Sophie D’Amours, présidente d’Universités Canada : allocution inaugurale

21 novembre 2019
Sophie D'Amours speaking at a podium

Rectrice, Université Laval
Présidente du conseil d’administration d’Université Canada

Réunion automnale des membres d’Université Canada de 2019

Bonjour,

C’est pour moi un grand plaisir et un immense privilège que de présider le conseil d’administration d’une association aussi importante pour la scène universitaire canadienne.

Je sais que notre association était entre bonnes mains sous la gouverne de mon prédécesseur, Mike Mahon. Tout le monde ici en conviendra, Mike est un atout très précieux pour le conseil d’administration, et il a su avec brio maintenir toutes les portes et toutes les lignes de communication ouvertes avec le gouvernement et les autres intervenants. Je suis reconnaissante et honorée de lui succéder.

Un but partagé nous unit au sein de ce conseil. Au-delà des différences nombreuses entre nos campus ou nos programmes respectifs, nous avons énormément en commun. Nous voulons tous faire au mieux et nous savons qu’ensemble, nous pouvons faire plus.

Je suis heureuse de porter la cause des universités, et d’avoir pu travailler avec plusieurs d’entre vous ces dernières années. J’ai pu prendre la pleine mesure de la diversité des approches au Canada et j’ai eu la chance d’ajouter mon grain de sel. C’est important pour moi de consacrer du temps à cette mission. Par mon engagement dans Universités Canada, je peux exercer plus d’influence en notre nom à tous. Mon université d’attache peut en exercer plus. Et tous ensemble, nous pouvons laisser une marque durable sur le pays.

Quand je vous regarde, je pense à tous les étudiants, les professeurs, les chercheurs et les innovateurs dans votre giron. Sur tous les campus, la priorité est la même. Des différences existent évidemment sur le plan administratif et dans nos secteurs de pointe. De même, nos cultures organisationnelles se distinguent l’une de l’autre : on est rouge et or à Laval, mais violet à Western; on vole auprès des corbeaux à Carleton ou des griffons à Guelph. Mais la priorité du corps professoral, du corps étudiant et du corps administratif est partout la même : apprendre, repousser les frontières, ouvrir de nouvelles possibilités et réussir.

Collectivement, nous sommes une locomotive carburant à la connaissance, à la science, à la jeunesse et à l’espoir.

Nous développons les études, la recherche et l’enseignement en quête de dépassement. La population nous a confié ses aspirations; nous n’avons pas le droit de trahir cette confiance.

Vous le savez peut-être, comme chercheuse, je me suis intéressée à la logistique des chaînes de valeur : approvisionnement en matière première, ajout de valeur et distribution du produit aux consommateurs par le truchement d’alliances et de partenariats habiles. L’évocation de ce domaine d’étude fait habituellement songer au secteur des biens et services, mais pensons-y un instant en termes de résultats. Le parallèle avec notre travail saute aux yeux.

Ajouter de la valeur : tel doit être notre but. Chaque étudiant qui assiste à l’un de nos cours veut en retirer plus que des connaissances. Il veut avoir la certitude que son éducation universitaire fera de lui un meilleur citoyen.

Les nouvelles générations étudiantes attendent cela des universités. Ces personnes veulent savoir que les villes, les provinces et le pays seront plus prospères en raison de la présence d’un plus grand nombre de diplômés universitaires.

Comme dirigeants d’université, nous apprécions ce moment si précieux où nous serrons la main des diplômés, le jour de la collation des grades, et où nous prenons pleinement conscience de toute la valeur de cette formation. Nous réalisons alors comment ces personnes peuvent devenir des leaders et transformer nos vies, nos communautés et nos sociétés.

Au nom de quoi nous, les universités, cultivons-nous des ambitions si pleines d’audace?

Nous pouvons nous définir par nos découvertes les plus percutantes, par la position que nous occupons dans le monde ou encore par les problèmes que nous tentons de régler. Il y en a d’innombrables, comme chacun sait. Bref, nous sommes à la fois nos forces, notre réalité et nos défis.

Chacun d’entre nous pourrait plaider le caractère unique de son université, avec raison.

Parmi nos forces, je mentionnerais l’éventail de programmes et de champs d’études que nous offrons collectivement, de l’océanographie à la foresterie, de la microbiologie à la politique internationale et de l’Épopée de Gilgamesh à la bande dessinée. J’ajouterais la diversité des modes par lesquels on peut suivre ces programmes : en personne, en ligne, à distance, voire dans le cadre d’une résidence, d’une coopération ou d’un stage. Nous modulons notre offre en fonction de la demande du monde qui nous entoure. Il nous arrive même de préparer des étudiants pour des carrières qui n’existent pas encore.

