Des actions urgentes en faveur des universités publiques sont essentielles pour assurer la stabilité et la croissance économiques du Canada

20 mars 2024
Student biking through campus

Innovation, Sciences et Développement économique Canada a récemment déclaré que « [l]es chercheurs et les établissements de recherche du Canada […] jouent un rôle essentiel dans la mise au point de solutions aux grands défis mondiaux [et] contribuent à créer un avenir meilleur pour la population du Canada et du monde entier ».

Les universités sont toutefois confrontées à une succession de défis de taille, qu’il s’agisse du financement insuffisant de la recherche, de la pénurie de logements ou du nouveau plafond du nombre d’étudiantes et étudiants étrangers.

En soi, chacune de ces situations est alarmante, mais leur convergence a provoqué une situation critique pour les établissements d’enseignement supérieur publics. Les universités sont une partie intégrante de l’avenir, et les gouvernements fédéral et provinciaux doivent agir sans tarder de manière concertée pour éviter de mettre en péril l’avenir de l’économie du savoir du pays.

Le Canada subit un exode persistant des talents en recherche, comme le confirme une étude ayant démontré que 25 % des diplômées et diplômés dans les domaines des sciences, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques choisissent de faire carrière à l’étranger. Si le pays veut réellement stimuler l’innovation, les universités publiques doivent jouer un rôle de premier plan dans la proposition de solutions aux entreprises canadiennes en matière de technologies de pointe.

Par exemple, un projet de recherche conjoint entre l’Université du Québec à Montréal, l’Université McGill et l’Installation européenne de rayonnement synchrotron, en France, financé par le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie (CRSNG), étudie ce qui se produit lors d’un cycle de recharge ou de décharge des batteries aux ions de lithium. Le but du projet est de concevoir une batterie ayant un temps de recharge minimal, et ainsi révolutionner le secteur des transports axés sur les énergies renouvelables.

Il s’agit là d’un exemple éloquent parmi tant d’autres illustrant que l’écosystème de recherche universitaire au Canada est une plaque tournante qui génère les idées novatrices et offre les emplois dont le pays a besoin pour demeurer dans la course. S’il veut maintenir sa compétitivité et son autonomie dans ces sphères, le Canada doit accorder un financement renouvelé et prévisible aux établissements.

Rien de tout cela ne peut se concrétiser si le pays n’est pas en mesure d’attirer les meilleurs talents en recherche. Comme le savent les chercheuses et chercheurs, les universitaires et les scientifiques, la recherche est un processus de longue haleine, et toute interruption du financement entraîne des reculs, dont les répercussions se feront sentir pendant des décennies. Il est alarmant de constater que les meilleurs talents du Canada sont déjà convoités par des établissements étrangers, et si la situation perdure, la main-d’œuvre canadienne perdra du terrain face à celles de pays comparables qui rivalisent pour attirer des investissements étrangers.

Des données publiées par le CRSNG et les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) démontrent que jusqu’à 75 % des subventions de recherche allouées aux universités servent à couvrir les salaires d’étudiantes, d’étudiants et de stagiaires. Le financement octroyé par les organismes subventionnaires crée donc des emplois dans l’immédiat, en plus de mettre la table pour ceux de demain.

En mars dernier, un comité consultatif fédéral a recommandé d’augmenter d’au moins 10 % par année le financement de base des organismes subventionnaires (le Conseil de recherches en sciences humaines, le CRSNG et les IRSC) ainsi que de la Fondation canadienne pour l’innovation, et ce, pour les cinq prochaines années.

En réponse au rapport, le ministre François-Philippe Champagne a déclaré : « Parce que nous savons que la science d’aujourd’hui est l’économie de demain, notre gouvernement s’est engagé à veiller à ce que nos chercheuses et chercheurs talentueux et de classe mondiale bénéficient du soutien adéquat pour le travail crucial qu’elles et ils accomplissent. » Le gouvernement fédéral a maintenant l’occasion d’honorer son engagement dans le prochain budget, et il n’y a plus de temps à perdre.

Au début de l’année, devant l’ampleur croissante de la crise de logements abordables, le gouvernement fédéral a évoqué la mise en place d’un plafond de deux ans du nombre d’étudiantes et étudiants étrangers pour tenter d’atténuer la demande. Cette décision radicale n’est pas sans coûts, et pas seulement en ce qui concerne les revenus issus des droits de scolarité. À l’extérieur des salles de classe, les étudiantes et étudiants étrangers contribuent à la productivité globale du pays en s’intéressant à des disciplines comme l’ingénierie, les mathématiques et l’informatique, soit des sphères dans lesquelles le Canada a besoin de diplômées et diplômés qui pourront ensuite être recrutés par des entreprises nationales. Le plafond envisagé ne fera que creuser le manque à gagner dans ces domaines, créant ainsi un fossé que d’autres pays pourront aisément combler. Universités Canada exhorte donc le gouvernement fédéral à reconsidérer ses mesures en la matière au cours des prochains mois.

Les vents contraires auxquels se heurte le milieu de l’éducation sont réels. Laisser pour contre les universités publiques canadiennes ne fera pas que réduire davantage le bassin de talents, l’innovation et la main-d’œuvre, mais mettra aussi en péril les 400 000 emplois qu’offrent les universités dans toutes les régions du pays, ce qui affectera les 1,4 million d’étudiantes et étudiants universitaires, en plus de nuire à la qualité de l’éducation dont le pays est si fier.

Tous les problèmes auxquels font face les universités peuvent être résolus. Mais les gouvernements doivent participer à la solution, car la stabilité et la croissance économiques du Canada en dépendent. Les universités publiques canadiennes sont prêtes à collaborer pour y parvenir.

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