Il est temps de considérer les infrastructures universitaires comme un levier pour construire la nation

Par : Gabriel Miller, président-directeur général, Universités Canada
Cet article a été publié dans le Hill Times le 14 juillet 2025.
Investir dans les universités, c’est faire des investissements judicieux et rentables qui créeront des emplois, profiteront aux contribuables et renforceront la compétitivité du Canada.
Le Canada aborde enfin la question urgente du logement et des infrastructures, mais s’il veut de véritables solutions, il devra recourir à l’un de ses outils de construction nationale les plus puissants et négligés : les universités.
Le ministre des Ressources naturelles, Tim Hodgson, a récemment appelé à un effort de guerre pour remettre à neuf les infrastructures vieillissantes du Canada, une déclaration audacieuse tout à fait à la hauteur des besoins du moment.
Mais la réalité est que sans la pleine participation des universités canadiennes, cet effort n’a aucune chance de réussir. Leurs terrains, leur capacité de recherche, leur talent et leur innovation sont essentiels à la réalisation de ce projet.
Bien plus que des salles de classe, les campus du pays sont des espaces communautaires où les étudiantes et étudiants vivent, où les gens se rassemblent et où les idées se concrétisent. Les universités ne soutiennent pas seulement les personnes qui y étudient, mais aussi les familles, les personnes âgées, les travailleuses et travailleurs et les petites entreprises en offrant des services tels que la garde d’enfants ou encore des cliniques de santé, des bibliothèques, des salles de sport, des piscines et des théâtres qui sont utilisés chaque jour par les membres de la collectivité.
Les universités contribuent au maintien d’infrastructures essentielles telles que les systèmes d’aqueduc, les routes, les ponts et les réseaux de transport. L’utilisation quotidienne par la population étudiante et le personnel universitaire des transports en commun, comme les autobus et les trains légers, assurent la viabilité du système pour toute la collectivité.
Et pourtant, les universités sont régulièrement exclues des programmes fédéraux destinés à soutenir les infrastructures communautaires.
C’est une occasion ratée. Les infrastructures universitaires sont des infrastructures communautaires. Investir dans les universités, c’est soutenir à la fois les économies locales, la main-d’œuvre et des services essentiels qui soutiennent les personnes de tous âges.
L’exemple le plus éloquent est celui du logement étudiant.
Les universités canadiennes logent actuellement plus de 135 000 étudiantes et étudiants, contribuant ainsi à alléger la pression sur les marchés locatifs locaux. Cela est d’autant plus vrai dans les régions moins peuplées où les taux d’inoccupation sont bas et les coûts, élevés. Dans de nombreuses collectivités, élargir l’offre de logements étudiants est l’une des façons les plus rapides et efficaces d’accroître l’accès à des logements abordables pour tout le monde.
Les logements étudiants sont des logements pour toute la population canadienne. Pourtant, la plupart des universités demeurent inadmissibles aux programmes fédéraux d’infrastructure. Les limites d’emprunt, les obstacles réglementaires et les contraintes de financement empêchent la réalisation des projets, même ceux qui sont prêts à être lancés.
L’engagement récent du gouvernement fédéral de deux milliards de dollars pour la construction de logements pour les étudiantes et étudiants et les personnes âgées est un signe encourageant.
Toutefois, si le soutien se limite aux prêts, de nombreuses universités ne pourront en bénéficier. Ce qu’il faut à présent pour passer de la parole aux actes, c’est une stratégie axée sur le logement étudiant qui prévoit des subventions pour des projets ciblés, des processus d’approbation simplifiés et du soutien pour les partenariats avec le secteur privé. Il faut également dépasser la question du logement et se pencher sur l’état général des infrastructures universitaires.
La situation est grave. Des années de sous-financement, l’augmentation du coût de la vie et l’inflation ont créé un déficit d’entretien national de plus de 17 milliards de dollars. À l’heure actuelle, un projet d’infrastructure sur trois est jugé critique ou sur le point de le devenir. Cela comprend des améliorations essentielles aux systèmes de chauffage, à l’accessibilité et aux laboratoires de recherche pour que ces derniers puissent suivre l’évolution de l’intelligence artificielle, de l’énergie propre et des innovations médicales.
Et malgré leur contribution économique considérable, la plupart des universités demeurent exclues des programmes d’infrastructure fédéraux.
Chaque année, les universités soutiennent plus de 400 000 emplois et contribuent à l’économie canadienne à hauteur de plus de 45 milliards de dollars par les salaires, l’approvisionnement local et les projets d’infrastructure. Leurs travaux de recherche génèrent des innovations tangibles dans des secteurs comme l’agriculture, l’aérospatiale, les soins de santé et la résilience climatique.
On sait ce qui fonctionne. Le Programme d’infrastructure du savoir, lancé par un gouvernement fédéral précédent, a démontré que les investissements dans les infrastructures postsecondaires offrent une valeur durable en créant de l’emploi, en réduisant les arriérés de travaux de maintenance et en renforçant la capacité de recherche du Canada. En permettant aux provinces de définir les priorités, il a fait en sorte que le financement répond aux besoins locaux et profite réellement aux campus et aux régions environnantes.
Il est temps de moderniser le programme pour cibler les défis d’aujourd’hui, tels que le logement étudiant et les infrastructures durables, capables de générer des retombées durables pour le pays.
Il ne s’agit pas d’accorder un traitement privilégié aux universités, mais de reconnaître leur importance grandissante dans la résolution des enjeux nationaux.
Voici trois étapes précises que le gouvernement fédéral peut mettre en œuvre immédiatement :
Ces mesures ne sont pas un luxe; ce sont des investissements judicieux et rentables qui bâtiront la nation, créeront des emplois, profiteront aux contribuables et renforceront la compétitivité du Canada.
Si le gouvernement souhaite réellement répondre à la crise des infrastructures du Canada comme il le ferait en temps de guerre, il doit mobiliser tous les atouts à sa disposition.
Les universités sont prêtes à faire leur part. Il est temps de les traiter comme des partenaires à part entière pour bâtir l’avenir du pays.
Au cœur de la réussite du pays se trouve une promesse faite aux Canadiennes et aux Canadiens, selon laquelle chaque personne peut améliorer son sort en y consacrant des efforts et en contribuant à sa collectivité. Maintenant plus que jamais, le nouveau gouvernement du Canada doit diriger avec intention et urgence. Et cela commence par des investissements audacieux dans la recherche et les talents d’ici. Pour en savoir plus visitez pouvoirdesuniversites.ca