Pandémie : les chercheurs canadiens, piliers de la reprise et porteurs d’un avenir prospère et inclusif

03 décembre 2020
Student working in a lab with mask and gloves

Cet article d’opinion a été publié dans le journal Maclean’s le 3 décembre, 2020.

Article d’opinion coécrit par le très honorable David Johnston, 28e gouverneur général du Canada, et Paul Davidson, président d’Universités Canada

En temps de crise, chaque pays dresse l’inventaire de ses forces. Alors que la pandémie de COVID-19 mine notre bien-être physique, mental et économique, nous sommes nombreux à nous demander comment tirer parti de nos aptitudes et compétences pour surmonter la situation. Fort heureusement, le Canada possède de nombreux atouts. Et pour répondre à la pandémie et créer les conditions propices à la reprise, nous disposons même d’une carte maîtresse dans notre jeu : celle de la recherche et de l’innovation.

Les preuves de notre talent dans ce domaine ne manquent pas; les grands prix internationaux décernés chaque année à nos meilleurs scientifiques en sont une. Ces récompenses et les histoires qui les accompagnent témoignent de la position privilégiée qu’occupe notre pays sur la scène internationale en matière de recherche et d’innovation. Et à cet égard, l’année 2020 a de quoi impressionner.

En effet, le Canada est grand gagnant cette année avec, par exemple, le prix Nobel 2020 de physiologie ou médecine remporté par Michael Houghton de la University of Alberta et ses collègues. Le Nobel lui sera décerné le 10 décembre prochain depuis Stockholm – un moment de grande fierté pour tous les Canadiens. Ce prix des plus prestigieux rend hommage au rôle de M. Houghton dans la découverte de l’hépatite C, qui est à l’origine de 400 000 décès chaque année dans le monde. Ses travaux ont contribué à éliminer le virus des réserves de sang mondiales il y a près de 30 ans.

Chelsea Rochman, de la University of Toronto, est une autre lauréate dont le parcours attire l’attention. Elle a obtenu la célèbre bourse de recherche Sloan pour ses travaux sur les microplastiques dans les systèmes aquatiques. Grâce à la bourse, elle pourra étudier plus en profondeur leur impact sur les écosystèmes et leur relation avec d’autres facteurs de stress, comme le changement climatique. Elle effectuera une partie de ses travaux de recherche dans les réserves d’eau douce de la région des lacs expérimentaux, située au nord de l’Ontario, où elle pourra observer les répercussions qu’ont ces substances sur l’ensemble de l’écosystème.

Gilles Brassard, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en informatique quantique de l’Université de Montréal, est aussi un exemple du succès retentissant de la recherche canadienne. Il a obtenu le prestigieux prix « Frontiers of Knowledge » de la Fondation BBVA, dans la catégorie des sciences fondamentales, qui vient saluer sa contribution exceptionnelle dans les domaines de l’informatique et de la communication quantiques. Au cours des années 1980, M. Brassard a été l’un des trois inventeurs de la cryptographie quantique qui permet de mieux protéger les échanges de données.

Et ce ne sont que 3 des 23 lauréats canadiens de prestigieux prix de recherche international cette année!

Des recherches de cette envergure permettent non seulement de faire progresser la science à l’échelle mondiale, mais elles améliorent aussi notre qualité de vie et contribuent à stimuler la croissance économique de notre pays. C’est un élément crucial pour émerger de la pandémie. Nos meilleurs chercheurs, grâce aux découvertes qu’ils font, aux équipes qu’ils forment et aux retombées qu’ils génèrent, aideront le Canada à sortir encore plus fort de la crise actuelle et à asseoir sa position de leader en matière de recherche et d’innovation sur la scène mondiale.

L’excellence canadienne en recherche favorise aussi la diversité et l’inclusion, deux principes essentiels pour révéler le plein potentiel de notre pays dans les années à venir. Les chercheurs en sciences humaines nous aident par exemple à comprendre les causes profondes des inégalités et les solutions à privilégier afin de bâtir un avenir où l’équité et l’inclusion seront la norme. Et la diversité qui est intégrée au milieu de la recherche est aussi un gage des meilleures retombées possible des fonds publics.

La collaboration scientifique confère un avantage concurrentiel au Canada qui parvient très bien à établir des collaborations nationales et internationales fructueuses pour maximiser les résultats des travaux de recherche et d’innovation. Le réseau canadien de génomique COVID-19 (RCanGéCO) en est un bel exemple. Il s’agit d’un réseau pancanadien coordonné sur plusieurs fronts pour le séquençage à grande échelle des hôtes humains et le suivi du virus. Le RCanGéCO réunit des autorités de santé publique, des partenaires en soins de santé, le milieu universitaire, l’industrie, les hôpitaux, les instituts de recherche et les centres de séquençage afin d’orienter les décisions sanitaires pendant la pandémie.

La capacité d’adaptation rapide aux crises est une autre clé du succès de la recherche canadienne, un plan sur lequel nous avons progressé ces dernières années, comme en témoigne la promptitude de notre réaction face à la pandémie. En effet, le gouvernement a très tôt compris que la recherche ferait partie intégrante de la solution, que ce soit par la mise au point d’un vaccin ou de tests. Le 11 mars dernier, le premier ministre a annoncé qu’il débloquait 275 millions de dollars pour la recherche sur la COVID-19 et l’instauration de mesures médicales préventives dans le cadre d’un ensemble de mesures d’un milliard de dollars destinées à venir en aide aux Canadiens. Les investissements qui ont suivi ont permis à la fois d’accélérer les découvertes et de soutenir les activités de recherche alors que les défis à relever n’avaient jamais été aussi colossaux pour le milieu scientifique.

Les fonds sont parvenus rapidement aux équipes concernées et ont soutenu le financement de centaines d’initiatives. Outre les travaux essentiels sur les vaccins et les traitements, les projets concernent aujourd’hui une multitude d’autres domaines. À la Simon Fraser University, on travaille par exemple sur des dispositifs de filtration de l’air pour lutter contre le virus. À la Dalhousie University, ce sont entre autres les innovations dans la chaîne d’approvisionnement des soins de santé qui attirent l’attention.

Les chercheurs contribuent également à orienter les politiques publiques et à informer les Canadiens en étudiant la pandémie sous l’angle des sciences humaines. Ils s’intéressent entre autres aux diverses répercussions de la COVID-19 sur l’économie, les villes, le milieu du travail, l’éducation, le marché de l’emploi et les médias sociaux.

Alors que nous traversons cette période difficile, nous ne devons pas perdre de vue l’inestimable valeur de la recherche pour l’édification d’un Canada meilleur. Nous incitons donc les chercheurs et les innovateurs à faire entendre leur histoire. Leurs travaux et leurs réussites doivent être connus de tous.

Nous devons mieux rendre hommage aux modèles inspirants du milieu de la recherche et de l’innovation afin de développer la curiosité des jeunes. La nouvelle génération doit connaître la valeur de carrières axées sur la recherche et la découverte. Dans nos universités, l’apprentissage enrichi par la recherche y contribue déjà, tout en préparant les étudiants à des carrières gratifiantes dans un monde du travail en constante évolution.

D’autres crises surviendront. Et c’est cette nouvelle génération qui nous guidera afin que nous puissions les surmonter.

Les chercheurs admirables d’aujourd’hui sont de glorieux exemples pour la jeunesse et lui ouvrent la voie à suivre.

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