Des retombées environnementales grâce à des investissements dans l’infrastructure universitaire

15 mars 2021
Headshot of Paul Davidson, president, Universities Canada

Cet article d’opinion a été publié dans le journal The Hill Times le 15 mars 2021.

par Paul Davidson, président-directeur général d’Universités Canada

Une année d’éloignement social a permis à beaucoup d’entre nous de constater ce qu’il faut améliorer chez soi : un robinet qui fuit et gaspille de l’eau, une fenêtre non étanche qui laisse sortir la chaleur, ou encore une chaudière qui gronde la nuit. Imaginons maintenant cette situation à grande échelle : un campus qui abrite des milliers d’étudiants, de professeurs et de chercheurs.

Veiller à ce que l’enseignement supérieur se poursuive en pleine pandémie a exigé énormément de travail. Le passage au numérique de l’enseignement en salle de classe et en laboratoire a ouvert la voie à un apprentissage à distance de qualité et permettra de diversifier les possibilités de perfectionnement et de recyclage professionnels. Bien que les universités aient rempli leur mission, la pandémie de COVID-19 a mis en lumière de nombreuses lacunes du système et a fait ressortir clairement les besoins en matière d’infrastructure auxquels il faut répondre dès maintenant en prévision du retour des cours en personne.

Le moment est venu de bien faire les choses et de reconstruire en tenant compte de l’environnement tout en améliorant l’accessibilité et l’infrastructure numérique.

La vétusté des bâtiments construits pendant les périodes de croissance rapide des années 1960 et 1970, la réduction des budgets de

fonctionnement dans plusieurs provinces et l’augmentation des coûts de construction contribuent à l’urgence d’agir. Les administrateurs ont consacré leurs budgets limités à l’excellence de l’enseignement supérieur qu’exige notre économie. Au cours des derniers mois, les priorités se sont tournées à juste titre vers la lutte contre la pandémie, ce qui a contribué à reléguer à l’arrière-plan le soutien pour l’infrastructure universitaire. Nous ne pouvons plus négliger le bruit métaphorique au sous-sol, comme nous ne pouvons pas non plus ignorer les maux de la planète et l’impératif de faire mieux et plus qu’auparavant en réponse aux changements climatiques.

Les universités ont besoin que le gouvernement fédéral appuie les projets d’infrastructure verte afin de réduire l’empreinte carbone des campus au Canada.

Par exemple, la bibliothèque de la University of Winnipeg, vieille de 50 ans, a besoin de rénovations. Les fenêtres, le toit et les chaudières seront modernisés pour améliorer l’efficacité énergétique du bâtiment. Le projet permettra de réduire la consommation énergétique et les émissions de carbone de 50 pour cent et de diminuer considérablement l’empreinte carbone de l’Université.

La Saint Mary’s University, à Halifax, doit remplacer sa chaudière à vapeur vieillissante. Une conversion réduira les émissions de gaz à effet de serre de la Saint Mary’s de plus de 580 tonnes par année, ce qui équivaut à retirer 125 voitures de la circulation. Elle entraînera aussi d’autres réductions des émissions de carbone.

La McMaster University à Hamilton attend la revitalisation de son bâtiment des sciences de la vie. Une réfection résoudrait les fuites dans les cloisons et les toitures, ainsi que les ponts thermiques, et permettrait de rendre ce bâtiment vieillissant conforme aux normes actuelles.

De tels projets requièrent des fonds.

La valeur des projets prêts à être mis en chantier sur les campus canadiens est estimée à sept milliards de dollars, dont la moitié serait destinée à l’infrastructure verte et à l’efficacité énergétique.

Leur consentir du financement génèrera des retombées qui dépassent largement les frontières des campus. En 2016, un programme fédéral d’infrastructure pour l’enseignement postsecondaire a permis de créer plus de 37 000 emplois au Canada. À titre d’exemple, la modernisation de bâtiments de la University of Calgary a permis une économie en services publics de 1,1 million de dollars par an. Un programme similaire mis en place en 2009 a permis de réduire les émissions de carbone de 175 791 tonnes par an dans tout le Canada, soit l’équivalent des émissions de plus de 34 000 véhicules.

Des installations adéquates et de qualité permettent d’attirer et de retenir les meilleurs professeurs, chercheurs et étudiants du monde entier. En ajoutant des installations de recherche de pointe, nous attirons le plus grand talent, ce qui accélère la croissance économique, pallie les pénuries de main-d’œuvre et stimule la recherche pour trouver des solutions aux problèmes qui importent aux Canadiens.

Tout en veillant à ce que l’entretien structurel tienne compte de notre responsabilité envers la planète, les universités profiteront également de l’occasion pour améliorer l’accessibilité des bâtiments. Résoudre les problèmes physiques dans les universités est un rappel de la nécessité d’améliorer l’accessibilité sur les campus. Les entrées, les portes, les toilettes et les équipements doivent être adaptés à tous les apprenants. Un soutien numérique accru pourrait également être offert afin que l’accès à l’apprentissage en ligne et en classe soit équitable pour les étudiants souffrant de handicaps visuels ou auditifs ou d’autres incapacités.

La voie est tracée. La Carleton University, par exemple, est la première université canadienne à avoir adopté le programme de certification en matière d’accessibilité de la Fondation Rick Hansen. L’Université ira au-delà du code du bâtiment et examinera son campus et ses programmes afin d’éliminer le plus grand nombre d’obstacles. D’autres universités examinent leurs propres normes et engagements à cet égard.

Mais les universités font face à leur propre obstacle pour mener à bien leurs travaux : le manque de financement.

Les universités demandent au gouvernement fédéral de réinvestir jusqu’à sept milliards de dollars dans le Fonds d’investissement stratégique pour les établissements postsecondaires.

Nous nous réjouissons de l’investissement récent d’un demi-milliard de dollars du gouvernement du Canada, qui donne suite à une annonce faite en 2018, pour financer les laboratoires et l’équipement de recherche. Du soutien dans des infrastructures qui génèreront des retombées environnementales est un investissement qui en vaut la peine.

Qu’il s’agisse de réagir rapidement à une crise sanitaire, de préparer les diplômés à une économie en transformation ou d’établir des partenariats de recherche à l’étranger, les investissements publics dans les universités ont toujours été bénéfiques. Avec un soutien adéquat pour améliorer l’infrastructure, les universités pourront générer des retombées économiques et environnementales tangibles dans chaque région du Canada. Elles sont prêtes à le faire.

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