Cet article d’opinion a paru dans le National Post le 14 avril 2020
Par Steven Murphy, recteur de l’Ontario Tech University
Les défis et les problèmes émanant de la pandémie de COVID-19 donnent lieu à une collaboration sans précédent entre le gouvernement, les entreprises, les établissements d’enseignement, les associations et les entrepreneurs du Canada. Ensemble, nous travaillons plus fort que jamais pour soutenir la recherche qui améliore la vie des gens. De plus, nous créons de nouveaux procédés de fabrication (conception et prototypage rapides) qui permettent de produire l’équipement dont nous avons grandement besoin, notamment des ventilateurs et des visières de protection.
En ces temps difficiles, les universités sont bien placées pour apporter une contribution immédiate et significative. La tour d’ivoire n’est plus coupée de la réalité. Pour les universités modernes à la fine pointe de la technologie qui collaborent avec l’industrie et le gouvernement, il est temps d’agir et d’aider les collectivités à résoudre un problème social complexe. Des travaux de recherche fondés sur les connaissances scientifiques peuvent être entrepris rapidement lorsqu’une situation l’exige. En 2020, les universités sont bien différentes de ce qu’elles étaient il y a une génération à peine. Pour un milieu (universitaire) si fortement ancré dans la tradition, le virage est radical.
L’Ontario Tech University en est un exemple parfait. Sa communauté se compose d’une diversité de chercheurs de calibre mondial, de professeurs dévoués qui mettent la technologie au service de l’expérience d’apprentissage, et d’étudiants débordants de nouvelles idées et de solutions. Jour après jour, nous faisons la vie dure aux stéréotypes — salles de conférence à l’atmosphère étouffante, manuels poussiéreux ou cours théoriques ennuyeux. Nous utilisons les technologies de pointe dans nos laboratoires, nos salles de classe et en ligne pour résoudre des problèmes bien réels. Ce puissant mélange d’innovation, de savoir et de détermination est aujourd’hui plus important que jamais. On compte sur notre campus des travailleurs de l’industrie en plus grand nombre que nos centaines d’étudiants qui participent à des programmes coopératifs et à des projets intégrateurs au sein de l’industrie. Des géants comme Microsoft, General Motors, Ontario Power Generation et Google collaborent étroitement avec nos professeurs et nos étudiants. Nous sommes tous déterminés à relever les défis gigantesques auxquels fait face la société.
En outre, nos activités sont guidées par quatre priorités avant-gardistes qui s’avèrent aujourd’hui peut-être plus pertinentes encore qu’il y a un mois.
La technologie éthique
À l’Ontario Tech University, nous tenons à améliorer la vie des êtres humains et à protéger la planète en faisant un usage éthique de l’innovation et de la technologie. Cette priorité se reflète dans la façon dont nous menons nos travaux de recherche, dont nous préparons nos étudiants à la vie professionnelle et dont nous aidons les personnes touchées à composer avec les bouleversements causés par la pandémie. Cette démarche, jumelée à la réceptivité de nos chercheurs, a déjà donné lieu à une nouvelle étude de Lindsay Malloy, psychologue du développement. Effectuée en collaboration avec d’autres universités partenaires, l’étude porte sur la façon dont les parents abordent le sujet de la pandémie avec leurs enfants et sur les pensées, sentiments et comportements que cette crise de santé publique suscite chez les parents et les enfants.
La Faculté d’éducation de l’établissement, qui se démarque par son expertise des technologies d’apprentissage, a soutenu les professeurs pendant la période de transition. Janette Hughes, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en technologie et en pédagogie, et son équipe du STEAM3D Maker Lab, ont saisi l’occasion pour aider les professeurs à se préparer pour ce que la suite des choses pourrait leur réserver. Ils ont créé une série de séances d’enseignement et d’apprentissage à l’aide de la plateforme de vidéoconférence Google Meet. Les professeurs mettent déjà leur apprentissage en application auprès des élèves lorsqu’ils enseignent en ligne. Considérer notre Université uniquement comme un établissement de sciences, de technologie, de génie et de mathématiques (STGM) relèverait d’une vision bien réductrice de la multitude de talents de calibre international qu’elle recèle.
