Alors que la pandémie de COVID-19 se transforme graduellement en une endémie, les universités sont mises au défi comme jamais auparavant. Avec la propagation des technologies d’enseignement en ligne, elles perdent l’avantage qu’elles ont toujours représenté pour leurs collectivités locales : fini les étudiants qui choisissent leur université par simple souci de proximité. La hausse des microcertifications et des formations axées sur des compétences offre l’occasion à ces établissements de revoir et de diversifier leur offre d’apprentissage continu.
En somme, les universités sont forcées de s’adapter aux conséquences de la pandémie. Les programmes universitaires doivent changer pour refléter un monde où le développement durable, sous plusieurs formes, est une priorité. Il faut investir dans l’accessibilité et l’améliorer à l’aide d’outils numériques et de techniques d’enseignement de qualité. Il faut aussi repenser les espaces physiques dans un monde qui se numérise et fonctionne à distance, mais dont le futur repose sur une connaissance géographique des collectivités et des écosystèmes. Le retour des universités à un mode d’apprentissage intégralement en personne est peu probable, et en tant qu’employeurs, elles devront se montrer flexibles avec un personnel qui n’est plus systématiquement sur les lieux.
Toutes ces perturbations contraignent les universités à reconsidérer leur modèle. Elles ne sont plus perçues comme seulement des biens publics, et les investisseurs exigent qu’elles soient financièrement viables par la génération de revenus et une plus grande autosuffisance.
La solution à ces problèmes passe par le développement durable : il faut maintenir les systèmes clés et leurs bénéfices sur le long terme. Les universités détiennent des moyens uniques de contribuer au développement durable et à l’atteinte des objectifs de l’ONU en la matière, particulièrement grâce aux arts et aux sciences, où les sciences humaines, sociales et naturelles, notamment la biologie, jouent un rôle central.
Le Luther College, un établissement fédéré par la University of Regina, accorde une importance particulière au développement durable. Cette vision se décline d’ailleurs dans bien des contextes : en matière de leadership et de gouvernance, de fonctionnement opérationnel et sur le plan de l’enseignement, des bourses d’études, ainsi que des activités de recherche.
Leadership et gouvernance : Le Luther College prône le leadership et la gouvernance axés sur le développement durable à petite échelle en regroupant les opérations du Collège et de l’Université en départements uniques (p. ex. finances et ressources humaines). Ces économies d’échelle peuvent, à leur tour, engendrer des innovations.
Fonctionnement opérationnel : L’expression « développement durable » évoque souvent une approche visant à agir à parts égales sur la santé de l’environnement et le bien-être de l’humain. Ce concept englobe, par exemple, les programmes de recyclage, les bâtiments écoénergétiques et la réduction des déchets. Il signifie aussi de faire du neuf avec du vieux, comme l’a fait le Luther College en rénovant sa résidence universitaire qui datait des années 1970. Aujourd’hui, les universités ont l’occasion de concentrer leurs efforts à une échelle bien plus grande : l’énergie solaire et éolienne de même que la récupération d’eau sur les campus, l’approvisionnement en produits locaux pour les services alimentaires, ou encore le partage d’équipements pour les initiatives de production locale.
Enseignement, bourses d’études et activités de recherche : Les étudiants doivent être exposés aux avantages du développement durable par le biais de leur formation, de possibilités d’apprentissage pratiques et du programme de bourses de mobilité d’éducation au développement durable. Pour y parvenir, le College Luther intègre les objectifs de développement durable (ODD) de l’ONU dans plusieurs facettes de sa mission.
En 2018, l’Association internationale des universités a invité des établissements de partout dans le monde à faire progresser certains des ODD. À cette occasion, on a confié au Luther College et à la University of Regina la mission de trouver au moins une autre université sur chaque continent avec qui collaborer à l’atteinte de l’ODD 12 : Consommation et production durables. Des universités de Malaisie, du Kenya, d’Allemagne, de Colombie et du Pérou se sont jointes au Collège pour échanger sur les pratiques exemplaires et collaborer sur des initiatives. Cette aventure dure maintenant depuis quatre ans.
Peu importe à quoi ressemblera la sortie de la pandémie pour le milieu universitaire, elle devra être ancrée dans le développement durable. En tant que collège, nous imaginons un moyen d’unir nos forces grâce à un éventail d’approches pérennes. Ainsi, nous serons capables de (re)bâtir des collectivités et de former des diplômés qui joueront un rôle clé dans le rétablissement et la reconstruction du monde qui nous entoure, un processus plus essentiel que jamais.
Publié par
Marc Jerry
Recteur de Luther College
Roger A. Petry
Professeur de philosophie et Coordinateur du RCE Saskatchewan