Discours inaugural d’Elizabeth Cannon, rectrice et vice-chancelière de la University of Calgary et nouvelle présidente du conseil d’administration d’Universités Canada, prononcé le 28 octobre 2015 à l’occasion des réunions des membres d’Universités Canada

Le texte prononcé fait foi.

Chers collègues et amis, je suis honorée et ravie d’être ici et de m’adresser à vous aujourd’hui en tant que présidente du conseil d’administration d’Universités Canada.

Ces réunions des membres constituent nos toutes premières réunions complètes sous l’appellation Universités Canada, notre nouveau nom annoncé il y a six mois lors des réunions précédentes. Il a été très facile de passer de notre précédent nom – l’AUCC – à un nom plus bref, qui reflète mieux qui nous sommes et ce que nous faisons. Les changements ne sont pas tous aussi simples.

L’ampleur et le rythme des changements qui se produisent autour de nous sont vraiment remarquables. Il suffit de songer à certains des événements survenus en ce mois d’octobre.

Le 5 octobre, la négociation de l’accord de Partenariat transpacifique s’est achevée avec la participation du Canada. Bien que les détails de cet accord n’aient pas encore été rendus publics, la simple existence d’un projet d’accord témoigne des changements importants à venir, porteurs de craintes comme d’espoirs en matière d’emplois, d’économie et de possibilités, mais aussi en ce qui a trait aux conséquences de l’intégration croissante du Canada à l’économie mondiale sur notre manière de vivre et de travailler.

Le lendemain, 6 octobre, le prix Nobel de physique a été attribué à Arthur MacDonald, de la Queen’s University, et à son collègue japonais Takaaki Kijita, de l’Université de Tokyo, pour leurs recherches qui ont montré que les neutrinos produits par le soleil se modifient pendant leur parcours vers la Terre. Cette découverte, qui permet d’expliquer les observations jusqu’alors déconcertantes concernant les émissions énergétiques du soleil, n’aura évidemment aucune application pratique immédiate. D’ailleurs, personne ne s’attendait à ce qu’elle en ait. Aura-t-elle une influence sur l’informatique quantique? Ou aidera-t-elle à maîtriser la fusion nucléaire? À l’heure actuelle, nous ne pouvons que nous poser la question, tout en félicitant ces chercheurs pour leur remarquable contribution à notre monde.

Octobre a été marqué par un autre événement qui aura quant à lui des répercussions beaucoup plus immédiates sur la vie des Canadiens : l’élection d’un nouveau gouvernement fédéral. Il s’agit en fait d’un gouvernement majoritaire, ce qui vient atténuer l’incertitude ambiante et témoigne d’un vrai désir de changement de la part de la population. La Chambre des communes accueillera 214 députés parmi lesquels 14 sont de retour et 200 en seront à leur tout premier mandat à Ottawa. La Chambre des communes comptera plus de femmes que jamais, et un nombre record de membres des minorités visibles.

Cette évolution nous rappelle que nous vivons à une époque marquée par des changements constants et de plus en plus rapides.

Notre époque est à l’image du milieu de l’enseignement supérieur. Les universités ne craignent ni l’incertitude ni la complexité. Nous contribuons au changement, y réagissons, et aidons les autres à y faire face. À l’heure où le changement s’accélère, nous sommes conscients que notre rôle devient de plus en plus important. Nous savons de quelle manière les gens et les États doivent affronter le changement. Nous devons savoir qui nous sommes, où nous en sommes et quelles sont nos valeurs. Nous devons aussi être au fait du contexte actuel et de son évolution. Enfin, nous devons avoir une vision de ce qui nous attend, une idée de là où nous allons.

Les universités sont aussi importantes en cette ère de changement que peut l’être un GPS sur la route. En tant qu’ingénieure dont les recherches portent justement sur les systèmes de positionnement global, j’ai souvent recours à cette analogie. Quand on ne dispose que d’une carte sur laquelle on ne parvient pas à se situer, il peut être difficile de trouver son chemin.

En revanche, c’est très simple avec un GPS. En constante communication avec les satellites en orbite, il calcule la position en temps réel pour indiquer immédiatement le bon parcours jusqu’à destination. En cas de détour, le GPS nous ramène sur le bon chemin.

