La version anglaise de ce texte d’opinion a été publié sur le site Web du Globe and Mail le 13 février 2014.
Par David T. Barnard, président du conseil d’administration d’Universités Canada, et recteur et vice-chancelier, University of Manitoba
Dans l’environnement mondial hautement concurrentiel de la recherche et de l’innovation, le Canada vient de prendre l’engagement exceptionnel « d’occuper le podium ».
Le fonds Apogée Canada annoncé dans le budget de 2014, jumelé aux plus importants budgets consentis depuis une décennie aux organismes subventionnaires de recherche du Canada, représente un investissement catalyseur. Par son engagement de consacrer 1,5 milliard de dollars sur dix ans pour la création d’un fonds d’excellence en recherche, le budget fédéral reconnaît concrètement qu’une économie canadienne dynamique, novatrice et concurrentielle doit pouvoir s’appuyer sur un système de recherche de calibre mondial.
Comme nous le constatons avec nos athlètes olympiques, les compétences, la ténacité et la volonté ne suffisent pas toujours. Ces attributs doivent être accompagnés d’un financement stable pour l’entrainement, les installations, le personnel et l’équipement adéquat.
Les universités canadiennes possèdent ce qu’il faut pour être dans la course. Elles ont même une longueur d’avance; leurs réalisations passées témoignent de leur avantage. L’engagement du gouvernement fédéral à l’égard de la recherche et de l’innovation a donné lieu à la création de toute une série de programmes (subventions de recherche, bourses d’études et chaires de recherche). Le Canada a protégé ces investissements pendant la période de ralentissement économique, et cette attitude, qui a été déterminante pour la réussite des universités canadiennes, a aussi eu des retombées importantes et directes sur la prospérité et la qualité de vie des Canadiens. Elle a en outre permis aux universités d’éviter l’exode des cerveaux et d’attirer les meilleurs professeurs, étudiants et boursiers postdoctoraux.
Malgré tout, notre avantage sur la scène mondiale était ténu. C’est pourquoi cet ambitieux fonds d’excellence en recherche, jumelé à un engagement à accroître le financement de la recherche fondamentale axée sur la découverte est si significatif. D’autres pays font aussi beaucoup pour gagner une longueur d’avance; le Canada se heurte à une vive concurrence internationale. En effet, de plus en plus de pays investissent dans la recherche et l’innovation, se dotent d’une main-d’œuvre plus compétente et créatrice que par le passé et se font une place dans de nouveaux secteurs dynamiques axés sur le savoir. Bref, ils sont de féroces concurrents et tentent de nous dépasser.
Le fonds Apogée Canada est un investissement exceptionnel pour le progrès du Canada. Nous avons le potentiel d’être chef de file. Ce nouveau programme permettra à la fois aux universités canadiennes de livrer concurrence sur la scène internationale, et de collaborer avec les plus grands chercheurs du monde, car les découvertes proviennent de plus en plus des réseaux mondiaux de découverte et de créativité.
Le nouveau financement signale aussi l’intention du Canada de livrer concurrence aux pays qui financent le mieux l’excellence en recherche et d’attirer les plus grands innovateurs dans ses universités. Cette stratégie reconnaît que l’excellence en recherche s’effectue dans les universités de toutes les tailles et de toutes les régions du Canada; les avantages seront partagés par les collectivités, les étudiants et les professeurs de partout au pays.
Les universités canadiennes concluent chaque année des contrats de recherche totalisant près de un milliard de dollars avec le secteur privé et des contrats de recherche totalisant plus de un milliard de dollars avec des groupes communautaires et à but non lucratif, principalement dans le domaine de la santé. Nous bénéficions tous des résultats de la recherche, qu’il s’agisse d’une nouvelle procédure pour le remplacement d’articulations, de moyens plus précis de tester la qualité de l’eau ou d’une interprétation plus claire de notre histoire. C’est donc pour nous tous un moment charnière.
Nous sommes prêts. La moitié du corps professoral dans les universités canadiennes est entré en fonction au cours de la dernière décennie. Avec leurs collègues chevronnés, ils contribuent déjà largement et sont prêts à faire encore davantage. Le nombre d’étudiants aux cycles supérieurs a aussi connu une croissance de près de 90 pour cent depuis 2000. Eux aussi sont prêts.
Le Discours du Trône présenté à l’automne dernier nous invitait à saisir l’occasion, à nous démarquer, à miser sur notre ingéniosité et nos richesses naturelles. Il appelait les Canadiens à oser et à assurer la prospérité des Canadiens d’aujourd’hui et de demain. C’est ce que nous ferons avec ce financement.
David T. Barnard est recteur et vice-chancelier de la University of Manitoba et président du conseil d’administration de l’AUCC.