Il faut redoubler d’efforts pour combler le fossé en matière d’éducation au Canada

27 janvier 2014
Headshot of David Barnard, University of Manitoba

Ce texte d’opinion a été publié dans le Hill Times le 27 janvier 2014.

Par David T. Barnard, président du conseil d’administration d’Universités Canada, et recteur et vice-chancelier, University of Manitoba

Alors que nous cherchons à bâtir l’avenir dans le meilleur intérêt de tous les peuples du Canada, nous devons nous poser la question suivante : exploitons-nous notre plein potentiel en tant que pays?

Jusqu’à ce que nous nous efforcions collectivement d’établir avec les Premières Nations, les Métis et les Inuits une nouvelle relation où chacun d’entre nous pourra jouir pleinement de la chance dont nous bénéficions comme Canadiens, la réponse à cette question demeurera « non ».

À titre de dirigeants des universités et collèges du Canada, les recteurs occupent un rôle essentiel dans cet effort collectif, qui vise à créer des liens et à jeter les fondements d’une nouvelle relation plus harmonieuse. L’éducation a le pouvoir d’enrichir les collectivités et les cultures, tout en transformant la vie des gens qui les composent.

La population autochtone du Canada est jeune et croît rapidement. En dépit d’obstacles et de défis importants, de nombreux jeunes Autochtones font déjà leur marque en tant que dirigeants, entrepreneurs, scientifiques, professionnels et chercheurs. Notre défi consiste à nous assurer que tous les étudiants des Premières Nations, métis et inuits puissent réussir leurs études et atteindre leurs objectifs. Ces jeunes sont en mesure d’exercer une influence positive énorme dans leur collectivité, dans leur province et dans l’ensemble du pays.

Pour aller de l’avant, il faut reconnaître les blessures qui marquent notre histoire commune. Nous n’avons toujours pas mesuré pleinement l’impact des pensionnats indiens, reliquat de notre passé colonial. Ce détournement de l’éducation à des fins d’assimilation forcée a instillé chez de nombreux Autochtones une profonde méfiance du système d’éducation actuel. Les pensionnats indiens ont détruit des familles et ravagé des collectivités, sans compter qu’ils ont été expressément créés pour anéantir les langues et les cultures autochtones.

Il nous faut donc instaurer un climat de confiance, à petite et à grande échelle, pour rendre nos universités et collèges accueillants et veiller à ce que le temps et les efforts investis par les étudiants et leurs familles se traduisent en un succès qui opérera un changement positif dans leur vie.

Les Canadiens doivent investir plus massivement dans l’éducation préscolaire et primaire, particulièrement dans les collectivités des Premières Nations, où les ressources par élève sont beaucoup plus modestes que partout ailleurs au pays. En rehaussant la qualité de l’éducation préscolaire, primaire et secondaire, nous préparerons mieux les jeunes à poursuivre des études collégiales et universitaires, ce qui entraînera une hausse des taux de participation et, en fin de compte, d’obtention de diplômes.

Nous devons également établir des partenariats avec les collectivités autochtones et accorder une valeur accrue aux connaissances et aux enseignements traditionnels. Nous savons qu’en entrant en contact avec les collectivités urbaines des Premières Nations, des Métis et des Inuits, les universitaires élargissent leurs perspectives, ce qui donne lieu à la collaboration et à l’apprentissage réciproque. Les étudiants autochtones possèdent des dons remarquables qu’il faut reconnaître et prendre en compte dans tous les programmes d’études et de recherche, car ils renforcent et enrichissent nos universités et collèges.

Nous devons exploiter notre capacité d’innovation et créer des programmes qui tiennent compte des défis propres à certains de ces étudiants afin de les aider à surmonter les obstacles à leur réussite. Il faut entre autres s’attaquer aux problèmes comme le manque de logements et de services de garde adéquats et abordables, qui influent sur la réussite scolaire au même titre que tous les autres volets de l’expérience étudiante.

De nos jours, les universités et les collèges de tout le pays s’efforcent d’offrir des programmes et des services adaptés aux étudiants autochtones, en plus de chercher à intégrer les modes d’apprentissage et les façons d’être des Autochtones aux structures des établissements.

Il demeure cependant que les liens établis et le bilan des établissements postsecondaires en ce qui a trait aux services aux étudiants des Premières Nations, métis et inuits sont loin d’être suffisants. C’est pourquoi l’amélioration de l’éducation des Autochtones partout au pays doit représenter pour nous un important objectif stratégique.

Les étudiants des Premières Nations, métis et inuits ont contribué à transformer nombre d’établissements d’enseignement supérieur et continuent de nous pousser à faire des changements qui améliorent nos méthodes éducationnelle, culturelle, sociale et organisationnelle.

Dans les années 1970, quelques étudiants déterminés, dont l’ancien chef de l’Assemblée des Premières Nations, Ovide Mercredi, ont convaincu les administrateurs et les professeurs de la University of Manitoba de prendre des mesures pour qu’ils se sentent bien accueillis sur le campus.

Ces efforts ont mené à la création de la première association d’étudiants autochtones du pays et ont ouvert la voie à l’implantation du programme d’études autochtones de l’Université.

M. Mercredi s’est récemment vu décerner le Distinguished Alumni Award 2013 de la University of Manitoba, qui souligne cette réalisation et ses nombreuses autres contributions à l’avancée du pays. Lors du dîner donné en son honneur, M. Mercredi nous a lancé un défi à tous : celui de créer une classe moyenne prospère au sein des Autochtones du Canada.

C’est un défi que nous devrions tous avoir à cœur de relever, car il est noble, sert notre intérêt commun et nous permettra de bâtir un Canada plus équitable et prospère.

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David T. Barnard est recteur et vice-chancelier de la University of Manitoba et président du conseil d’administration de l’Association des universités et collèges du Canada (AUCC).

 

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