La mobilité étudiante est essentielle à l’avenir du Canada sur la scène internationale

02 décembre 2016
Students siting around table with books and laptop

Cette lettre d’opinion a paru dans le Montreal Gazette le 2 decembre 2016.

Par Nicolas Chapuis,  ambassadeur de la France au Canada et Suzanne Fortier, principale et vice-chancelière de l’Université McGill.

La prospérité du Canada est depuis longtemps tributaire d’une population instruite. Aujourd’hui, ce n’est plus suffisant. Pour être concurrentiel sur la scène internationale, le Canada doit veiller à ce que les nouveaux diplômés qui se joignent à la population active possèdent des compétences et une expérience internationales.

Les étudiants universitaires d’aujourd’hui sont ouverts sur le monde. Au cours de leurs études, ils apprennent, participent aux débats et créent des liens avec des milliers d’étudiants étrangers.

Alors, pourquoi si peu de Canadiens vont-ils enrichir leur expérience universitaire dans d’autres pays?

Les occasions ne manquent pourtant pas. Quatre-vingt-dix-sept pour cent des universités canadiennes offrent des séjours d’études à l’étranger. Et, selon les étudiants qui en ont fait l’expérience, ces séjours sont transformateurs; ils leur permettent de prendre de l’assurance et d’ouvrir leurs horizons, et favorisent leur avancement professionnel.

Chaque année, environ huit pour cent des étudiants de l’Université McGill font des études à l’étranger. À l’échelle du Canada, à peine 3,1 pour cent des étudiants au premier cycle à temps plein (environ 25 000) vont étudier à l’étranger. Pourtant, les employeurs cherchent de plus en plus à recruter des employés sensibilisés aux différences culturelles et ayant acquis des compétences internationales.

En fait, la plupart des étudiants hésitent à participer à cette aventure pour des raisons bien pratiques comme les coûts liés aux études à l’étranger et la perte de revenus d’emplois à temps partiel au pays.

Le Canada doit favoriser une culture de la mobilité chez les étudiants. L’enseignement en classe ne peut remplacer, par exemple, une immersion totale dans une collectivité en France. Les discussions que nous avons, qu’elles touchent la philosophie ou l’économie, la littérature ou la politique, dépendent de notre perspective. Comme le dit si bien C.S. Lewis, « ce que l’on voit et entend dépend de l’endroit où l’on se trouve ».

Voilà ce qu’a pu constater Siobhan « Chevy » Lazenby, récemment diplômée du Programme canadien d’études sur le terrain en Afrique de l’Université McGill, qui a voyagé au Kenya et en Tanzanie. « Tout ce que j’ai entendu en classe, au bout du compte, je l’ai appris sur le terrain, explique-t-elle. À la suite des expériences que j’ai vécues durant ce semestre – et de la réflexion qui a suivi – certaines choses qui me tenaient à cœur n’ont plus la même importance, et mes valeurs ont changé. Je comprends mieux la notion de privilège, beaucoup mieux que tout ce que j’aurais pu apprendre dans une salle de conférence. »

Les employeurs reconnaissent la valeur des employés qui possèdent des compétences interculturelles et une connaissance du marché mondial. À juste titre, environ 60 pour cent du PIB du Canada est le résultat d’échanges mondiaux. Pour conserver et enrichir ces relations commerciales, une meilleure compréhension du monde est requise.

Le Canada et la France jouissent par exemple d’une relation durable et d’une compréhension mutuelle : une histoire commune, une coopération en matière de gouvernance sur le plan social et de dossiers internationaux ainsi qu’une participation à l’Organisation internationale de la Francophonie. Toutefois, la France s’inquiète maintenant du fait qu’elle semble moins attirer les jeunes Canadiens.

L’an dernier, en vertu d’un accord spécial sur la mobilité des jeunes conclu entre la France et le Canada, 14 000 visas ont été délivrés – en un seul jour – à de jeunes Français qui souhaitaient venir travailler ou étudier au Canada. Par ailleurs, 11 900 étudiants ont fait une demande de visa en passant par la filière normale pour étudier au Canada. En revanche, à peine 2 500 étudiants et jeunes professionnels canadiens ont profité de cet accord pour aller vivre une expérience en France. Ce nombre étant beaucoup moins élevé qu’il y a 20 ans, la relation entre les deux pays pourrait s’estomper tout simplement parce que moins de Canadiens auront une connaissance de la France.

Afin de trouver des façons de changer cette tendance, nous avons participé mardi en compagnie d’ambassadeurs de l’Allemagne et du Mexique, à une discussion en table ronde qui portait sur l’importance des études à l’étranger et sur les solutions préconisées par nos gouvernements respectifs pour favoriser la mobilité des étudiants.

Nous devons intensifier nos efforts pour stimuler un échange permanent sur les plans de l’éducation, de la culture et de l’ouverture aux autres. Universités Canada recommande que le gouvernement fédéral investisse dans la mobilité internationale dont pourraient profiter 50 000 étudiants d’ici 2022. Un tel investissement, par ailleurs recommandé en 2012 par le comité consultatif fédéral sur la stratégie internationale en matière d’éducation, permettrait à nos étudiants d’être préparés à relever les défis de demain.

À titre de pays tourné vers le monde, le Canada ne peut se replier sur lui-même. Pour son avenir sur la scène internationale, il est essentiel d’offrir aux jeunes Canadiens des occasions d’apprendre et de tisser des liens à l’étranger.

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