Le Canada ne peut se permettre de perdre une génération de chercheurs de talent

28 avril 2017
Headshot of Elizabeth Cannon, president, University of Calgary.

Cet article d’opinion a paru dans le Globe and Mail le 28 avril 2017

par Elizabeth Cannon, présidente, conseil d’administration d’Universités Canada et rectrice, University of Calgary

Prouvez-le.

Cette provocation de cour d’école peut faire taire bien des arguments, mais pour ceux qui ont l’esprit scientifique, c’est une mise au défi.

Le Comité consultatif sur l’examen du soutien fédéral à la science fondamentale a proposé au Canada un programme qui permettra aux jeunes esprits curieux qui sont prêts de faire leur preuve et qui les appuiera pour qu’ils deviennent la prochaine génération de chefs de file en recherche du Canada.

Présidé par David Naylor, le Comité présente une feuille de route pour maintenir notre position dans le milieu de la recherche scientifique et tracer la voie à suivre. Il offre un plan d’action visant l’excellence soutenue en recherche entreprise par les chercheurs dans toutes les disciplines.

Nous devons agir maintenant. Nous devons confier les plus grands problèmes aux cerveaux les plus brillants. Nous devons être concurrentiels, attirer le talent et le cultiver. L’enjeu est trop important pour que nous échouions.

Le rapport Naylor recommande entre autres d’accroître le soutien accordé aux chercheurs en début de carrière. Il s’agit d’un important appel à l’action. Le Canada ne peut se permettre de perdre une génération de chercheurs de talent parce qu’il ne leur offre pas un soutien adéquat. Dire que nous croyons, en tant que Canadiens, à la science n’est pas suffisant; il faut fournir l’infrastructure, les outils, le temps, l’espace et l’attention nécessaires pour se pencher sur les problèmes qui touchent le Canada et le monde. La science fondamentale – le type de recherche qui interroge et qui se projette si loin que ses applications dépassent l’imagination – bâtit l’avenir et renforce notre position à l’échelle internationale. Les Arthur McDonald, John Polanyi et Frederick Bantings de ce monde se nourrissent de ce type de recherche.

Aucun de ces lauréats d’un prix Nobel n’a commencé au sommet. Ils ont tous reçu l’appui de mentors et de chercheurs de haut rang qui les ont inspirés et formés. Les étudiants d’aujourd’hui ont besoin de la même chose.  En appuyant le talent, nous offrons aux futurs chercheurs des occasions exceptionnelles d’apprentissage.

Grâce au financement soutenu de la recherche et au talent de haut niveau qui choisit le Canada pour y effectuer de la recherche axée sur la découverte, les étudiants pourront profiter de ces occasions. Les investissements en recherche permettent de former les étudiants au premier cycle et aux cycles supérieurs pour devenir des moteurs de l’industrie, des leaders du gouvernement et des entrepreneurs – non seulement des universitaires.

Samuel Weiss, chercheur de calibre mondial en neurobiologie et lauréat d’un prix Gairdner, dirige la stratégie en matière de recherche sur le cerveau et la santé mentale à l’École de médecine Cumming de la University of Calgary, qui réunit plus de 330 chercheurs de neuf facultés. Plus de 400 étudiants au premier cycle, aux cycles supérieurs et au niveau postdoctoral y effectuent de la recherche sur le cerveau et la santé mentale. En trois ans, cette masse critique d’experts, d’étudiants et de stagiaires a attiré plus de 270 millions de dollars en financement externe et a réussi d’importantes percées en recherche clinique et fondamentale, ainsi que des innovations commerciales. Nous en bénéficions tous.

La présence de chercheurs de renom en attire d’autres. Ils forment ensuite de nouvelles équipes de penseurs, d’investigateurs et de collaborateurs dans l’intérêt de tous les Canadiens.

De nombreux étudiants apportent une contribution qui va bien au-delà des laboratoires. Après avoir travaillé en Alberta avec des dirigeants du monde entier dans le cadre du programme sur les interactions entre les microbes et leur hôte, la parasitologie et les maladies inflammatoires, ces étudiants ont entamé des carrières au niveau postdoctoral, en médecine vétérinaire, en santé publique, en technologie, en pharmaceutique et en communications. Ils sont devenus les innovateurs très convoités dans un contexte de concurrence mondiale.

M. Polanyi a écrit dans le présent quotidien « L’innovation doit s’appuyer sur des bases exposées à la négligence ».

Et il a entièrement raison. Le rapport Naylor nous invite à suivre une démarche globale en matière de recherche. Sans recherche fondamentale d’excellence, nous ne bénéficierons tout simplement pas de tous les avantages ultérieurs qu’elle procure sur le plan de l’entrepreneuriat et de l’innovation.

Nous devons également tenir compte du rôle essentiel des sciences humaines dans l’écosystème de recherche. Les problèmes complexes d’aujourd’hui font appel à une démarche axée sur la recherche multidisciplinaire. Le Comité recommande de mieux appuyer cette démarche, non seulement en acceptant les propositions de recherche multidisciplinaire, mais aussi en assurant aux chercheurs œuvrant dans des domaines comme le droit de la santé, l’anthropologie médicale et le design une place dans la structure de financement de la recherche au Canada. La recherche qui mène à des percées en politique publique et en innovation sociale a une incidence sur la vie quotidienne des Canadiens et doit être mieux soutenue.

Le Comité recommande également une attention stratégique et coordonnée à la collaboration internationale en matière de recherche, une amélioration de l’équité hommes-femmes en science et une augmentation substantielle du financement de la recherche axée sur la découverte.

La compétitivité mondiale du Canda en matière de recherche s’est érodée au cours des dernières années; le financement de source fédérale représente maintenant moins de 25 pour cent des dépenses en R-D dans le secteur de l’enseignement supérieur. Les autres pays nous dépassent.

Il est temps d’envoyer un signal fort à la communauté internationale indiquant que le Canada est un endroit où faire carrière, réussir à concrétiser ses idées et en constater les répercussions dans la collectivité. Il est temps de montrer que le Canada appuie la recherche à tous les niveaux et une grande diversité de chercheurs.

Le Canada a maintenant la possibilité de bâtir un écosystème de recherche de calibre mondial. Ce faisant, il pourra renforcer ses collectivités et améliorer la qualité de vie de tous les Canadiens. Nous le prouverons.

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