La stratégie d’innovation à long terme commence dès maintenant

27 janvier 2016
Students and professor observing a water tank in a laboratory.

Article d’opinion publié dans l’édition du 26 janvier 2016 du magazine Research Money, et l’édition du 8 février du Hill Times.

par Paul Davidson, président-directeur général, Universités Canada

Un vent de renouveau souffle au Canada. Malgré la chute du prix du pétrole et du dollar, le nouveau gouvernement fédéral se livre à de rafraîchissantes réflexions sur l’avenir du Canada. Des réflexions optimistes, porteuses d’espoir. Faisant toutefois face à la réalité, nous devons être ambitieux, mais réalistes dans notre quête visant à redonner au Canada sa place dans l’économie mondiale du savoir.

Le nouveau gouvernement se doit de miser sur le long terme, car ses grands projets ne se concrétiseront pas du jour au lendemain. Devant les problèmes économiques croissants, il lui faut jumeler sa vision à long terme à un travail acharné et à des investissements opportuns pour assurer au Canada un avenir meilleur.

Soulignons que le premier ministre a déjà visité certaines universités, où il a pris d’importants engagements liés à la recherche sur l’eau et sur les cellules souches. Le ministre des Finances, Bill Morneau, s’est lui aussi rendu sur plusieurs campus au cours de ses consultations prébudgétaires. Il y a pris connaissance des travaux novateurs et stimulants réalisés dans les universités canadiennes.

Ce gouvernement comprend bien l’énorme pouvoir de la recherche pour résoudre les problèmes les plus urgents au pays et dans le monde.

Pour relever les défis économiques croissants, il devient évident que des investissements opportuns doivent cibler l’infrastructure, l’innovation et la recherche.

Des investissements dans l’infrastructure sont prévus. La plateforme électorale des libéraux prévoit des investissements importants en transports en commun, en infrastructure sociale et en infrastructure verte – et dans un avenir pas si lointain. Cette solution à court terme aux difficultés que connait l’économie est indispensable pour bâtir un pays plus prospère à long terme.

Les universités peuvent y jouer un rôle considérable. Revenons en 2009, alors que le gouvernement a dû affronter une soudaine récession mondiale. L’une des mesures les plus efficaces aura été la création d’un programme conçu précisément pour renforcer l’infrastructure canadienne du savoir.

Les universités ont alors prouvé qu’elles pouvaient rapidement mettre en place une infrastructure stratégique – qui a d’ailleurs stimulé l’économie et la capacité de recherche à long terme du Canada. Il n’aura fallu que six semaines des discussions initiales au lancement du programme, et six mois de l’annonce à la mise en chantier des projets sur des campus de partout au pays.

L’entretien différé des universités se chiffre maintenant à plus de 8,4 milliards de dollars. Si la demande leur est faite, les universités peuvent mettre en chantier des projets qui stimuleront l’économie et renforceront nos capacités en matière d’enseignement supérieur, de recherche et d’innovation, aujourd’hui et pour les générations à venir.

Certains projets contribueront à l’innovation, c’est-à-dire à des installations et à des ressources qui permettent d’effectuer des travaux de recherche d’avant-garde et de créer de nouvelles technologies. L’innovation, qu’elle apporte des progrès technologiques ou des solutions de société, favorise le dynamisme des collectivités, la bonne santé des citoyens et l’efficacité des systèmes publics.

D’entrée de jeu, le gouvernement a montré qu’il saisissait l’importance de l’innovation. Comme le souligne la création du nouveau ministère de l’Innovation, des Sciences et du Développement économique, l’innovation assurera la prospérité du Canada.

L’engagement pris dans la plateforme électorale d’investir 200 millions de dollars par année, sur trois ans, dans une nouvelle stratégie d’innovation qui apportera un soutien accru aux incubateurs et aux accélérateurs est le bienvenu, tout comme celui d’investir 100 millions de dollars additionnels par année dans le Programme d’aide à la recherche industrielle. L’engagement de créer de nouveaux programmes coopératifs et des stages rémunérés est un autre bel exemple de mesures pour exploiter le jeune talent et favoriser son insertion dans notre nouvelle économie. Ces programmes aptes à engendrer le dynamisme peuvent être mis sur pied rapidement.

La création d’un nouveau poste de directeur scientifique et la nomination d’une scientifique comme ministre des Sciences envoient un message clair : les sciences sont un atout. Inutile de spéculer sur l’identité du directeur scientifique. On doit d’abord étudier attentivement son rôle et son mandat et établir comment ce poste cadre dans le milieu actuel de la recherche et de l’innovation.

Les premières indications sont encourageantes, mais le plus grand défi qui nous attend est peut-être de faire en sorte que la recherche canadienne reçoive un financement lui permettant d’être concurrentielle sur la scène internationale. Malgré des contraintes économiques et financières, le précédent gouvernement a protégé les investissements en recherche. Par contre, en tenant compte de l’inflation, le financement total destiné aux organismes subventionnaires a reculé de sept pour cent depuis 2007.

Malheureusement, de 2006 à 2013, le Canada a chuté du troisième au huitième rang parmi les pays de l’OCDE pour le volume des DIRDES (le pourcentage du produit intérieur brut dépensé en R-D du secteur de l’enseignement supérieur). Nos pairs étrangers augmentent le soutien consacré à la recherche en enseignement supérieur, et le Canada ne suit pas.

C’est pourquoi le gouvernement doit promettre un financement accru et non ciblé des budgets des trois organismes subventionnaires : les IRSC, le CRSNG et le CRSH. Même si les autres pays maintenaient le statu quo, il faudra des investissements de 3,5 milliards de dollars pour que le Canada reprenne son troisième rang pour le volume des DIRDES, d’où l’importance d’une stratégie à long terme.

Les investissements massifs dans la recherche au tournant du siècle portent maintenant leurs fruits; le Canada obtient bon nombre de prix internationaux. Le Conseil des sciences, de la technologie et de l’innovation souligne que les chercheurs canadiens remportent environ un prix international sur cinq.

Esprit d’initiative

Comme l’a précisé le premier ministre dans son discours au Forum économique mondial, les Canadiens sont un peuple diversifié et brillant qui possède un véritable esprit d’entreprise. L’avenir du Canada ne passe pas uniquement par les ressources à sa disposition; son esprit d’initiative est tout aussi crucial. Si nous investissons dans nos gens, dans nos établissements et dans nos idées, nous récolterons les fruits d’une prospérité sociale et économique.

Universités Canada portera ce message à Washington en février, à l’occasion de la rencontre annuelle de l’American Association for the Advancement of Science, ainsi que sur la Colline du Parlement, le 24 février, lors d’une réception où nous soulignerons les grandes réalisations de certains des meilleurs chercheurs canadiens.

Convenons-en, une stratégie à long terme n’a rien d’enivrant pour l’instant, mais c’est la clé vers un avenir meilleur. Si nous investissons dès maintenant pour dynamiser l’écosystème de recherche et d’innovation et pour bâtir l’infrastructure moderne qu’il lui faut, nous pouvons redonner au Canada une place de choix dans l’économie mondiale du savoir – et profiter de la prospérité qui s’ensuivra.

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