Les étudiants et les chercheurs canadiens sont essentiels au rapprochement avec la Chine

17 avril 2018
Headshot of Stewart Beck, president and CEO, Asia Pacific Foundation of Canada.

Cet article d’opinion a paru dans le magazine Options politiques le 17 avril 2018

par Stewart Beck, président et chef de la direction, Fondation Asie-Pacifique du Canada

L’influence économique et politique croissante de la Chine continue de faire les manchettes, et le Canada est bien au fait de la situation. Il est donc temps de renouveler notre discours et de commencer à miser sur notre longue tradition de coopération qui remonte à 1942, lors de la première visite d’un ambassadeur du Canada en Chine à l’ère précommuniste. Et c’est par l’entremise de l’éducation postsecondaire et de la recherche que nous parviendrons à renforcer nos liens.

La classe moyenne chinoise, nombreuse et en expansion, ne se compose pas que de consommateurs, mais de gens qui souhaitent, pour eux-mêmes et leurs enfants, devenir des citoyens du monde. Par exemple, le secteur chinois des technologies propres est un des marchés qui connaît la croissance la plus rapide au monde. Ainsi, les liens sino-canadiens en éducation et en recherche ont une valeur inestimable et offrent de grandes possibilités.

En 2017, la Chine a consacré 126 milliards de dollars américains à des initiatives d’énergie renouvelable et elle a pris des engagements audacieux en matière de changement climatique. Le Canada est une pépinière d’innovation dans le secteur des technologies propres et dispose d’une expertise très pointue dans le secteur de l’énergie, ce qui en fait un partenaire idéal pour la Chine qui bâtit son écosystème de recherche et développement (R-D). Les avantages d’un tel partenariat circuleront dans les deux sens : les solutions que nous contribuerons à trouver grâce à la collaboration universitaire et à la R-D serviront aussi au Canada, et les revenus de la commercialisation seront réinjectés dans notre économie. Parallèlement, la Chine poursuivra son objectif de faire la transition d’une économie industrielle à une économie créative du savoir et de l’innovation.

La classe moyenne chinoise en plein essor et la demande en produits et services ouvrent des possibilités pour les entreprises canadiennes, particulièrement les microentreprises et les PME, dont la majeure partie de la croissance des exportations au cours des prochaines années sera principalement attribuable à la région Asie-Pacifique, et à la Chine en particulier.

Or, le Canada doit en faire encore davantage pour profiter des possibilités qui s’offrent avec la Chine et pour préparer la main-d’œuvre de la prochaine génération à faire des affaires partout dans le monde, particulièrement en Asie, et plus spécifiquement en Chine.

Voilà où l’éducation postsecondaire internationale a un rôle à jouer.

Nous accusons un retard par rapport à nos homologues — y compris par rapport aux États-Unis — dans ce qu’on appelle les « compétences sur l’Asie ». Nous aurions intérêt à mieux connaître les cultures asiatiques, les pratiques commerciales et les traditions. Nous devons approfondir notre compréhension des économies, des sociétés et des systèmes politiques d’Asie. Et notre main-d’œuvre doit compter un plus grand nombre de personnes qui parlent des langues asiatiques.

Les étudiants chinois qui viennent au Canada acquièrent pour leur part d’importantes « compétences sur le Canada », et ceux qui retournent en Chine les rapportent avec eux. Cette perte pour le Canada et ce gain pour la Chine accentuent encore davantage le déséquilibre.

Le faible taux d’étudiants canadiens qui vont en Chine est en partie responsable du retard que nous accusons. En effet, seuls trois pour cent des Canadiens font des études à l’étranger, et seule une fraction de ceux-ci les font en Asie.

Ainsi, pour équilibrer nos relations avec la Chine sur le plan de l’éducation et préparer nos étudiants à un avenir internationalisé, nous devons encourager les jeunes Canadiens à aller étudier à l’étranger.

On peut y parvenir en offrant du soutien financier et en améliorant les possibilités de parcours, en offrant des séjours d’études et de recherche plus courts et plus souples. Nous devons aussi accroître les investissements du gouvernement fédéral consacrés à la collaboration internationale en matière de recherche pour tirer parti de notre réputation internationale de précieux partenaire de recherche.

Il est maintenant temps d’agir, et ce, pour trois raisons.

Premièrement, le programme bien défini d’innovation du Canada appelle à l’action. Les investissements majeurs dans la recherche fondamentale annoncés dans le dernier budget fédéral pour stimuler l’innovation constituent un pas important dans la bonne direction. Cet appui viendra aussi renforcer la collaboration internationale essentielle en matière de recherche.

Ensuite, la Chine est à la recherche de partenaires et nous pouvons décider de la manière de resserrer nos liens actuels avec ce pays.

Enfin, avec la montée du protectionnisme ailleurs dans le monde, l’attitude ouverte du Canada à l’égard du monde est un bien précieux.

La Chine est sans équivoque une superpuissance mondiale. Un partenariat avec la Chine qui mise sur nos relations en matière d’éducation et qui, idéalement, est officialisé par des accords commerciaux officiels procurera des avantages considérables au Canada.

Pour profiter au maximum de l’occasion qui s’offre à nous, nous devons activement tenter de concrétiser les collaborations internationales en matière de R-D. Nous devons donner la chance à un plus grand nombre d’étudiants d’aller à l’étranger afin que la main-d’œuvre des prochaines générations soit bien préparée, efficace et internationalisée.

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