26 décembre 2017
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Cet article d’opinion a paru dans La Presse le 26 décembre 2017

par Jacques Frémont, recteur et vice-chancelier de l’Université d’Ottawa

Il n’y a pas à dire, en 2017, l’époque des secrets de recherche est révolue. Celle-ci a cédé sa place aux collaborations internationales en recherche. À l’image de la chaîne de production des téléphones cellulaires que nous trimballons tous, qui sont la somme de nombreuses pièces provenant d’une dizaine de pays, la recherche passe maintenant par la coopération.

Impossible de le nier, le Canada a tout à gagner à se positionner comme un partenaire scientifique majeur de la Chine. Avec la publication du rapport de l’examen du soutien fédéral aux sciences, il est clair que la recherche fondamentale est indispensable au rayonnement international du Canada en recherche. Pouvoir compter sur une alliance stratégique avec la Chine, qui devient un incontournable en matière de recherche, permettrait au Canada de s’inscrire dans la mouvance internationale et d’effectuer des progrès importants en recherche.

Certaines universités canadiennes ont pris le taureau par les cornes et ont d’ores et déjà établi des partenariats prometteurs avec la Chine. Convaincue que les laboratoires conjoints sont la voie de l’avenir en recherche, l’Université d’Ottawa a signé une entente pour le premier laboratoire conjoint entre le Chinese Academy of Science et une université nord-américaine. Celui-ci permettra de faire avancer les travaux portant sur la biologie des systèmes dans le secteur biomédical, soit l’un des domaines d’expertises de l’Université d’Ottawa dans ses collaborations avec la Chine.

Ce n’est qu’un des nombreux exemples de l’Université d’Ottawa qui n’en est pas à ses débuts en termes de collaboration avec la Chine. En fait, depuis 2013, l’université Jiao Tong de Shanghai et l’Université d’Ottawa administrent un programme d’études médicales de premier cycle, le premier du genre en Chine.

Grâce à tous ces programmes communs et à l’attrait du Canada, c’est sans surprise qu’on accueille de plus en plus d’étudiants chinois en sol canadien pour leurs études. Cette tendance à la hausse met d’ailleurs en lumière que l’inverse est loin d’être vrai. En fait, encore trop peu d’étudiants canadiens se prévalent de la possibilité d’aller étudier à l’étranger. Le récent rapport Éducation mondiale pour les Canadiens : Outiller les jeunes Canadiens pour leur réussite au Canada et à l’étranger précise notamment la nécessité de permettre aux jeunes Canadiens d’obtenir une éducation internationale ainsi que ses nombreux avantages.

Il faut absolument que nos étudiants aillent chercher cette expérience étrangère en Chine  notamment parce qu’ils auront accès à des infrastructures de pointe pour étudier. Peu importe la durée du séjour, s’ils côtoient les étudiants chinois, les étudiants canadiens comprendront ce qui s’y passe et seront en phase avec des collègues chinois, ce qui sera une expérience bénéfique pour le reste de leur vie. Apprendre le mandarin comme troisième ou quatrième langue sera bénéfique puisque la Chine va continuer de s’imposer comme une force incontournable pendant des décennies.

La preuve : par sa collaboration avec l’industrie, son rôle économique et son intégration entre l’université et le milieu des affaires, la Chine est véritablement en train de secouer les colonnes du temple. La recherche fondamentale ne se fait pas uniquement dans les universités ou les laboratoires, mais aussi dans le secteur privé, ce qui est propice à l’intégration de la recherche fondamentale et appliquée.

La dynamique du milieu de la recherche en Chine est organisée comme le gouvernement canadien voudrait qu’elle le soit ici, notamment avec les super grappes. Le progrès réalisé par les Chinois dans le milieu de la recherche au cours des dernières années atteste que la mise en œuvre d’un plan clair, tel que celui proposé par le rapport de l’examen du soutien fédéral aux sciences, est la clé pour se tailler une place de choix en ce qui concerne la reconnaissance de la recherche à l’internationale.

Il est temps de prendre conscience qu’en raison des sommes importantes consacrées à la recherche en Chine, un financement accru voué aux collaborations internationales en recherche sera nécessaire pour permettre aux chercheurs canadiens de s’investir et contribuer à la même hauteur que leurs homologues chinois.

Bâtie sur des fondations solides qu’on entretient depuis plusieurs années déjà, la collaboration en matière de recherche entre la Chine et le Canada n’est que la prochaine étape d’une collaboration croissante depuis de nombreuses années. Le Canada ne doit pas laisser cette chance lui filer entre les doigts, et ce, faute de financement.

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