Passer à l’étape suivante : renforcer la collaboration entre le Canada et la Chine

01 décembre 2017
Many people walking on a crowded street

Cet article d’opinion a paru dans le Hill Times le 1er décembre 2017

par Paul Davidson, président-directeur général, Universités Canada

En ce XXIsiècle, les difficultés d’une nation sont la plupart du temps communes à toutes. Le vieillissement de la population, les changements climatiques, les conséquences encore inconnues des avancées technologiques sont autant de phénomènes mondiaux qui exigent une action collective ou, du moins, une action qui tire pleinement parti du savoir collectif. En d’autres mots, la collaboration est essentielle.

Le Canada et la Chine ont la chance de pouvoir compter sur de solides bases pour implanter le type de collaboration qui sera nécessaire au cours des prochaines années. Nos deux pays entretiennent en effet des relations constructives dans les domaines du commerce, des affaires et de la recherche qui remontent à l’établissement de relations diplomatiques dans les années 1970. Dès cette époque, les liens entre les universités ont grandement contribué à ces relations.

Aujourd’hui, nous avons l’occasion de résoudre ensemble certains des problèmes mondiaux les plus pressants, et le Canada a une occasion historique de s’illustrer comme chef de file mondial en matière d’innovation. Cette occasion rend nos relations universitaires avec la Chine plus importantes que jamais.

Les collaborations sino-canadiennes en matière d’enseignement et de recherche génèrent déjà des connaissances essentielles. Le Joint Research Centre for Future Energy and Environment (Centre de recherche conjoint sur l’avenir de l’énergie et de l’environnement), fruit d’une collaboration entre la University of Alberta et l’Université Tsinghua, en est un bon exemple. Le Centre met au point des solutions énergétiques durables à faible émission de carbone pour lutter contre les changements climatiques. L’Université d’Ottawa et l’Institut de matière médicale de Shanghai de l’Académie chinoise des sciences ont fondé conjointement le Joint Research Centre on Systems and Personalized Pharmacology (Centre de recherche conjoint sur les systèmes et la pharmacologie personnalisée), un centre de recherche de pointe. Il existe des centaines d’autres exemples dans des universités de toutes tailles de l’ensemble du pays.

Les occasions économiques sont une retombée directe de ce type de collaborations universitaires. Nous savons par ailleurs que la croissance des exportations des microentreprises et des PME canadiennes au cours des prochaines années sera principalement attribuable à la région Asie-Pacifique, et à la Chine en particulier.

Pourtant, la mobilité étudiante entre le Canada et la Chine est surtout unidirectionnelle. Environ 34 pour cent de la population étudiante étrangère du Canada est d’origine chinoise – soit quelque 54 000 étudiants de niveau postsecondaire –, alors que seulement 3 500 Canadiens étudient en Chine, soit moins de 0,1 pour cent de la population étudiante du Canada.

Les retombées économiques positives de la forte présence d’étudiants chinois et étrangers dans nos universités sont incontestables. Elles sont estimées à plus de 11 milliards de dollars par année, soit plus que celles du commerce du bois d’œuvre, du blé et d’autres exportations importantes. Le faible nombre d’étudiants canadiens qui se rendent à l’étranger a cependant créé un déficit de connaissances sur trois plans en matière de ce que la Fondation Asie-Pacifique appelle les « compétences sur l’Asie ».

Comparativement à des pays comme les États-Unis, la Nouvelle-Zélande et le Royaume-Uni, le Canada en sait peu sur la diversité des cultures asiatiques. Nous connaissons également moins bien les économies, les sociétés et les systèmes politiques d’Asie et n’avons pas autant d’étudiants qui maîtrisent les langues asiatiques. Pour renforcer le partenariat du Canada avec la Chine et jeter les bases de collaborations futures sur les plans de l’enseignement et de la recherche, de l’économie et du commerce, nous devons donc rectifier la situation.

Les étudiants chinois qui viennent au Canada acquièrent des connaissances à l’université, mais ils s’instruisent également sur la culture, les entreprises et l’économie de notre pays. Ils sont nombreux à résider dans des familles canadiennes, à être actifs dans leur collectivité et à participer à des discussions diplomatiques autour de la table de cuisine, soit des échanges qui favorisent la compréhension culturelle et le renforcement des relations humaines.

Les étudiants canadiens n’acquièrent pas ce savoir qui nous aiderait à collaborer et à faire des affaires avec l’une des économies les plus puissantes du monde. En n’encourageant pas nos étudiants à partir à l’étranger, nous les privons d’occasions enrichissantes et nuisons à la formation d’une main-d’œuvre dotée d’une perspective mondiale.

Pour renforcer nos relations avec la Chine, qui s’appuient d’abord et avant tout sur la collaboration universitaire et en matière de recherche et se continuent dans le commerce et les affaires, nous devons en faire plus. Dans un rapport publié récemment, le Groupe d’étude sur l’éducation mondiale[JS1]  recommande de faire grimper à 25 pour cent la proportion d’étudiants canadiens qui effectuent un séjour à l’étranger. Pour inciter les étudiants à se rendre à l’étranger (et pour les soutenir lorsqu’ils le font), le gouvernement fédéral doit accroître le financement destiné à la collaboration internationale en matière de recherche.

Il faut également varier les options qui s’offrent aux étudiants. Ils ne devraient pas avoir à choisir entre passer un semestre ou une année universitaire au complet en Chine ou rester à la maison. C’est pourquoi les universités canadiennes créent des occasions d’échanges universitaires plus courts et plus souples. Nous devons également nous assurer que les étudiants obtiennent tous les crédits auxquels ils ont droit pendant leur séjour à l’étranger pour que le temps et l’argent investis en vaillent la peine.

Bien entendu, il ne suffit pas d’accroître les fonds destinés à la mobilité étudiante. Les relations sino-canadiennes sont complexes, et il ne faut surtout pas perdre de vue nos valeurs et nos intérêts. Les sondages montrent que les Canadiens ont certaines réserves quant au partenariat avec la Chine, surtout lorsqu’il s’agit de droits de la personne, de la protection de la propriété intellectuelle et du déséquilibre commercial. Les liens profonds des universités canadiennes avec la Chine, qui durent depuis plus de 40 ans, fournissent une assise solide sur laquelle le Canada peut fonder sa relation future avec la Chine. Les enjeux qui préoccupent les Canadiens peuvent faire l’objet d’accords officiels. Une collaboration accrue en matière d’innovation et d’éducation sera également porteuse de changements. Si notre participation aux projets avec la Chine témoigne des valeurs canadiennes tout en respectant les différences culturelles, nous pourrons trouver des domaines de collaboration et resserrer nos liens.

Le Canada profite d’une rare occasion de prendre les devants sur le plan de la collaboration internationale en matière de recherche et d’établir un mode d’échange bidirectionnel d’étudiants. Nous avons créé de solides relations. Nous possédons l’expertise requise. Si les universités, les gouvernements, la société civile et les entreprises collaborent, le Canada pourra devenir un véritable joueur mondial et un véritable partenaire mondial.

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