Lettre d’opinion parue dans le Calgary Herald le 7 avril 2016.
Par Elizabeth Cannon, rectrice, University of Calgary
La perception canadienne des infrastructures évolue. Le budget fédéral du 22 mars le montre bien : cette vision ne se limite plus aux canalisations, aux ponts et aux autoroutes. Ceux-ci sont bien sûr essentiels, mais le Canada a également besoin d’infrastructures au profit des idées, à savoir d’environnements d’apprentissage de haute technologie, de campus écologiques, ainsi que d’installations de recherche de pointe qui favorisent la curiosité et la découverte.
L’investissement de deux milliards de dollars au profit de l’infrastructure postsecondaire annoncé par le gouvernement permettra aux étudiants et aux chercheurs d’avoir accès à des laboratoires modernes, aux technologies vertes et à une capacité de commercialisation accrue.
À Calgary, comme ailleurs au Canada, le besoin d’investissements dans les infrastructures universitaires et municipales est grand. Calgary est la ville canadienne qui affiche la plus forte croissance. Dans les années à venir, ses universités devront être en mesure d’accueillir un nombre accru d’étudiants. L’Alberta Advanced Education prévoit une importante pénurie de locaux d’ici 2022-2023 et un manque de 4 607 places à la University of Calgary.
À Calgary et ailleurs au Canada, la viabilité économique à long terme dépend de la capacité des universités à former une main-d’œuvre instruite et compétente. Un plus grand nombre d’espaces d’apprentissage sont nécessaires pour contribuer à la croissance et à la diversité de l’économie.
Comme les autres universités canadiennes, la University of Calgary dispose de nombreux projets de grande envergure prêts à être mis en chantier rapidement pour redonner du travail aux gens tout en dotant l’établissement de capacités à long terme en matière de recherche et d’innovation. Parmi ces projets figurent l’agrandissement d’un immeuble consacré à la recherche et la modernisation des laboratoires désuets. Ce projet, s’il se concrétise, permettra à l’Université d’accueillir 625 étudiants de plus. Les travaux de construction permettront de créer des emplois à raison de 584 années-personnes.
Si l’argent consacré aux infrastructures permettra de doter le Canada de meilleurs espaces consacrés à la recherche et à l’innovation, l’augmentation des budgets des organismes subventionnaires contribuera à concrétiser des idées provenant de ces organismes.
De l’ordre de 95 millions de dollars par année, il s’agit de la plus importante hausse du financement de la recherche axée sur la découverte depuis plus d’une décennie. Soulignons que ces investissements ne sont pas ciblés; c’est la découverte dans son ensemble qui en bénéficiera.
Il s’agit là d’un vrai progrès, qui contribuera à ramener le Canada parmi les chefs de file de la recherche. Le Canada a en effet glissé du troisième au huitième rang des pays membres de l’OCDE pour le financement de la recherche. D’autres investissements considérables seront nécessaires au cours des prochaines années pour redonner au Canada sa capacité concurrentielle à l’échelle internationale, mais l’augmentation des budgets des organismes subventionnaires est un pas dans la bonne direction.
Par son budget de 2016, le gouvernement reconnaît que l’innovation est impossible sans recherche axée sur la découverte. Or, l’innovation est un puissant moteur économique, que le gouvernement est déterminé à stimuler. Dans le but de « faire du Canada un centre de l’innovation mondiale », 800 millions de dollars seront consacrés au financement des réseaux et des grappes d’innovation dans le cadre de la future stratégie d’innovation du gouvernement.
Lors d’une allocution prononcée devant une chambre de commerce au lendemain du dépôt du budget, le ministre des Finances, Bill Morneau, a déclaré que les investissements « témoignent de notre conviction profonde que l’avancement des sciences fondamentales et le développement de la capacité intellectuelle représentent la fondation de l’innovation ».
Au cours des prochains mois, le gouvernement commencera à repenser sa manière de financer l’innovation et la croissance, en partenariat et en coordination avec le secteur privé, les provinces, les territoires et les municipalités, les universités et les collèges, ainsi que le secteur à but non lucratif. Les universités souhaitent jouer un rôle déterminant dans ce renouvellement du système d’innovation canadien, en gardant à l’esprit quels seront les besoins du pays au cours des dix prochaines années.
Le gouvernement investit également dans les cerveaux en aidant un nombre accru de Canadiens à accéder à l’université. L’accès aux études postsecondaires pour tous les Canadiens est essentiel à l’avènement d’une société canadienne équitable et prospère. Nous nous réjouissons des changements apportés au Programme canadien de prêts aux étudiants, qui simplifient l’aide financière et favorisent l’accessibilité à l’éducation postsecondaire. Des études postsecondaires de grande qualité constituent plus que jamais un objectif à la portée de l’ensemble des familles canadiennes.
Le Canada doit par ailleurs faire davantage pour combler le fossé qui sépare les Autochtones du reste de la population en matière d’éducation. Le budget fédéral jette de solides bases pour y parvenir. En prévoyant des investissements destinés à améliorer la qualité de l’eau potable, du logement, des soins de santé et de l’éducation de la maternelle à la 12e année, ce budget est porteur d’espoir pour les collectivités autochtones. Il met en place les fondements qui permettront aux enfants autochtones et à leurs familles de réaliser leur plein potentiel grâce à des études postsecondaires.
Le gouvernement comprend que les universités font le pont entre les personnes et les idées. Il est conscient qu’elles bénéficient aux étudiants, aux familles et aux collectivités, qu’elles génèrent des connaissances et qu’elles contribuent à commercialiser les bonnes idées. C’est la raison pour laquelle les universités sont essentielles pour faire de notre pays un chef de file en matière d’innovation.
Le budget fédéral est un tremplin vers l’excellence. Il contribuera à mettre en place les conditions nécessaires pour faire du Canada une nation axée sur l’innovation.
En somme, le budget de 2016 vise à tirer parti des capacités intellectuelles et du potentiel des Canadiens. Notre pays ne saurait faire de meilleur investissement.