Nous pouvons croire que nous sommes en effet au début d’une nouvelle vague, celle entre autres de l’intelligence artificielle, de la robotique avancée et de la fabrication 3D. Une vague qui aura des effets importants sur tous les aspects de nos vies, particulièrement sur la façon dont les gens travailleront, étudieront, acquerront des connaissances et développeront leurs compétences. Une vague qui risque d’être plus courte, d’une durée de 15 ans comparativement à 60 ans. Une vague qui transformera profondément les universités. Nous devons garder en tête l’importance de cette transformation numérique alors que nos universités se modernisent et se questionnent sur la façon optimale d’accueillir les prochaines générations étudiantes.

À tout moment, plus de 1,4 million d’étudiants arpentent nos campus. Or, la plupart d’entre nous savent bien que cette statistique ne dit qu’une partie de l’histoire. La population étudiante se diversifie sans cesse par son identité, son milieu socioéconomique et ses origines. Nous proposons plus d’occasions d’études à l’international et nous accueillons plus d’étudiants étrangers.

Dans tous les cas, ça nous ouvre de nouvelles perspectives, ça fait évoluer l’éducation que nous prodiguons et ça enrichit notre connaissance du monde. En passant, les étudiants étrangers contribuent à notre économie pour plus à 20 milliards de dollars. C’est plus que l’industrie du blé, plus que celle du bois d’œuvre, et autant que le secteur des pièces d’auto et la valeur des exportations de services financiers. La bonne santé de l’économie canadienne repose en partie sur notre pouvoir d’attraction de ces étudiants.

Le Canada ne peut être fort que si ses universités sont des espaces de pluralisme et d’innovation. Je ne vous l’apprends pas, nous avons la responsabilité d’accueillir en nos murs une multiplicité d’idées, de provenances, de cultures et de points de vue. Les résultats de notre sondage sur les progrès de l’égalité des chances, de la diversité et de l’ouverture sont sans équivoque. Personne n’a le monopole des bonnes idées, et à notre époque de bouleversements économiques, technologiques, sociaux et environnementaux planétaires, nous ne pouvons laisser personne de côté. Le monde a besoin d’entendre toutes les voix.

Nous avons d’ailleurs réalisé des progrès marqués, dans tous nos établissements, afin d’être plus inclusifs, tout en visant l’excellence dans la recherche et l’enseignement.

Cet objectif revêt une grande importance.

Il y a plusieurs raisons pour lesquelles nous devons l’atteindre… et l’une d’elles est qu’un milieu plus équitable, plus diversifié et plus inclusif est aussi un milieu plus riche, plus stimulant et plus innovant.

Ce constat est certainement à l’origine des efforts que nous déployons depuis une dizaine d’années pour démocratiser l’éducation universitaire chez les étudiants autochtones et améliorer leur taux de réussite, en étroite collaboration avec leurs communautés.

Nous y sommes parvenus en convenant de principes institutionnels en matière d’éducation des Autochtones et en multipliant les initiatives comme le Forum sur la réconciliation qui s’est récemment tenu à l’Université Algoma (auquel je n’ai pas pu assister, mais les délégués de l’Université Laval sont revenus enthousiasmés de Sault-Sainte-Marie; la présidente de l’Université du Québec, Johanne Jean, et moi-même vous invitons d’ailleurs à vous joindre à nous l’an prochain, au Québec, à l’occasion du forum que nous coprésiderons).

Universités Canada reconnaît l’urgence de combler ce fossé éducatif et elle fait sa part à cet effet :

  • Plus des deux tiers des universités canadiennes cherchent des façons d’accueillir des Autochtones dans leurs structures de direction.
  • Deux tiers des universités font place aux savoirs, aux méthodes et aux protocoles autochtones dans leurs politiques, leurs programmes et leurs pratiques de recherche et d’enseignement.
  • Le nombre de programmes d’études consacrés aux Autochtones est en hausse et nous tentons activement de recruter des étudiants autochtones.

Il vaut la peine de rappeler ici ce qu’a dit l’honorable juge Murray Sinclair à la publication du rapport de la Commission de vérité et réconciliation : « L’éducation est à la source de ce gâchis, mais c’est aussi la clé de la réconciliation. »

Tous conviendront que beaucoup a déjà été accompli, mais qu’il reste encore fort à faire.

La place qu’occupe une université dans son milieu façonne une partie de sa réalité. Les retombées de sa présence profitent même à ceux qui n’y étudient pas ou n’y enseignent pas. Un grand nombre des bibliothèques, des théâtres, des installations sportives ou des studios sur les campus canadiens sont ouverts au public. Les spectacles des troupes étudiantes le sont aussi, et ce faisant ils lèvent le voile sur quelques-uns des courants culturels de demain. Les camps d’été inspirent la jeunesse, et notre ouverture aux élèves du secondaire enrichit leurs parcours.

