Lettre d’opinion parue dans le Times Colonist le 11 septembre 2015.
par Allan Cahoon, recteur et vice-chancelier de la Royal Roads University
Le milieu de l’éducation postsecondaire, à l’instar de bien d’autres secteurs, est aujourd’hui confronté à des défis sur plusieurs fronts : faire plus avec moins, gagner en efficience et s’attaquer aux problèmes complexes de la société.
Un autre défi auquel est confronté le milieu consiste à modifier la perception de longue date selon laquelle les universités seraient des lieux réservés à l’élite, où des gens en toges s’accrocheraient aux traditions du passé. Cette perception donne l’impression que les universités sont déconnectées de la réalité actuelle.
Cette idée reçue est totalement fausse.
Recteur de la Royal Roads University depuis huit ans, je suis désormais le plus ancien recteur en exercice des six universités axées sur la recherche de la Colombie-Britannique. J’ai personnellement vu le système évoluer et s’adapter à notre époque – de manière certes imparfaite, mais réelle.
Rien ne contribue davantage à l’équilibre social que l’éducation. Elle constitue un investissement qui profite non seulement aux individus, mais à la société dans son ensemble. Les études montrent que l’éducation favorise la mobilité, permet d’avoir de meilleurs revenus au cours de sa vie, contribue à la santé, incite à l’engagement au profit de la société et accentue l’estime de soi.
Les étudiants, et en particulier ceux qui sont les premiers de leur famille à fréquenter un établissement postsecondaire, en sont bien conscients. La composition actuelle de l’effectif étudiant en témoigne de plus en plus.
Baladez-vous sur n’importe quel campus cet automne : vous y croiserez un très grand nombre d’étudiants issus de groupes non traditionnels, comme des adultes en apprentissage continu, des professionnels en milieu de carrière, des étudiants étrangers ou autochtones. Ceux qui suivent des cours à distance sont également de plus en plus nombreux.
Ces étudiants savent parfaitement ce qu’ils font. Ils ont leurs propres stratégies et des attentes différentes de celles des étudiants traditionnels. Ils veulent des possibilités d’apprentissage pertinentes et ciblées qui correspondent à leurs aspirations personnelles et professionnelles. Contrairement au stéréotype de l’étudiant traditionnel, ils ne se contentent pas d’attendre passivement qu’on leur inculque des connaissances.
Les étudiants d’aujourd’hui sont des partenaires actifs de leur éducation. Loin d’être passifs, ils font appel à des guides, à des éditeurs de contenus, à des mentors et à des professionnels avec lesquels ils peuvent travailler dans un esprit d’enrichissement mutuel.
Les étudiants ne voient plus l’éducation postsecondaire comme un rite de passage, mais plutôt comme un moyen de gagner en efficacité sur les plans personnel et professionnel.
Comme le précise le document B.C. Skills for Jobs Blueprint, les établissements postsecondaires répondent à l’évolution de leur clientèle en proposant des programmes et des contenus qui permettent d’acquérir les compétences en demande sur le marché du travail actuel, et celles qui devraient l’être au cours des années à venir.
Les universités proposent également des possibilités d’apprentissage par le service et intégré au travail pour faire en sorte que l’éducation corresponde à la réalité du monde du travail.
D’autres modifications se profilent à l’horizon : multiplication des programmes de certificats professionnels, diplômes spécialisés ou programmes abrégés et ciblés visant, par exemple, à obtenir de micro-titres de compétences correspondant aux besoins du marché du travail et des étudiants. Cumulées les unes aux autres, toutes ces modifications permettent d’obtenir des titres de compétences non traditionnels reconnus par les établissements et fort appréciés par le marché du travail.
Les étudiants – en particulier les professionnels en milieu de carrière – ont des emplois du temps chargés et recherchent une formation compatible avec leur horaire. Les programmes mixtes, qui combinent cours intensifs en classe et cours en ligne, comptent parmi les solutions qui permettent aux étudiants de continuer à travailler tout en étudiant. La Royal Roads University a été la première à proposer de tels programmes au Canada et continue d’évoluer dans ce sens.
Les universités proposent également des cours enregistrés, que les étudiants doivent visionner en ligne avant de se rendre en classe où ils participent à des discussions approfondies et à diverses activités.
Pourtant, certains estiment que le système n’évolue pas assez vite. En effet, c’est un défi constant. D’autres, à l’inverse, sont réticents au changement. Quoi qu’il en soit, en observant les progrès accomplis jusqu’à présent, on peut constater que nous parvenons à relever les défis en misant sur le long terme et dans l’intérêt des étudiants.
Le temps des tours d’ivoire est révolu. Les universités actuelles, même celles établies dans les murs de véritables châteaux, s’adaptent aux besoins des étudiants et de la société d’aujourd’hui. À nous de faire mieux pour en convaincre l’opinion.