30 mai 2018
Big group of people talking in front of an Emily Carr University building.

Cet article d’opinion a paru dans le magazine Options politiques le 30 mai 2018

par Ian Bird, président, Fondations communautaires du Canada et Paul Davidson, président-directeur général, Universités Canada

Les collectivités résilientes sont le fondement de sociétés prospères et stables. Alors qu’est-ce qui fait qu’une collectivité est résiliente? C’est d’abord et avant tout la connaissance : la capacité de reconnaître les bouleversements, de relever les défis et de saisir les occasions qui se présentent. Ensemble, les collectivités et les universités ont un extraordinaire pouvoir de générer cette connaissance et d’en tirer parti.

Un bouleversement peut se présenter sous plusieurs formes. Il peut être environnemental, social, économique. Au Canada comme ailleurs dans le monde, on le voit entre autres se manifester dans les répercussions des changements climatiques, dans les secteurs traditionnels que sont la pêche et l’agriculture, dans l’urbanisation et l’exode, dans les changements du marché du travail causés par les technologies comme l’intelligence artificielle, ainsi que dans les villes intelligentes résultant de l’Internet des objets.

Il existe une perception erronée voulant que les collectivités ne fassent que constater ce genre de changements, alors que dans les universités, les chercheurs les étudient. La création du savoir est ainsi souvent perçue comme un processus à sens unique, qui émane du milieu universitaire et se propage dans le monde.

En réalité, les collectivités possèdent une vaste connaissance du changement, des facteurs qui le sous-tendent et des répercussions qui en découlent. Elles ont même tendance à le réclamer pour concrétiser leur vision d’un avenir meilleur. Établir une relation symbiotique bilatérale entre collectivités et universités – à laquelle participe activement la collectivité en stimulant et en orientant la recherche et l’innovation — permettra de générer la résilience et la créativité nécessaires et de faire face aux bouleversements à venir. Pour ce faire, il faut amener la collectivité de l’extérieur du campus au cœur même de celui-ci, là où elle peut orienter les travaux des étudiants, des professeurs et du personnel.

L’échange bilatéral et l’acquisition de connaissances peuvent apporter un nombre infini d’avantages. La présence de la collectivité prenant part à la vie universitaire — que ce soit dans le cadre de partenariats de recherche, de transmission de connaissances ou d’activités sociales et culturelles — enrichit l’expérience étudiante, oriente les sujets de recherche et apporte une variété de points de vue. L’échange permet aux universités d’être là où leurs ressources intellectuelles sont les plus recherchées.

D’autre part, les collectivités ont accès à l’expertise en recherche et à l’innovation qui leur permet de comprendre les grands enjeux, de trouver des solutions et de saisir les occasions qui se présentent. Grâce aux relations internationales des universités, les collectivités peuvent établir des liens avec des homologues qui font face aux mêmes enjeux ailleurs dans le monde. La portée mondiale de ces relations peut être un puissant accélérateur d’innovation.

Fort heureusement, le Canada a à la fois le potentiel et l’occasion stratégique de devenir un modèle mondial de ces échanges de personnes, d’idées et d’innovation entre collectivités et universités. En fait, ces échanges ont déjà lieu dans de nombreux coins du pays.

À quoi ressemble, dans les faits, une collaboration université-collectivité fructueuse? Tout dépend de l’endroit; la souplesse fait partie intégrante de la démarche. Il s’agit de tirer parti de toute la gamme d’atouts et de capacités que possèdent à la fois les collectivités et les universités, ainsi que d’établir le type de partenariats et de mécanismes qui permettront de maximiser ces forces.

Par exemple, la ville d’Oshawa a créé un partenariat avec la University of Ontario Institute of Technology (UOIT), la Trent University, la University of Toronto et le Durham College pour créer une « ville d’enseignement », faisant ainsi d’Oshawa un laboratoire vivant pour explorer des enjeux urbains et commercialiser les résultats des travaux.

La Simon Fraser University en Colombie-Britannique collabore avec des partenaires des Premières Nations et la University of New-Brunswick au projet First Mile, qui effectue de la recherche et documente la mise en œuvre de l’infrastructure à large bande afin d’établir des pratiques exemplaires et donner accès aux avantages de la connectivité technologique aux peuples des Premières Nations de partout au pays.

Les sociétés prospères ont de tout temps assuré leur résilience grâce à ce genre de collaboration entre collectivités et lieux du savoir, où l’on s’interroge et où l’on s’enrichit. Ultimement, c’est du potentiel humain qu’il faut tirer parti, puisqu’il est notre principal atout.

Le Canada a la possibilité d’être un leader à cet égard. Aucun autre pays n’a encore officiellement conclu d’échange entre les universités et les collectivités qui soit essentiel à son évolution économique, sociale et culturelle. Notre pays dispose du potentiel nécessaire pour en faire une réalité ici même, et acquérir ainsi un avantage concurrentiel au sein de l’économie mondiale en pleine évolution.

À l’échelon local, les universités sont des partenaires de choix pour aider les municipalités à planifier leur avenir à la lumière des tendances sociales, économiques et démographiques. Sur la scène fédérale, étendre la portée des programmes d’apprentissage intégré au travail afin de placer un plus grand nombre d’étudiants dans les organisations communautaires et gouvernementales contribuera à apporter un nouveau savoir et de nouvelles idées à la planification communautaire. Nous recommandons aussi d’inclure les entreprises à vocation sociale – que les universités et les collectivités canadiennes ont établi ensemble de longue date – au programme d’innovation du Canada.

Il ne s’agit que de quelques exemples illustrant la manière dont les gouvernements peuvent mobiliser les réseaux universitaires dans tous les secteurs – y compris les partenariats avec l’industrie – afin de renforcer nos collectivités. Et lorsque nos collectivités sont aux prises avec d’importants défis à relever, le pouvoir rassembleur des universités peut contribuer à l’objectivité et à la neutralité du processus décisionnel et à faire en sorte qu’il s’appuie sur des données.

Les engagements de la part des universités des collectivités et des divers ordres de gouvernement peuvent faire en sorte que ce type d’échange devienne un objectif stratégique, et par la suite, une réalité dans l’intérêt de tous les Canadiens. Les collectivités s’en trouveront renforcées et prêtes à relever les défis et à saisir les occasions que leur réserve le siècle actuel.

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