Cet article d’opinion a paru dans la Edmonton Journal le 8 mars 2018
par Melanie Humphreys, Dawn Russell, Vianne Timmons et Annette Trimbee
La semaine dernière le ministre des Finances Bill Morneau a déposé le budget de 2018, affirmant que la réussite future du Canada repose sur l’assurance pour chaque Canadien de travailler, et que « cela inclut les Canadiennes talentueuses, dévouées et ambitieuses ».
Nous voyons ces femmes travaillantes qui obtiennent un premier diplôme pour parfaire leurs compétences, et découvrent leur potentiel dans les salles de conférence et les laboratoires sur les campus de partout au Canda. Depuis que Grace Annie Lockhart a été la première femme de l’Empire britannique à obtenir un grade universitaire en 1875, elles sont de plus en plus nombreuses à se tailler une place dans le milieu. C’était un baccalauréat ès sciences conféré par la Mount Allison University, à Sackville au Nouveau-Brunswick.
En cette Journée internationale des femmes, parlons de ce qu’il convient de faire maintenant. Presque 150 ans après l’obtention de ce premier grade par une femme, il existe encore des écarts entre les hommes et les femmes. Malgré le fait que Mme Lockhart ait été une pionnière, dans le domaine des sciences, des technologies, du génie et des mathématiques (STGM), seul le tiers des titulaires d’un doctorat au Canada sont des femmes. Si on parle des postes de direction universitaires, l’écart se creuse : seul le quart des chefs d’établissement sont des femmes, une augmentation comparativement à 20 pour cent il y a seulement quelques années.
Ne vous méprenez pas, les femmes prennent leur place en recherche et dans les postes de direction dans le milieu universitaire. Mais les mesures prévues dans le budget de 2018 permettront d’accélérer la tendance.
Le fait que le gouvernement ait utilisé des analyses fondées sur l’égalité entre les sexes et la diversité pour chacune des dispositions budgétaires nous donne espoir de voir nos diplômés faire bientôt partie d’une main-d’œuvre, que ce soit dans le milieu universitaire ou à l’extérieur, qui respecte et récompense chaque individu en fonction de ses compétences et de ses contributions.
Le changement est proche. Les étudiants canadiens sont des chefs de file de l’égalité, de la diversité et de l’inclusion, et ils ne toléreront pas le statu quo. Nous sommes avec eux. Les universités prennent des mesures et nos travaux à cet égard vont au-delà de l’équité hommes-femmes. Ils portent aussi sur les minorités visibles, les Autochtones et les personnes handicapées qui sont aussi sous-représentés dans le milieu universitaire.
Alors que le ministre Morneau faisait son discours sur le budget mardi dernier, plus de 80 représentants du milieu universitaire étaient réunis à Québec pour participer à deux ateliers consécutifs portant sur l’inclusion et la diversité dans le milieu de l’éducation postsecondaire. Le premier atelier s’adressait à des dirigeantes d’universités, de collèges et d’instituts canadiens qui ont discuté de stratégies prometteuses pour faire progresser la réussite des femmes en enseignement supérieur.
Il y a du progrès. Les femmes occupent une proportion de plus en plus importante du personnel enseignant dans les universités du pays. Il y a un an, 40 pour cent du personnel enseignant dans les établissements postsecondaires étaient des femmes, comparativement à 36,6 pour cent en 2010.
Malgré le fait qu’il existe un écart salarial entre les hommes et les femmes au sein du corps professoral, cet écart est moins accentué que dans d’autres domaines d’emploi. En effet, les femmes gagnent, selon leur rang, entre 95 et 97 pour cent du salaire de leurs collègues masculins.
Les postes de direction sont cependant ceux où on pourrait faire place à la plus forte croissance. Vingt-cinq femmes sont chefs d’établissement parmi les membres que compte Universités Canada, y compris nous quatre. Nous savons que la mission universitaire sera remplie avec succès lorsque tous les membres du milieu seront appuyés dans la réalisation de leur plein potentiel.
L’année dernière, les universités ont adopté une série de principes d’excellence en matière d’inclusion. Par ces principes, nous nous engageons à intégrer les valeurs d’équité de diversité et d’inclusion dans notre quête d’excellence en matière d’enseignement, de recherche, d’engagement communautaire et de gouvernance. Nous nous engageons à attirer des étudiants, des professeurs, du personnel et des leaders de tous les horizons, en particulier des personnes appartenant aux groupes sous-représentés, et à favoriser leur réussite. Nous nous engageons à promouvoir l’équité, la diversité et l’inclusion, non seulement sur les campus, mais aussi dans les collectivités et dans l’ensemble du pays. Et nous nous engageons à créer et à maintenir en place des plans d’action qui permettront d’atteindre ces objectifs.
Voilà sur quoi portait le deuxième atelier de la semaine dernière. Le défi consiste à mettre ces principes en œuvre, comme nous avons pu le constater dans les discussions portant sur la manière d’intégrer ces valeurs aux plans d’action, à la gouvernance, à la recherche et à l’engagement communautaire des établissements.
Pendant les ateliers, nous avons applaudi aux dispositions budgétaires visant à améliorer le soutien accordé aux femmes, aux groupes sous-représentés et aux chercheurs en début de carrière dans les domaines des STGM. Nous sommes encouragées de voir que le gouvernement a répondu aux besoins que nous avions exprimés.
Les universités sont déterminées à faire avancer les choses. Nous n’avons pas attendu qu’une loi nous appelle à l’action. Les étudiants méritent de se voir représentés sur les campus et de constater que les discussions et les mesures garantissant l’équité, la diversité et l’inclusion vont au-delà des questions hommes-femmes. Ils doivent pouvoir, après avoir obtenu leur diplôme, envisager le marché du travail avec les mêmes aspirations pour leur carrière que celles qui les ont menés à poursuivre des études postsecondaires.
Melanie Humphreys, rectrice, The King’s University, Edmonton; Dawn Russell, rectrice, St. Thomas University, Fredericton; Vianne Timmons, rectrice, University of Regina; et Annette Trimbee, rectrice, University of Winnipeg, sont toutes membres du Groupe consultatif spécial sur le leadership des femmes d’Universités Canada.