Les partenariats et la collaboration
Chaque université dispose d’un vaste réseau de partenaires de recherche, et nous avons cultivé et exploité le nôtre aux premiers jours de la pandémie afin d’en maximiser les retombées pour la société. En moins d’une semaine, l’Université a créé des prototypes d’équipement de protection individuelle selon les modèles approuvés par Santé Canada et, à ce jour, elle collabore étroitement avec des organisations telles que l’Ontario Power Generation et l’Association des fabricants de pièces d’automobile du Canada pour produire des masques et des visières destinés aux travailleurs de la santé de l’Ontario. Et ce n’est pas tout : d’importants travaux sont en cours pour remédier à la pénurie de ventilateurs, et l’Université fait don de fournitures médicales essentielles à la collectivité. Grâce à cette combinaison de partenariats et d’expertise, nous pouvons rapidement transformer les idées en gestes concrets.
L’apprentissage réinventé
Notre engagement de longue date visant à nous adapter à l’évolution constante des méthodes d’enseignement s’est révélé essentiel au cours des dernières semaines. Nous avons transformé l’expérience d’apprentissage pour faire en sorte que personne ne soit laissé pour compte. Lorsque tous les cours en personne ont été annulés, nous n’avons eu besoin que d’un jour pour organiser le transfert des cours en ligne, permettant ainsi aux étudiants de terminer leur trimestre et d’aller de l’avant avec leurs projets après l’obtention de leur diplôme. L’enseignement ne s’inscrit pas dans une démarche unique et notre Université continue d’évoluer. Nous avons ainsi adapté notre système de notation à la situation actuelle, et nous nous apprêtons à décerner plus tard ce printemps les tout premiers diplômes numériques, en plus des diplômes papier habituels. Il s’agit d’une première en Ontario. Même si la collation des grades est annulée ce printemps, les étudiants pourront entamer leurs parcours professionnels et commencer à apporter leur contribution.
Un campus toujours ouvert
Nous trouvons de nouveaux moyens de rester connectés et de prendre soin à distance des membres de notre milieu universitaire. Les consignes d’éloignement physique ont obligé la population à se confiner, mais nos services aux étudiants, services en santé mentale et autres sont maintenant offerts en ligne, et les demandes atteignent des chiffres records. De même, le confinement n’a pas empêché l’Université de tenir sa journée portes ouvertes le 28 mars dernier. En effet, pour que nos futurs étudiants et candidats puissent obtenir le plus de renseignements possible sur notre campus, nous avons transformé la journée portes ouvertes en activité numérique et interactive. Des visites virtuelles en ligne, des exposés et des séances de clavardage en direct avec les professeurs, les responsables des admissions, les représentants des équipes de sport et les étudiants ambassadeurs ont eu lieu grâce à Google Meet. Nous avons reçu un nombre record d’inscriptions à cette activité virtuelle — plus que lors de nos journées portes ouvertes habituelles — ce qui témoigne de la nécessité de communiquer avec nos futurs étudiants. En répondant aux étudiants en cette période d’incertitude, l’Université les a rassurés et leur a prouvé que nous nous soucions de leur bien-être et de leur réussite. Pour survivre, il faut faire preuve de souplesse et rester au fait de la technologie.
Alors que la lutte collective contre la COVID-19 se poursuit, les établissements compétents et engagés comme l’Ontario Tech University seront là non seulement pour répondre aux besoins immédiats de leurs étudiants, mais pour aider l’ensemble de la collectivité à s’adapter et à composer avec les nouvelles réalités auxquelles doit faire face la société. Comme c’est bien souvent le cas, le manque nous fait prendre conscience des choses que nous tenions pour acquises. Les universités sont un élément essentiel d’un Canada dynamique et concurrentiel.