Réinventer l’université comme moteur économique

18 avril 2017
UNB President Eddy Campbell speaks to a group of students.

Photo : Rob Blanchard

Cet article d’opinion a paru dans le Daily Gleaner le 18 avril 2017

par Eddy Campbell, recteur, University of New Brunswick

Les universités sont souvent décrites comme des fondements essentiels du développement économique, et elles le sont. C’est un fait indéniable. Toutefois, en les considérant comme de simples éléments de soutien, on ferme les yeux sur la plus grande contribution qu’elles pourraient apporter à titre de moteurs de croissance économique et d’innovation, particulièrement à l’échelle régionale.

Le dernier budget fédéral semble reconnaître cet important potentiel. En effet, des investissements ont été annoncés pour aider les universités à stimuler le développement économique et renforcer la position de chef de file du Canada sur le marché mondial du savoir. Plus particulièrement, le financement de « supergrappes » et de Mitacs favorisera la création de partenariats essentiels entre le milieu universitaire et l’industrie, ce qui pourrait profiter à tous les Canadiens.

Il s’agit d’importants pas dans la bonne direction. Cependant, si nous souhaitons transformer nos collectivités, le gouvernement, l’industrie et le milieu de l’enseignement supérieur devront faire équipe plus souvent dans les prochains mois et les prochaines années. Nous devons nous mettre au travail afin de profiter des immenses possibilités qui se présentent à nous.

Les universités canadiennes sont déterminées à y parvenir. Ici, à la University of New Brunswick (UNB), nous avons incubé plus de 70 entreprises en démarrage depuis 2013, assez pour que Start-Up Canada nous nomme l’université la plus entrepreneuriale au Canada. Nous n’y sommes pas parvenus seuls. Nos étudiants et nos professeurs collaborent avec la collectivité, l’industrie, des chefs d’entreprise, des entrepreneurs et des experts externes pour créer des carrefours d’innovation et de technologie sur notre campus.

Des liens étroits avec les collectivités
Les universités d’aujourd’hui sont profondément engagées dans leurs collectivités. Cette collaboration avec des partenaires locaux dans le cadre d’une grande variété de projets contribue à stimuler la croissance des villes et des collectivités en créant de nouveaux emplois et de nouvelles industries.

Les activités entrepreneuriales des étudiants et des professeurs de la UNB ont rapporté plus de 1,2 milliard de dollars à l’économie provinciale, dont 48 millions en revenus d’entreprises en démarrage affiliées à l’Université en 2013-2014 seulement, soit l’équivalent de plus de 1 000 emplois.

Les avantages sont plus qu’économiques. Par exemple, le Centre de santé communautaire du centre-ville de Fredericton combine milieu d’enseignement, installations de recherche et clinique de santé. Spécialisé dans les soins aux malades chroniques, le Centre a traité des milliers de patients à faible revenu de milieux défavorisés depuis 2002.

Avec un soutien adéquat, de telles retombées locales et régionales pourraient être transférées à l’échelle nationale.

Saisir l’avantage économique
Au cours des cinq prochaines années, le gouvernement accordera jusqu’à 950 millions de dollars aux supergrappes industrielles : des groupes de sociétés, d’universitaires et de chercheurs ayant adopté une stratégie multidisciplinaire pour innover dans le but d’accélérer la croissance. Le financement sera axé sur les technologies de pointe et les sous-secteurs d’avant-garde comme l’intelligence artificielle, les technologies propres et les sciences biologiques, où le Canada peut avoir des retombées nationales et mondiales majeures.

La UNB peut attester de l’efficacité de ce type de stratégie de regroupement. Un récent projet ayant pour but d’étudier les réseaux intelligents dans l’infrastructure électrique provinciale nous a déjà valu une grande réussite. Nos chercheurs travaillent avec NB Power, Siemens Canada et Emera Power pour créer un nouveau réseau électrique intelligent visionnaire relié à l’Internet des objets. Nous avons même commencé à travailler avec IBM afin de garantir la sécurité du réseau (vous pourriez être étonnés d’apprendre que la branche mondiale des divisions de cybersécurité d’IBM est installée à Fredericton).

Cultiver le talent
L’investissement majeur de 221 millions de dollars dans l’apprentissage intégré au travail par l’intermédiaire de Mitacs annoncé dans le cadre du budget de 2017 permettra de créer 10 000 places d’apprentissage intégré au travail pour les étudiants canadiens aux cycles supérieurs. Ce programme revêt une immense importance parce qu’il permet aux étudiants aux cycles supérieurs de transférer leur savoir à l’extérieur des universités, vers le secteur privé, et à ceux qui deviennent professeurs par la suite de mettre à profit leur réseau de contacts dans l’industrie. Le Canada a besoin que tous ses étudiants, peu importe la discipline, aient accès à l’apprentissage intégré au travail.

Avec l’investissement dans Mitacs et les 117 millions destinés à attirer les plus grands talents étrangers dans nos universités, le budget valorise une nouvelle façon de voir le développement économique — où les universités, les professeurs, les étudiants et les partenaires industriels jouent des rôles de premier plan. J’espère que ce n’est qu’un début.

Que nous réserve l’avenir?
Le 10 avril, le Comité consultatif sur l’examen du soutien fédéral à la recherche fondamentale a publié ses recommandations d’investissements pour transformer l’écosystème de recherche canadien. Il s’agit d’une étape importante pour redéfinir la manière dont le Canada soutient la recherche axée sur la découverte et la création de savoir afin de favoriser l’innovation et la prospérité, et ce, dans tous les domaines d’études.

Nous devons saisir cette occasion et reprendre notre position mondiale en matière d’investissements dans la recherche fondamentale. Nous devons nous assurer de maintenir une infrastructure de recherche de calibre mondial par l’intermédiaire de la Fondation canadienne pour l’innovation. Un investissement audacieux et visionnaire, combiné aux priorités financées dans le cadre du budget de 2017, pourrait augmenter considérablement la capacité des universités à transformer les économies des collectivités et des régions du Canada.

La croissance économique n’est plus la seule responsabilité du secteur privé. Le budget de 2017 semble reconnaître que les universités ont aussi un rôle à jouer. Nous avons maintenant le budget axé sur l’innovation qu’il nous faut, et la feuille de route pour renforcer nos capacités en matière de recherche et d’innovation. Il ne tient qu’à nous d’exploiter ces investissements et d’en faire plus pour conclure des partenariats productifs, tirer parti du talent, stimuler l’innovation et renforcer la prospérité dans les collectivités d’un bout à l’autre du pays.

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