David T. Barnard : Le rôle des universités canadiennes dans la réconciliation

08 juin 2015
Two people wearing robes standing outside on rocks with lake in background

Ce texte d’opinion a été publié dans l’Ottawa Citizen et sur les sites Web du Leader Post, du Star Phoenix, du Vancouver Sun, de l’Edmonton Journal, du quotidien The Gazette de Montréal, du journal The Province, du Calgary Herald et du Windsor Star le 8 juin 2015.

Par David T. Barnard, président du conseil d’administration d’Universités Canada, et recteur et vice-chancelier, University of Manitoba

L’éducation a le pouvoir de transformer l’avenir des étudiants, de leurs familles et de leurs collectivités. Les établissements d’éducation postsecondaire ont cependant un rôle beaucoup plus vaste à jouer à titre d’agents de réconciliation entre les peuples autochtones et non autochtones. Nous devons faire preuve d’introspection et apporter des changements au sein même de nos établissements, en mobilisant tous les groupes présents sur les campus – personnel administratif, étudiants, professeurs, donateurs et anciens.

Parmi les recommandations rendues publiques lors des cérémonies de clôture, la Commission de vérité et réconciliation du Canada a invité les établissements d’enseignement à collaborer avec les collectivités autochtones et à agir comme chefs de file de la réconciliation.

Pour y parvenir, les établissements doivent d’abord travailler avec les collectivités afin d’offrir de nouvelles possibilités aux étudiants autochtones. Il faudra collaborer avec les éducateurs de la maternelle à la douzième année pour créer des programmes qui faciliteront la transition vers l’université et le collège, et permettront aux jeunes étudiants de poursuivre leur cheminement vers la carrière de leur choix. En unissant nos forces, nous pouvons réduire l’écart considérable du taux d’emploi entre les Canadiens autochtones et les non autochtones, un écart largement attribuable au système des pensionnats autochtones et à ses conséquences multigénérationnelles.

La réconciliation requiert un changement sociétal. Il est donc crucial que tous les étudiants apprennent le parcours historique et les séquelles des pensionnats autochtones. Cette conscientisation est particulièrement importante dans les programmes d’études professionnels comme le droit, la médecine, les sciences infirmières, le travail social et l’enseignement, puisque les praticiens de ces disciplines doivent comprendre les profondes répercussions des pensionnats sur les survivants et leurs familles pour pouvoir adopter une démarche professionnelle adéquate et respectueuse envers les membres des collectivités autochtones.

Nous avons déjà entrepris la décolonisation de nos universités en intégrant les savoirs, les points de vue et les visions autochtones dans nos programmes et nos services, et en offrant une formation pertinente aux personnes qui enseignent à nos étudiants et interagissent avec eux. Lorsque la compréhension des cultures des Premières Nations, des Métis et des autres peuples autochtones sera acquise sur tous les campus, un véritable changement s’opérera non seulement au sein de l’université, mais également dans les multiples sphères sociales qu’elle influence.

Les universités ont un profond ascendant sur les groupes de réflexion et les forums communautaires qui orientent l’élaboration des politiques. Lorsque nous sommes témoins de fautes et de mensonges, nous devons agir. Lorsque des gens sont victimes d’injustice sociale, nous devons les défendre. Lorsque nous percevons du racisme, nous devons le combattre.

À titre de recteur de la University of Manitoba, j’attribue un sens particulier au premier pas de mon établissement vers la réconciliation. En 2011, j’ai comparu avec des collègues devant la Commission de vérité et réconciliation à Halifax pour présenter les excuses de la University of Manitoba aux survivants de pensionnats autochtones. Il s’agissait des premières excuses présentées par une université canadienne, et j’espérais que l’esprit de réconciliation qui les motivait contribuerait à restaurer la confiance dans le système d’éducation après les torts profonds causés par les pensionnats autochtones. Nous savions pertinemment que nous ne pouvions pas réparer les erreurs passées, mais nous nous sommes engagés, au nom de notre université, à mieux faire connaître l’histoire des pensionnats autochtones et les conséquences qu’ils ont eues sur des générations d’enfants, leurs familles et leurs collectivités.

Maintenant que la Commission a mis fin à ses travaux et confié la responsabilité sacrée de conservation de ses archives au National Centre for Truth and Reconciliation (NCTR) de la University of Manitoba, les survivants, les éducateurs, les étudiants et tous les Canadiens pourront consulter les archives, connaître l’histoire des pensionnats autochtones et jeter les bases de nouvelles relations entre les peuples autochtones et non autochtones.

J’invite tous les établissements d’éducation postsecondaire du pays à se joindre aux efforts du NCTR. Travaillons ensemble pour bâtir un avenir commun.

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