En outre, nous offrons de bons emplois. Laissez-moi illustrer mon propos par le cas de Québec :

  • L’Université Laval compte presque 10 000 employés.
  • Plus de 30 pour cent de la population active détient un grade universitaire, et une personne sur quatre détient un grade de l’Université Laval. On voit là le lien vital entre l’université et son milieu, et sur ce plan la réalité de Québec existe aussi un peu partout au Canada.
  • Quelque 9000 étudiants sont inscrits en formation continue, dont 4000 à l’Université du 3e âge.

La valeur ajoutée est immense.

  • Ce n’est pas tout : pensons aussi aux efforts des chercheurs pour répondre aux questions sociales d’actualité. Comment réduire les inégalités en santé au Québec, par exemple? Voilà un champ où les synergies entre recherche et enseignement créent une plus-value appréciable.

Chacun d’entre nous peut témoigner des maillages que son université d’attache crée avec les décideurs municipaux. Parfois, en effet, l’université se positionne comme une voix neutre, un intervenant qui n’est ni le secteur privé ni le gouvernement et dont la finalité est de renforcer la trame sociale de son milieu.

D’est en ouest, nos esprits les plus forts participent à résoudre des problèmes de proximité dans le cadre de collaborations de recherche et de stages étudiants. On fait appel à nos spécialistes pour apporter des faits, donner du recul ou mettre en lumière une logique.

Chaque ville universitaire peut et doit tirer parti de la richesse de connaissances pointues qui est celle d’une université.

Nous avons du succès dans cette approche, à un point tel que ces collaborations nous définissent désormais en tant qu’universités canadiennes

Nos universités sont des partenaires locaux de premier plan autant que des acteurs sur la scène internationale.

Nous produisons au Canada un savoir immense, avec un taux de publication bien au-delà de notre poids démographique. La force de la recherche et du développement du Canada est un des piliers fondamentaux de notre capacité à tirer profit de la connaissance et des innovations. Toutefois, force est de constater que nous sommes loin d’être les seuls à le faire. Nos réseaux internationaux sont fort utiles pour assurer le développement et la fluidité des idées, avant même qu’elles se retrouvent dans des innovations tant sociales que technologiques.

Nous pouvons facilement imaginer qu’au cours des 15 à 20 prochaines années, les scientifiques feront plus de découvertes que nous en avons faites depuis le début de l’humanité. Les universités canadiennes seront au cœur de cette effervescence. Elles contribueront aussi à aider les Canadiens à faire des choix et orienter les décisions. Par exemple, comment tirer profit de l’intelligence artificielle? Des décisions importantes pour l’avenir de notre pays, pour l’économie et le bien-être de la population. Les experts de divers horizons, sciences sociales, génie, droit, santé, devront travailler ensemble pour soutenir nos décideurs.

Cette contribution exceptionnelle explique en bonne partie la qualité de vie dont nous jouissons au Canada.

Nous sortons de nos murs pour recruter les têtes les mieux formées. Nous abattons les frontières pour toujours disposer des savoirs les plus justes et les plus actuels. Nous voulons apprendre des autres autant que les instruire, pourvu que nous avancions ce faisant.

La réputation populaire des universités canadiennes est globalement positive depuis assez longtemps, ce qui ne surprend peut-être personne ici. Le dernier sondage d’Universités Canada indique que 66 % des répondants ont une impression favorable des universités. (À cet égard, vous ne m’en voudrez pas de souligner que les universités du Québec se positionnent au-dessus de la moyenne et récoltent 75 % d’approbation.) On reconnaît notre utilité sur les questions socialement prioritaires. Il y a de quoi être fiers.

Mais prenons garde à ne pas nous asseoir sur nos lauriers.

Parlons un peu des défis. Les affres de l’incertitude économique, la situation de l’emploi et les écueils du bouleversement technologique se sont conjugués pour faire naître un malaise dont les mouvements populistes font leurs choux gras.

Une méfiance des élites, des données probantes et des institutions se répand dans la société, et nous nous sentons visés avec raison. La pandémie des soi-disant «fausses nouvelles» continue de brouiller la compréhension du concept de vérité. Les universités doivent rester vigilantes.

L’époque que nous vivons comporte son lot de ruptures et de changements. Dans cette perspective, rappelons-nous tout l’apport de l’éducation supérieure en tant que force mobilisatrice et non partisane.

Le travail d’Universités Canada pour faire valoir les dossiers prioritaires de ses membres est louable et mérite d’être appuyé. C’est en raison de cette approche que nous sommes si bien positionnés, que toutes nos portes sont ouvertes.

Notre sondage pancanadien nous apprend que pour certaines personnes, les universités manquent de pertinence et se trompent d’orientation.

La dette, le stress et la santé mentale des étudiants inquiètent les répondants. La même réalité se vit sur tous les campus. Bien sûr, nous incitons nos étudiants au dépassement, mais nous devons prendre acte de l’anxiété et de la dépression qui sévissent chez les jeunes.

