Préserver l’avantage concurrentiel du Canada : il faut pondérer la politique sur les étudiantes et étudiants étrangers

01 octobre 2024
Gabriel Miller

Par Gabriel Miller, président-directeur général, Universités Canada

Cette lettre d’opinion a paru dans The Hill Times le 25 septembre 2024.

Le Canada a longtemps été une destination de choix chez les brillants esprits cherchant à poursuivre leurs études et leur formation. Les universités canadiennes proposent un enseignement de grande qualité, des activités de recherche de calibre mondial ainsi qu’un environnement chaleureux. Pour leur part, les étudiantes et étudiants étrangers contribuent à l’économie et à la qualité de vie du pays. 

Et voilà que dans la dernière année, les décisions improvisées par le gouvernement fédéral pour réduire le nombre de permis d’études se sont mises à peser sur ce pan crucial de l’économie canadienne. Les étudiantes et étudiants de l’étranger enrichissent les salles de classe et contribuent à financer le système d’éducation canadien. Or, les nouvelles politiques nuit à la capacité d’attirer les talents nécessaires pour l’avenir, alourdissant le déficit des universités et minant la capacité du pays à livrer concurrence.

La volonté du gouvernement fédéral de mieux gérer le nombre de permis d’études accordés afin de concilier différents impératifs économiques et sociaux, comme l’accès au logement et la capacité du système d’immigration, est certes justifiable. Toutefois, ce jeu d’équilibre n’a pas à se faire au détriment des talents étrangers dont le pays a besoin.

Entre autres, les étudiantes et étudiants de l’étranger bonifient les activités de recherche et d’innovation. Les universités jouent un rôle crucial pour permettre à la population étudiante et aux chercheuses et chercheurs d’acquérir les compétences indispensables pour faire avancer de grands dossiers comme l’agriculture et l’intelligence artificielle (IA). Au-delà de son effet positif pour l’économie canadienne, le travail fait dans les universités du pays change la donne partout dans le monde.

Au Manitoba, par exemple, les travaux de Mark Belmonte sur la moisissure blanche, dévastatrice pour les cultures de canola, permettent de protéger un produit canadien exporté partout dans le monde. Au Québec, l’équipe de Monia Rekik à l’Université Laval développe avec l’IA des algorithmes qui permettraient à 300 000 Canadiennes et Canadiens vivant avec le diabète de type 1 de profiter d’une nouvelle liberté et de vivre une existence en toute sécurité.

Au-delà des retombées immédiates, les laboratoires de recherche des universités canadiennes ont ceci de crucial qu’ils participent à la formation de la prochaine génération de talents novateurs, renouvelant la main-d’œuvre hautement qualifiée nécessaire à l’existence d’emplois bien rémunérés et à l’accroissement des investissements à la hauteur des principes canadiens et de la qualité de vie attendue. 

On constate déjà que l’intérêt n’est plus le même chez les étudiantes et étudiants étrangers. Différents facteurs poussent les recrues potentielles à tourner leur regard vers d’autres pays, notamment l’allongement des délais pour obtenir un permis d’études, l’augmentation des seuils financiers, le coût de la vie dans les grandes villes et le discours véhiculant clairement un accueil tiède à leur égard. 

Ces changements couplés à l’incertitude ambiante nuisent aux établissements et à la réputation du pays. Le système d’éducation international a besoin de temps pour évaluer les effets à long terme et s’adapter aux nouvelles politiques. 

S’il ne corrige pas le tir, le gouvernement doit s’affairer à restaurer la réputation bien méritée du Canada en tant que pôle d’attraction des esprits les plus brillants du monde. Il faut mettre fin à l’incertitude et protéger les universités de tout nouveau changement qui nuirait au recrutement international.

La concurrence est féroce : le Canada ne peut se permettre de se laisser distancer. Il ne peut se permettre de faire une croix sur les talents d’ailleurs ni de perdre du terrain en recherche de pointe et en attraction des investissements. 

Il a fallu au Canada des décennies pour se forger une réputation de destination de choix pour les études, la formation et les débouchés. Il serait malheureux de tout gâcher en misant sur des politiques malavisées adoptées au gré des humeurs. Les universités du Canada sont prêtes à collaborer avec le gouvernement fédéral. 

Espérons qu’il commencera à leur prêter oreille. 

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