Ce texte d’opinion a été publié dans le Hill Times le 17 août 2015.
Par Elizabeth Cannon, rectrice et vice-chancelière de la University of Calgary
Dans quelques semaines, près d’un million d’étudiants au premier cycle partiront vers les campus d’un peu partout au pays. Environ le quart d’entre eux vivront leur première rentrée universitaire, entamant un parcours qui changera leur vie. Les rencontres qu’ils feront, les cours qu’ils suivront et les projets qu’ils entreprendront à l’extérieur des cours façonneront leur avenir, et celui du Canada.
De quoi sera fait cet avenir? Qu’est-ce qui attend ces étudiants une fois diplômés?
Les étudiants d’aujourd’hui se préparent à un apprentissage qui durera toute leur vie. Ils intégreront un marché du travail en évolution rapide, où beaucoup des postes les plus en demande n’existaient même pas il y a 15 ans. Ils devront être adaptables pour composer avec de nouveaux défis, de nouvelles compétences et de nouvelles possibilités.
Le Canada doit former davantage de diplômés universitaires hautement qualifiés pour remédier aux pénuries à venir sur le marché du travail. Selon les projections du gouvernement canadien, plus de 5,8 millions de postes devront être pourvus entre 2013 et 2022. De ce nombre, plus de 65 pour cent exigeront une formation postsecondaire.
Les universités canadiennes prennent les moyens pour doter les diplômés de l’expérience, des compétences et de la souplesse nécessaires pour réussir sur le marché du travail en leur permettant entre autres d’acquérir une expérience pratique en recherche, souvent dès leur première année d’études.
Les employeurs d’aujourd’hui veulent plus que des diplômés. Ils cherchent des employés qui peuvent aborder des problèmes ouverts et collaborer créativement avec des gens de tous horizons. Un sondage réalisé par le Conseil canadien des chefs d’entreprise en 2013 a révélé que les capacités de résolution de problèmes, de communication, de leadership et d’analyse sont parmi les plus recherchées par les employeurs au moment de l’embauche.
On entend souvent parler du rôle des programmes d’enseignement coopératif, des stages et d’autres types d’apprentissage pratique dans l’acquisition de ce large éventail de compétences. Plus de la moitié des étudiants inscrits au premier cycle participent à une expérience d’apprentissage intégré au travail pendant leurs études. On entend cependant moins souvent parler des activités de recherche pratique qui font pourtant partie intégrante des activités d’apprentissage par l’expérience.
Les compétences en recherche peuvent et doivent être acquises très tôt. L’exploration de questions ouvertes, que ce soit dans un laboratoire ou une bibliothèque, nourrit la curiosité et la passion pour la résolution de problèmes et aide les étudiants à réussir sur le marché du travail.
L’expérience en recherche en début de parcours universitaire permet aux étudiants d’acquérir un capital de connaissances qui les distingue de leurs pairs. Elle leur permet également d’explorer un sujet qui les passionne et d’acquérir ainsi une perspective et un savoir qui les aideront dans leur choix de carrière.
Un sondage réalisé en 2012 auprès d’étudiants canadiens au baccalauréat a révélé que 58 pour cent d’entre eux sont exposés aux travaux de recherche de leurs professeurs. C’est un bon début, mais les universités veulent en faire davantage.
Des universités de partout au pays donnent le ton en aidant les étudiants au premier cycle à mettre la main à la pâte dans le cadre de travaux de recherche. Certains établissements tirent parti de leur profil d’excellence en recherche pour offrir à la prochaine génération de penseurs et de décideurs de meilleures occasions d’apprentissage.
À la University of Calgary, nous intégrons la recherche à l’expérience d’apprentissage au premier cycle. Loin de faire de nos étudiants de simples consommateurs de savoir, nous voulons qu’ils acquièrent les compétences nécessaires pour produire de nouvelles connaissances dès le début de leur formation.
L’Université offre plusieurs bourses et programmes de recherche destinés exclusivement aux étudiants au premier cycle. Le Program for Undergraduate Research Experience (PURE), par exemple, offre des bourses qui permettent à des étudiants de toutes les disciplines de mener un projet de recherche indépendant pendant l’été, et ce, dès leur première année. Le Markin Undergraduate Student Research Program (USRP) dans le domaine de la santé et du bien-être offre des bourses aux étudiants au premier cycle qui s’intéressent à la recherche en santé.
Les étudiants qui participent à ces programmes se penchent sur des problèmes concrets dès le début de leur parcours universitaire. Karen Leung, étudiante en sciences et boursière du programme Markin USRP, a examiné la démence d’un point de vue interculturel, interrogeant des patients atteints de la maladie d’Alzheimer issus de quatre communautés culturelles et linguistiques du Canada. Jason Motkoski, étudiant en génie, a fabriqué et mis à l’essai un nouvel outil laser pouvant être manipulé par un bras robotisé utilisé en chirurgie.
Encadrés et dirigés par leurs professeurs, des étudiants comme Karen et Jason constatent par eux-mêmes à quel point la recherche fait progresser le savoir et permet de résoudre des problèmes concrets.
L’expérience en recherche pratique devient de plus en plus importante pour préparer les étudiants à la nouvelle réalité économique et professionnelle.
Lorsque des investissements majeurs, comme le Fonds d’excellence en recherche Apogée Canada, viennent renforcer la capacité de recherche des établissements canadiens, nous devons prendre conscience de leur valeur pour les étudiants, qui peuvent ainsi être exposés à des projets de recherche de calibre mondial. Nous devons également continuer d’investir pour offrir des expériences en recherche dès la première année d’études.
Pour tirer pleinement profit de l’apprentissage par l’expérience, et en particulier des activités de recherche pratique, il faut que les universités, les gouvernements et le secteur privé reconnaissent la valeur de ces expériences, qui forment des diplômés capables d’explorer des problèmes, d’analyser l’information et de trouver des solutions. Nous ne savons pas exactement de quoi sera faite l’économie de demain, mais nous savons que les gens qui s’y distingueront sauront réfléchir de façon créative et résoudre des problèmes, deux aptitudes que la recherche permet d’acquérir.