Partenariats avec le Brésil : l’enseignement supérieur ouvre la voie

20 avril 2016
Photo of Paul Davidson speaking

Lettre d’opinion parue dans The Hill Times le 20 avril 2016.

par Paul Davidson,  président-directeur général, Universités Canada

Nous ne sommes plus qu’à une centaine de jours des Olympiques de Rio. Les athlètes du monde entier se préparent depuis longtemps à faire bonne figure au Brésil. Les universités canadiennes aussi. Cependant, une fois que les cyclistes, nageurs, rameurs, gymnastes et autres athlètes auront quitté Rio au terme des Jeux, les universités canadiennes resteront présentes.

En dépit de la tourmente politico-économique qui l’agite depuis peu, le Brésil demeure un partenaire stratégique important pour le Canada. Les gouvernements des deux pays continuent de collaborer au renforcement des liens entre leurs divers secteurs.

Le secteur universitaire ouvre la voie

Le mois dernier, près de 100 représentants d’universités, de collèges, de gouvernements et de l’industrie du Canada et du Brésil se sont réunis à São Paulo pour discuter des besoins des deux pays en matière d’enseignement supérieur et de main-d’œuvre. Organisé conjointement par Universités Canada et ses partenaires canadiens et brésiliens, cet événement a permis aux participants de réfléchir aux moyens concrets par lesquels les universités du Canada et celles du Brésil peuvent collaborer en matière d’enseignement, de recherche et de prestation de services, pour procurer aux étudiants l’expérience qui fera d’eux des citoyens du monde.

Ce dernier événement faisait partie d’une série d’initiatives destinées à renforcer les liens canado-brésiliens si importants en matière d’enseignement supérieur, de recherche et d’innovation puisqu’ils ouvrent la voie aux relations commerciales et diplomatiques. En 2012, des recteurs canadiens se sont rendus au Brésil pour discuter en personne de l’établissement de relations et de planification concrète de futures collaborations. Les ententes signées au cours de cette mission représentent des investissements de 1,72 million de dollars canadiens de la part des universités canadiennes, et de 1,45 million de dollars canadiens de la part du gouvernement canadien. Les nouveaux programmes de bourses d’études et de mobilité étudiante annoncés se chiffrent à près de 1,71 million de dollars canadiens.

Au cours de cette visite dirigée par le gouverneur général du Canada, David Johnston, le Brésil s’est engagé à envoyer au Canada jusqu’à 12 000 étudiants des niveaux universitaire et collégial dans le cadre de son remarquable programme Science sans frontières. Depuis, près de 7 000 étudiants brésiliens ont eu la chance de venir étudier chez nous. Le campus de Thunder Bay de la Lakehead University, par exemple, a accueilli des centaines d’étudiants brésiliens qui représentent actuellement 31 pour cent des étudiants étrangers de cette université. Dans le cadre de leurs stages à Thunder Bay et dans les collectivités environnantes, ils contribuent à la diversité et à l’ouverture sur le monde des entreprises locales.

En tirant parti de l’expertise brésilienne dans des domaines précis, les universités canadiennes ont connu des résultats impressionnants. Signalons que le Brésil figure entre autres parmi les chefs de file mondiaux dans les domaines de la recherche agricole, des énergies propres, des biocarburants et des sciences de la mer.

Allan King, professeur à l’Ontario Veterinary College de la University of Guelph, travaille avec des chercheurs brésiliens depuis les années 1980. Il a assisté depuis à bien des changements. Il souligne par exemple que, alors que les Canadiens se rendaient jadis au Brésil pour y enseigner des techniques de base, ils le font maintenant pour acquérir des compétences de pointe.

Le Brésil est devenu un chef de file mondial en matière de biotechnologies reproductives, et en particulier dans le transfert d’embryons. M. King est chercheur principal au sein du North-South Reproductive Biotechnology Consortium, un groupe collaboratif qui compte entre autres des chercheurs de la Queen’s University, de l’Université de Montréal, de l’Université d’État de São Paulo, et de l’Université de l’État du Pará.

De leur côté, les chercheurs de l’Université McGill ont déjà établi avec leurs collègues brésiliens plus de 50 collaborations, axées sur divers domaines d’expertise allant des biocarburants à la médecine dentaire. Ces collaborations conduisent à de nouveaux partenariats et contribuent à l’avènement d’une vision mondiale.

Dans le cadre d’un échange bilatéral, le Global Institute for Water Security de la University of Saskatchewan a pour sa part envoyé au Brésil quatre étudiants au doctorat pour y étudier les eaux des régions montagneuses en amont de Rio de Janeiro, baignées par un climat tropical. Parallèlement, des étudiants brésiliens étudient les effets des changements d’affectation des sols sur le débit et la qualité des zones d’approvisionnement alimentant les Rocheuses, où sévit un climat froid.

La dynamique se renforce : le Brésil est prêt à accueillir nos étudiants.

Il y a toutefois un hic : l’intérêt pour la mobilité étudiante à l’échelle internationale, et le financement nécessaire, font défaut.

En 2013, à peine 3,1 pour cent des étudiants au premier cycle à temps plein ont fait de courts séjours d’études à l’étranger, et principalement au Royaume-Uni. Or, bien d’autres pays peuvent contribuer à élargir les horizons. La mobilité étudiante à l’échelle internationale fait de nos diplômés des chefs de file mondiaux qui ont établi des relations personnelles avec des organisations de pays d’importance stratégique sur le plan économique – dont fait partie le Brésil.

Nous avons beaucoup à apprendre du Brésil, et beaucoup à gagner en collaborant avec son gouvernement, ses entreprises, ses universités et ses diverses organisations. D’autres secteurs gagneraient aussi à tirer parti des possibilités qu’engendrent les relations canado-brésiliennes en matière d’enseignement supérieur et de recherche, qui peuvent entre autres favoriser l’accès à de nouveaux talents et ouvrir à de nouveaux marchés.

Bien sûr, le Canada n’est pas le seul pays à constater le potentiel des relations avec le Brésil; la concurrence est féroce. Les États-Unis, par exemple, mènent avec lui des recherches axées sur l’agriculture et l’énergie. Le Brésil est par ailleurs l’unique partenaire stratégique de l’Allemagne en Amérique latine. Le Canada devra consacrer beaucoup d’efforts à conserver l’attention du Brésil au cours des mois et des années à venir.

Des progrès en matière d’enseignement supérieur et de recherche ont été accomplis et l’événement du mois dernier a démontré l’intérêt et la détermination soutenus du Canada à renforcer sa collaboration avec le Brésil. Il est aujourd’hui temps de miser sur ce succès et de maximiser nos relations avec les universités brésiliennes, ce qui aura des retombées bénéfiques pour tous les Canadiens, autant sur les plans de l’éducation que du commerce et de la diplomatie.

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