Nos étudiants s’attendent à acquérir des savoirs, à apprendre à voir grand et à mieux réussir leur vie grâce à leurs études universitaires. Cette confiance est précieuse. À nous de ne pas la perdre.

Par leurs efforts, nos prédécesseurs ont élevé les universités du Canada à leur niveau actuel. Sachons nous en montrer dignes.

Ces dernières années, les gouvernements sont parfois sortis de leur réserve traditionnelle de manières qui menacent l’autonomie universitaire. Toutes les universités du Canada doivent composer avec un resserrement de la réglementation provinciale et des ingérences qui érodent leur autorité décisionnelle.

La défense de l’autonomie universitaire est notre responsabilité à tous. Dans ce monde de bouleversements qui est le nôtre, nous avons le devoir d’affirmer haut et fort notre valeur intrinsèque.

La méfiance ne saurait être la cause de cette érosion; nous savons pertinemment que l’université peut être à la fois autonome et digne de confiance. Par contre, en convaincre les gouvernements n’est pas une mince tâche.

Un peu dans la même veine, la liberté d’expression est une valeur phare de l’université, mais il est arrivé qu’on la confonde avec la liberté de haine.

Les universités jouent un rôle fondamental au sein des démocraties, particulièrement en établissant des espaces de dialogue sécuritaires sur des enjeux difficiles et délicats. Nous avons démontré, à plusieurs occasions, notre engagement indéfectible pour la liberté d’expression et le respect de la diversité des idées.

Le débat et l’accueil avec civilité d’une pluralité de voix peuvent être difficiles, autant au sein de l’université qu’en dehors. Pour cette raison, nous en appelons à l’engagement de tous dans ce sens.

Les échanges sont devenus tellement politisés que le terme «liberté d’expression» a acquis un tout autre sens dans certains cercles. Comment pouvons-nous promouvoir la liberté d’expression et faire échec à la liberté de haine simultanément? Comment nos approches scientifiques et nos valeurs universelles peuvent-elles nous aider à aménager des espaces de débat et de médiation respectueux?

Il serait facile pour les Canadiens d’afficher une certaine suffisance en regardant ce qui se passe ailleurs. Aux quatre coins du monde, on envie notre relative stabilité. Cela dit, plus nous multiplions nos contacts avec l’étranger, plus le monde se rétrécit. Le monde est aujourd’hui notre chez-soi à tous, mais c’est un chez-soi trouble. La grande famille universitaire compte parmi les interlocuteurs internationaux les plus avertis au pays : à elle de continuer ce qu’elle sait faire de mieux, tout en gardant l’œil ouvert sur la géopolitique des conflits, les renversements d’alliance et les conflits commerciaux.

Pensons à l’affrontement entre la Chine et les États-Unis, ou à celui entre la Grande-Bretagne et l’Union européenne. En contexte d’effritement des ententes politiques, les universités ont le devoir de garder le cap sur leur mission pour, sinon renforcer, du moins protéger les ponts bâtis avec les étudiants, les citoyens, les dirigeants et les chercheurs du monde entier. Nous pouvons garder ouverts les canaux d’échange, les voies de dialogue. Tout le monde y gagnera.

À Universités Canada, nous savons la valeur de la coopération. En tant que forum de recteurs, nous sommes aussi une chambre de résonnance des conversations pancanadiennes. Vous êtes des leaders, mais aussi, je le sais, des hommes et des femmes de conviction.

Cette force de conviction est notre force, particulièrement à notre époque de bouleversements et de transformations en tous genres. Nous composons aujourd’hui avec un gouvernement fédéral minoritaire. Qu’est-ce que ça signifie? En gros, que nous devons nous montrer plus vigilants, plus unis, et qu’il nous faut recentrer notre action sur les questions qui préoccupent le plus les citoyens. Nous mettrons toutes les chances de réussir de notre côté si nous sommes solidaires dans notre engagement et agissons dans le cadre d’Universités Canada.

Qu’on ne s’y méprenne pas : peu importe les manières dont le monde, les gouvernements et les sociétés changeront, une chose sera toujours vraie : l’université est une force de développement économique, social et culturel et de mondialisation sur laquelle il faut compter. Personne ici ne contestera cette affirmation. Par conséquent, les échanges que nous aurons aujourd’hui et dans les mois à venir seront critiques.

En y participant, nous choisissons d’exercer de l’influence. En nous demandant sans cesse si notre action est suffisante, nous choisissons d’en faire plus.

Car nos universités canadiennes sont fortes, diversifiées et rayonnantes. Elles ont tous les leviers pour avoir un impact au Canada et dans le monde.

Ensemble, avec nos partenaires, nous avons tout ce qu’il faut pour laisser une marque durable dans la société et former les prochaines générations de leaders.

Merci.

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