Cet article d’opinion a paru dans le magazine Options politiques le 17 octobre 2017
par Rhonda L. Lenton, rectrice de l’Université York
Le Canada retrouvera sa place au sein de l’élite mondiale de la recherche fondamentale s’il suit le plan proposé dans le rapport Naylor.
À l’automne, l’énergie sur le campus est magique. Cette année, je la perçois d’un œil neuf, puisque j’accomplis mon premier mandat de rectrice à l’Université York. En tant que dirigeants universitaires, nous devons offrir à nos étudiants les possibilités d’apprentissage et le soutien nécessaires pour qu’ils réalisent leur immense potentiel. Au XXIe siècle, une formation de haute qualité s’acquiert auprès de chercheurs expérimentés provenant de partout au pays et du monde entier.
À l’Université York comme dans les autres universités canadiennes, d’éminents spécialistes s’efforcent de résoudre les plus grands enjeux auxquels fait face l’humanité, d’améliorer la qualité de vie ici et ailleurs, et de former la prochaine génération de chercheurs et d’innovateurs. Toutefois, l’écosystème de recherche fédéral qui soutient leur travail a besoin de renouveau.
Certains signes montrent que nous avançons dans la bonne direction. Il est encourageant de constater que le gouvernement souhaite faire du Canada un chef de file mondial de la recherche et de l’innovation, qu’il tente d’attirer les plus grands talents et qu’il accorde la priorité à la diversité et à l’inclusion.
Sous la direction de David Naylor, le Comité consultatif sur l’examen du soutien fédéral à la science a fait un excellent travail en nous proposant un plan rigoureux pour y parvenir. Le rapport du Comité publié en avril 2017 en contient des recommandations pour améliorer l’écosystème de façon à favoriser l’innovation, le changement et la prospérité au Canada. Si nous faisons ce qu’il faut, le Canada retrouvera sa place de leader en matière de découverte, et ce faisant, les travaux de recherche de qualité exceptionnelle réalisés ici stimuleront la prospérité et la création d’emplois dans l’ensemble du pays.
J’ai été heureuse d’entendre la ministre des Sciences, Kirsty Duncan, s’engager cet été à créer un conseil de coordination pour les organismes subventionnaires fédéraux, à mettre sur pied un conseil consultatif des sciences et de l’innovation et à apporter d’autres changements à la gouvernance. Logiquement, la prochaine étape serait d’annoncer un engagement tout aussi important en matière de financement.
Parmi les 35 recommandations du Comité consultatif, trois requièrent une attention immédiate dans le prochain budget.
Le Comité recommande des augmentations soutenues de l’aide directe à la recherche axée sur la découverte versée par les organismes subventionnaires fédéraux. Ce type de recherche pose les questions « Pourquoi? » et « Comment? », imagine l’inimaginable, permet des percées et engendre l’innovation.
Le Comité recommande aussi qu’un fonds de soutien soit consacré à la collaboration internationale en matière de recherche afin d’aider les chercheurs canadiens à établir des liens, à diffuser le savoir, à partager des laboratoires et à consulter des réseaux pour trouver des solutions aux plus grands problèmes mondiaux. Les enjeux comme les changements climatiques, l’accueil des réfugiés, la sécurité alimentaire et la maladie n’ont pas de frontières. Les solutions ne doivent pas en avoir non plus. En ces temps où des portes se ferment partout dans le monde, les universités canadiennes sont ouvertes aux idées des plus grands penseurs, quels que soient leur origine, leur religion et leur sexe. Le monde s’attend à ce que le Canada donne l’exemple en misant sur la recherche inclusive qui améliore la santé, privilégie la paix et la compréhension, favorise les énergies vertes et renforce les collectivités. Il est temps de passer à l’action.
La troisième recommandation importante concerne le soutien de l’infrastructure de recherche par l’entremise de la Fondation canadienne pour l’innovation, et vise à ce que nos chercheurs disposent d’outils et de technologies de pointe, ainsi que des meilleures installations pour concrétiser leurs idées.
La valeur de la recherche dans toutes les disciplines est aussi mise en évidence dans le rapport. Les défis que pose l’instabilité mondiale actuelle nous rappellent l’importance de l’excellence en recherche dans le domaine des sciences humaines. À l’Université York, par exemple, la recherche sur les expériences vécues en matière de soins de santé, la justice civile, la responsabilité sociale des entreprises et les inégalités de revenu – en plus des enjeux transfrontaliers comme la sécurité mondiale, les droits de la personne et les réfugiés – améliorent grandement la vie des gens.
Les parlementaires doivent savoir que la population canadienne accorde son appui à la recherche fondamentale. Un récent sondage d’Abacus Data révèle que 84 pour cent des Canadiens croient que la recherche universitaire revêt une importance capitale pour l’avenir du pays. De plus, 89 pour cent conviennent qu’investir dans la recherche fondamentale constitue le meilleur moyen de faire du Canada un chef de file de l’innovation.
Nous avons toutes les raisons du monde d’être fiers des universités canadiennes et de la recherche qui s’y fait. Toutefois, si nous voulons être des chefs de file mondiaux, il est temps d’appliquer les recommandations financières du rapport sur l’examen du soutien fédéral aux sciences. Le temps est venu pour le Canada de briller sur la scène mondiale – ne ratons pas cette occasion.
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