon nombre de pays se replient sur eux-mêmes.
À ceux qui douteraient de l’utilité d’affecter de trop rares fonds publics (117,6 millions de dollars sur huit ans) au recrutement d’universitaires étrangers, je rétorquerais que la qualité de la recherche canadienne, source de prospérité, dépend essentiellement de l’ouverture du pays aux idées du monde entier.
Mes collègues de la University of Toronto reçoivent actuellement des demandes de renseignements de la part d’étrangers qui envisagent de s’installer au Canada. Une telle occasion de façonner nos universités, et notre nation, ne se présente qu’une fois par génération. De plus en plus de gens du monde entier se tournent vers le Canada pour y trouver refuge et sécurité, comme le montre la récente vague de réfugiés. Mais notre pays est aussi de plus en plus perçu par les étrangers hautement qualifiés comme une destination de prédilection pour étudier, faire carrière et s’établir. Ces gens de talent sont potentiellement porteurs de progrès dans des domaines clés allant de l’intelligence artificielle à la génomique en passant par les sciences humaines.
En saisissant l’occasion d’attirer chez nous les universitaires étrangers les plus brillants, nous permettrons au Canada d’affirmer son statut de chef de file dans les domaines où ses propres chercheurs font déjà un travail exceptionnel. Nous préparerons ainsi le terrain pour les générations à venir, qui auront la chance de côtoyer des universitaires mondialement réputés dans le cadre de cours, de séminaires ou en laboratoire. L’arrivée massive de talent engendrera un cercle vertueux, attirant encore plus d’universitaires et d’étudiants doués provenant de partout dans le monde, et enrichira notre pays à l’instar de l’arrivée d’universitaires étrangers qui a contribué à la création de grands pôles de recherche pérennes à San Francisco et à Boston, par exemple.
Les universités canadiennes ont les moyens de tirer parti de ce contexte. Elles jouissent en effet d’une excellente réputation fondée sur la qualité de la recherche effectuée par les professeurs et sur les réalisations des diplômés. Le nouveau financement annoncé dans le budget fédéral (comme l’affectation de 125 millions de dollars à la recherche sur l’intelligence artificielle ou les investissements au profit des grappes d’innovation) aidera les universités canadiennes à progresser dans les domaines qui constituent déjà des points forts.
Cette nouvelle initiative fédérale permettra également aux universités canadiennes d’être plus attractives, et vient s’ajouter aux nouvelles règles d’immigration qui simplifient les formalités pour les étudiants étrangers désireux de continuer à vivre et à travailler au Canada une fois diplômés.
Les nouvelles sommes consacrées l’an dernier par le gouvernement fédéral au financement inconditionnel de la recherche axée sur la découverte – qui annonçait clairement la fin de la « guerre contre la science » – et au financement de l’amélioration dont a grand besoin l’infrastructure de recherche sur les campus, ouvrent aussi la voie à de futures percées. Ces investissements permettront aux universités canadiennes d’être encore plus attrayantes.
Le rapport à venir du groupe d’experts chargé de l’examen du financement fédéral de la recherche fondamentale, présidé par David Naylor, jettera les bases qui permettront au gouvernement de s’appuyer sur le financement accru de la recherche consenti l’an dernier. Au moment où le Canada est bien perçu sur la scène internationale, il est essentiel que ses universités puissent recruter et retenir le talent du monde entier.
Il faut que les universités canadiennes disposent de tous les outils possibles pour recruter les meilleurs professeurs d’ici et d’ailleurs, pour attirer les meilleurs étudiants, et la création des 25 chaires de recherche Canada 150 y contribue grandement. Pour réussir, nos chercheurs doivent toutefois avoir aussi accès aux fonds nécessaires pour poursuivre librement leurs travaux de recherche et collaborer avec leurs collègues du monde entier. On ne saurait surestimer l’importance de l’ouverture en matière d’activité savante de calibre mondial.
L’accessibilité et l’ouverture renforcent la diversité, accélérant ainsi la génération d’idées nouvelles qui favorisent les découvertes et l’adoption de politiques publiques novatrices dont nous avons besoin pour résoudre les problèmes sociaux prioritaires de notre temps.
Si nous savons saisir l’occasion, les générations futures ne pourront qu’en bénéficier.
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