L’heure juste par rapport au budget de 2015

27 avril 2015
Headshot of Paul Davidson, president, Universities Canada

La version anglaise de cet article d’opinion a été affichée sur le site Web de la Conférence sur les politiques scientifiques le 25 avril 2015.

Par Paul Davidson, président-directeur général, Universités Canada

L’incertitude économique mondiale des dernières années a poussé les pays à accorder une importance accrue à l’innovation et à la commercialisation de la recherche. C’est tout à fait compréhensible puisque l’innovation va de pair avec la prospérité. Il ne faut toutefois pas que se crée une division dans les priorités de financement et des établissements entre la recherche fondamentale et la recherche appliquée. Les découvertes en recherche appliquée ont pour origine la recherche fondamentale, et la recherche appliquée doit être rigoureuse, de vaste portée et effectuée sans entraves pour assurer le succès en matière d’innovation.

Il est normal que, dans cette quête visant à accroître la recherche appliquée, les chercheurs s’inquiètent du sort qui est réservé à la recherche fondamentale. De fait, des commentaires à cet égard ont été émis en réaction au budget fédéral de la semaine dernière. Toutefois, en examinant bien le budget, on constate qu’un soutien important y est consacré à tous les niveaux de la recherche universitaire; il contient plus de 1,5 milliard de dollars pour la recherche et l’innovation.

Avec 1,33 milliard de dollars affectés à la Fondation canadienne pour l’innovation (FCI), ce budget contient l’annonce de financement dans l’infrastructure de recherche canadienne la plus importante à ce jour. Un domaine auquel le milieu universitaire a accordé une importance prioritaire étant donné les besoins d’équipement de pointe, de laboratoires, d’outils numériques et de technologie à haute vitesse pour effectuer de la recherche, créer des partenariats, et faire connaître les résultats. Cet engagement renouvelé à l’égard de la FCI s’ajoute à l’infrastructure de recherche concurrentielle à l’échelle mondiale que les Canadiens ont bâtie depuis une quinzaine d’années, et permettra à nos chercheurs de collaborer avec les meilleurs au monde. Les avantages se feront sentir dans les universités de partout au pays, dans toutes les disciplines. Les investissements dans les principales infrastructures de recherche – de l’infrastructure numérique aux grandes infrastructures scientifiques – appuient la recherche à tous les niveaux, de la recherche théorique à la recherche fondamentale et à la recherche préconcurrentielle et appliquée.

L’annonce d’un financement de 45 millions de dollars au profit de TRIUMF contribuera à aider le laboratoire à accélérer les progrès en science et en innovation au Canada. Il représente un investissement important pour la recherche axée sur la découverte.

Nous assistons aussi à un investissement dans la recherche fondamentale à long terme et dans la collaboration internationale en matière de recherche grâce aux 243,5 millions de dollars accordés au Télescope de trente mètres. Lorsqu’il sera construit, le télescope offrira aux astronomes canadiens un instrument d’une puissance sans précédent pour explorer le cosmos.

En outre, toute une gamme de domaines de recherche bénéficiera de l’investissement de 105 millions de dollars en nouveau financement alloué au réseau d’éducation et de recherche national à très grande vitesse CANARIE.

Les nouveaux investissements s’inscrivent dans un ensemble et s’ajoutent aux engagements antérieurs du gouvernement fédéral en matière de recherche qui seront mis en œuvre cette année, dont le fonds Apogée Canada, une initiative historique de 1,5 milliard de dollars sur 10 ans annoncée dans le budget de 2014. La première tranche de financement pour ce fonds, d’une valeur de 350 millions de dollars, sera annoncée en juillet, et une deuxième tranche, d’une valeur de 950 millions de dollars, sera annoncée au printemps 2016; une injection de fonds importante pour la recherche universitaire axée sur la découverte.

Lors du dialogue politique sur l’innovation tenu à Ottawa l’automne dernier, des dirigeants universitaires et des conseillers politiques d’Israël, de l’Allemagne et du Canada se sont entendus sur les nombreux éléments communs à tous les systèmes d’innovation fructueux : un bon soutien de la recherche fondamentale, la participation des étudiants en tant que chercheurs, innovateurs et entrepreneurs, le soutien de la créativité et de la prise de risques en recherche, la collaboration multidisciplinaire, et de solides relations entre les universités et l’industrie. Le budget de 2015 et le fonds Apogée Canada appuient ces éléments.

Les étudiants et les jeunes chercheurs sont une part essentielle du succès en matière d’innovation. Ainsi, le budget de 2015 étend la portée du programme Accélération de Mitacs qui finance des stages en recherche et développement industrielle pour les étudiants aux cycles supérieurs.

Le milieu universitaire a-t-il obtenu tout ce qu’il voulait dans le budget fédéral de 2015? Évidemment pas. Par contre, comme certains commentateurs l’on fait remarquer, l’attention qui y a été accordée à la recherche et à l’innovation a fait l’envie de plusieurs.

Nous sommes bien conscients du travail qu’il reste à faire. Les organismes subventionnaires du Canada sont essentiels au système d’innovation canadien, et les augmentations spectaculaires qu’ils ont connues au début des années 2000 ont ralenti. Les augmentations plus modestes des dernières années n’ont pas suivi le rythme de l’inflation ni de l’accroissement des activités de recherche effectuées par la nouvelle génération de professeurs en pleine possession de leurs moyens.

Il faut continuer de travailler ensemble à justifier de manière plus convaincante le besoin d’investissements soutenus dans l’ensemble des activités de recherche afin de soutenir le travail extraordinaire des chercheurs et des innovateurs canadiens du XXIe siècle.

Les récentes victoires du milieu universitaire dans le budget fédéral, parmi lesquelles le fonds Apogée Canada et la FCI, présentent des indices sur la manière de s’y prendre pour obtenir des résultats : une idée convaincante appuyée sur des faits, élaborée en partenariat, soutenue avec vigueur et présentée de manière échelonnée et selon un ordre de priorité. Ainsi, à la perspective des élections fédérales et de la croissance de la capacité financière une occasion unique se présente sur le plan politique, et commence le travail en vue du budget de 2016.

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