L’article d’opinion ci-joint a été publié aujourd’hui dans le quotidien The Gazette, et sur les sites web des quotidiens Vancouver Sun, The Province, The Leader Post, Edmonton Journal, Star Phoenix, Calgary Herald, Ottawa Citizen, Windsor Star et sur le site Canada.com.
par Paul Davidson, président-directeur général, Universités Canada
Des jeunes de partout au Canada se dirigeront bientôt vers l’université pour le semestre d’automne. Certains d’entre nous les envieront sans doute, nous rappelant nos propres études et la rentrée de septembre. L’expérience de ces nouvelles cohortes sera cependant très différente de la nôtre. En effet, plus que tous leurs prédécesseurs, ces étudiants apprendront par la pratique.
Aujourd’hui, plus de la moitié des étudiants inscrits au premier cycle dans toutes les disciplines participeront à un programme d’enseignement coopératif, à un stage ou à une expérience d’apprentissage par le service au cours de leurs études. Et cette proportion ne cesse d’augmenter.
Pour les étudiants, les avantages de l’apprentissage par l’expérience sont indéniables. Ils acquièrent de l’expérience de travail et créent des réseaux qui les aideront à obtenir leur premier emploi; ils apprennent à transférer leurs connaissances et leurs compétences nouvelles au milieu du travail et se préparent à faire le saut dès l’obtention de leur diplôme. Mais qu’en est-il des avantages pour les employeurs?
En termes simples, les étudiants sont avantageux sur le plan financier, et le Canada ne peut se permettre de se priver d’une telle valeur ajoutée.
Les employeurs avisés tirent parti de l’énergie, des connaissances et des compétences des étudiants universitaires qui apportent des idées nouvelles dans l’entreprise. Les étudiants talentueux peuvent ouvrir de nouveaux marchés, découvrir des gains d’efficacité potentiels dans la chaîne de production et réfléchir de façon novatrice aux activités commerciales.
Les employeurs accèdent ainsi à une mine de compétences et de connaissances nouvelles. L’occasion permet aussi aux employeurs et aux étudiants de mettre leur relation à l’essai. Malheureusement, les petites et moyennes entreprises sont encore trop peu nombreuses à accueillir des stagiaires et des étudiants des programmes coopératifs; une faille considérable dans l’économie canadienne. Trop souvent, les observateurs désespèrent devant un marché du travail de plus en plus complexe et concurrentiel, tout en négligeant le talent qu’offrent nos universités et collèges.
Les étudiants voient l’utilité de ces programmes. Futés, ils veulent un avantage sur le marché du travail. Le nombre d’étudiants inscrits à un programme coopératif a bondi de 25 pour cent au cours des dernières années, passant de 53 000 en 2007 à plus de 65 000 en 2013. Cinquante-neuf universités offrent désormais plus de 1 000 programmes coopératifs à leurs étudiants. Malgré tout, l’offre ne parvient pas à répondre à la demande, les employeurs n’étant pas assez nombreux à participer.
Il faut que le secteur privé tire parti du potentiel largement inexploité des étudiants universitaires, du premier au troisième cycle, pour renforcer les entreprises canadiennes et améliorer la position concurrentielle du pays.
Les entreprises qui ont déjà saisi cette occasion s’en félicitent. Quatre employeurs sur cinq qui accueillent des stagiaires et des étudiants de programmes coopératifs affirment que ces derniers représentent un atout pour leur entreprise, en tant que nouveaux talents et futurs employés dotés des compétences qu’exige le marché du travail. Les deux tiers précisent que ces étudiants apportent de nouvelles idées à leur entreprise et sont efficaces au travail.
La valeur des programmes coopératifs et des stages devient évidente dans le processus d’embauche. Les études démontrent en effet que les diplômés des universités ayant participé à un programme coopératif sont embauchés plus rapidement et ont un revenu à l’embauche de 30 à 40 pour cent supérieur aux autres diplômés.
Ces statistiques ne brossent cependant qu’une partie du tableau. Reconnaissant la portée des témoignages des étudiants, Universités Canada a récemment mis en ligne une nouvelle ressource, www.luniversitecamarche.ca. On y découvre l’histoire d’un étudiant en relations publiques qui raconte avoir participé à des remue-méninges avec des dirigeants du cabinet de marketing où il faisait son stage, et celle d’un étudiant en informatique qui explique comment son stage en conception de logiciels lui donnera une longueur d’avance dans sa recherche d’emploi. Le site présente également le point de vue d’employeurs qui disent à quel point les étudiants dynamisent leurs équipes et font profiter leur entreprise des plus récentes découvertes et compétences techniques.
Les stages des étudiants offrent également aux universités une rétroaction précieuse des employeurs sur le rendement des étudiants.
Le milieu universitaire salue toutes les nouvelles initiatives visant à renforcer la collaboration avec le secteur privé pour former une main-d’œuvre prête pour l’avenir. La Chambre de commerce du Canada a fait de l’augmentation de l’offre de programmes coopératifs et de stages l’une des priorités de sa plateforme électorale intitulée Pour un Canada gagnant.Autre fait encourageant : le Conseil canadien des chefs d’entreprise a créé une table ronde sur l’enseignement supérieur et les entreprises où les dirigeants du secteur privé, des universités, des collèges et des écoles polytechniques pourront mettre en commun de l’information et établir des objectifs afin de collaborer à la prospérité future du Canada. Ce type de collaboration est prometteur.
Le gouvernement fédéral a également un rôle à jouer. Un récent sondage d’Universités Canada auprès des employeurs révèle que le fait d’accorder des incitatifs financiers permettrait aux partenaires du secteur privé, en particulier les petites et moyennes entreprises, d’accueillir davantage de stagiaires et d’étudiants des programmes coopératifs et de leur offrir des expériences de qualité.
Le Canada peut sans aucun doute devenir un chef de file mondial en matière d’apprentissage par l’expérience, mais il reste beaucoup de chemin à parcourir. Plus de dirigeants d’entreprise doivent trouver leur place dans l’équation et constater qu’ils peuvent ainsi accroître leur productivité et élargir leurs marchés. Le milieu de l’enseignement supérieur, le secteur privé et le gouvernement doivent s’engager sérieusement dans un dialogue et un plan d’action à long terme pour faire le pont entre les étudiants, notre économie et nos milieux de travail en évolution.
En y parvenant, nous offrirons des avantages à court comme à long terme à nos entreprises et fournirons au Canada la main-d’œuvre productive et innovatrice dont il a besoin pour se démarquer sur la scène internationale. Les étudiants qui se préparent à la rentrée universitaire en septembre veulent faire profiter les employeurs de leurs nouvelles connaissances, de leur énergie et de leurs compétences. Le secteur privé, les universités et le gouvernement doivent maintenant collaborer pour leur ouvrir les portes du marché du travail.