Il est temps pour le Canada d’apprendre ses leçons en matière de recherche universitaire

21 septembre 2022
Student working in an engineering lab

Article d’opinion paru dans le Hill Times le 21 septembre 2022

par Paul Davidson, président-directeur général, Universités Canada

Après presque deux ans et demi de pandémie, la population accorde plus d’attention que jamais à la science et à la recherche. Il n’y a jamais eu autant d’experts de salon sur les virus et les vaccins.

Si, collectivement, nous avons appris la différence entre les vaccins à vecteur viral et ceux à ARN messager, très peu de Canadiens savent que le « développement rapide » des vaccins à ARNm contre la COVID-19 est le fruit de nombreuses années de recherche exploratoire axée sur la découverte – comme les travaux du chercheur canadien Pieter Cullis de la University of British Columbia.

La recherche universitaire financée par le gouvernement est essentielle pour assurer notre santé et notre prospérité. Soutenir la recherche, même lorsque sa commercialisation n’est pas garantie, permet à notre population et à nos idées de s’épanouir. Le rendement du capital investi sous forme de financement gouvernemental pour la recherche fondamentale se mesure par la capacité du pays à attirer, former et retenir les meilleurs talents, qui deviennent un moteur de l’économie canadienne grâce à leurs innovations.

La recherche dans son ensemble donne naissance aux emplois de demain et aux innovations nécessaires pour relever les défis les plus pressants du monde, comme les changements climatiques et le développement durable. La recherche en sciences humaines procure à la société les outils dont elle a besoin pour relever les défis auxquels sont confrontées nos collectivités, dont les inégalités, la réticence à la vaccination et les problèmes de santé mentale. Or, les investissements au profit des arts et des sciences humaines contribuent à la compréhension et à la cohésion sociale. Au sortir de la pandémie, investir dans la recherche universitaire n’est plus seulement un impératif scientifique, mais également économique et social.

À défaut d’investir de manière proactive dans la construction d’écosystèmes de recherche concurrentiels à l’échelle mondiale, un autre exode des cerveaux risque de se produire.

De nombreux pays du G20 réinvestissent massivement dans leurs écosystèmes de recherche. Les États-Unis ont récemment adopté une loi qui prévoit un investissement de 280 milliards de dollars américains dans la recherche et l’innovation. En comparaison, au Canada, la part globale des activités économiques de recherche-développement (R-D) n’a cessé de diminuer depuis dix ans et est bien inférieure à la moyenne de 2,4 pour cent affichée par les pays membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques. Les pays en tête du classement mondial en innovation investissent plus de trois pour cent de leur produit intérieur brut en R-D chaque année, ce qui n’est pas le cas du Canada.

Or, les investisseurs se tournent vers les pays qui allient une main-d’œuvre qualifiée à une grande capacité de recherche et d’innovation. Le Canada ne peut pas se permettre d’accuser du retard.

Il est temps que le pays réinvestisse dans les gens et les idées, et les universités représentent un maillon essentiel de cette chaîne d’approvisionnement.

Nous avons d’importantes leçons à tirer, et les décideurs canadiens auraient tort de les négliger. Outre les impératifs scientifique, social et économique visant l’investissement dans la recherche universitaire, il existe également un solide impératif politique.

Au début de 2022, un sondage de Nanos rapportait une baisse de confiance des Canadiens envers leurs établissements en général, mais les universités (et les collèges) se classaient toujours au premier rang en raison de leurs contributions majeures à la prospérité du pays. En outre, d’après un sondage d’opinion mené par Abacus Data au début de la pandémie, 93 pour cent des Canadiens sont d’accord ou fortement d’accord pour dire que, de la médecine à la technologie en passant par l’harmonie sociale et l’environnement, des universités fortes sont essentielles à la santé, à la sécurité et à la prospérité du pays. On parle bien de 93 pour cent de la population.

Les Canadiens ont compris à quel point le travail des universités est important. Dans un contexte où les clivages se multiplient, voilà une rare question sur laquelle presque tous les Canadiens s’entendent.

Il est temps que les dirigeants du Canada tirent la même leçon et agissent en conséquence.

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