Les universités et la formation qu’on y acquiert nous aident à atteindre l’objectif que nous nous sommes fixé, non pas en proposant un seul parcours, mais un peu comme les GPS, en permettant en permanence de corriger notre parcours ou d’opter pour un autre itinéraire. Les universités nous procurent les compétences et l’esprit critique nécessaires pour nous adapter en permanence. Il a toujours été important de le faire, et ce l’est maintenant plus que jamais.

Les universités nous guident en fonction de la réalité actuelle. Elles ne nous cantonnent pas à une seule voie. Elles nous aident à être résilients, réactifs, créatifs et polyvalents, en tant qu’individus et en tant que nation.

Pour servir le Canada et les Canadiens, les universités doivent pouvoir compter sur l’équivalent de ce que sont les satellites pour les GPS : des moyens de rester fidèles à ce qu’elles sont et à leur mission. Nous devons évoluer en respectant certaines constantes, ce que nous faisons d’ailleurs. Ces constantes, ce sont nos valeurs fondamentales.

En vertu de leurs valeurs fondamentales, les universités doivent avant tout être des lieux accessibles, participer activement à la société et s’employer à la rendre meilleure. Les universités doivent constamment chercher la vérité, former les prochaines générations, créer et transmettre de nouvelles connaissances. Pour y parvenir, elles doivent être libres d’explorer, de mettre au défi et de remettre en question, en toute impartialité. Cette liberté doit s’exercer en toute ouverture et de manière responsable et transparente, dans le cadre non seulement de la recherche individuelle, mais également du fonctionnement.

Ces valeurs doivent constamment guider notre action. Elles sont une boussole, un repère pour le Canada dans un monde en perpétuelle mutation.

Mais surtout, nous ne devons pas oublier que les universités existent et ont toujours existé pour rendre le monde meilleur. C’est vrai aujourd’hui et c’était vrai il y a mille ans. Toutefois, la manière dont nous nous employons à rendre le monde meilleur évolue constamment.

C’est pourquoi Universités Canada compare toujours le contexte actuel à nos valeurs fondamentales, pour déterminer et peaufiner nos engagements envers les Canadiens. C’est ainsi que nous veillons à ce que les universités réfléchissent et réagissent aux besoins réels et actuels des Canadiens, afin de contribuer à maintenir le Canada à l’avant-garde des nations.

Cette année, nous avons revu nos engagements et je suis ravie de vous les énumérer :

Les universités s’engagent à doter les étudiants des compétences et du savoir dont ils ont besoin pour s’épanouir sur le plan personnel et professionnel, et ainsi contribuer à la réussite économique, sociale et intellectuelle du Canada.

Que signifie cet engagement? D’abord, que tout Canadien qui en a la capacité doit avoir la possibilité d’aller à l’université. Chacun devra mettre l’épaule à la roue et pouvoir s’épanouir en contribuant à l’avenir du pays. Cet engagement signifie également que la poursuite de la réussite s’inscrit dans la réalité et dure toute la vie. Elle ne s’arrête pas au premier titre de compétence, au premier emploi, et touche tous les aspects et toutes les phases de la vie de chacun, dans un monde en mutation.

Je me permets de citer l’exemple du Programme d’accès au génie de la University of Manitoba. Ce programme d’accès et de soutien aux études vise à permettre aux étudiants autochtones d’obtenir un diplôme en génie pour ensuite contribuer à bâtir un Canada meilleur, pour eux-mêmes et pour leur collectivité.

Mihskakwan James Harper est membre de la Nation crie de Sturgeon Lake, en Alberta. Son premier prénom signifie « Nuage rouge ». Il est étudiant de troisième année en génie mécanique. L’été, il est ingénieur de projet stagiaire chez Shell, à Fort McMurray. Après avoir intégré la University of Manitoba grâce à ses bonnes notes et à une bourse, il ne s’y est pas senti à sa place comme étudiant autochtone… jusqu’à ce qu’un ami lui parle du Programme d’accès au génie. Ça a tout changé pour lui.

Mihskakwan James Harper est aujourd’hui coprésident de l’Association des étudiants en accès au génie. Après avoir participé à divers programmes coopératifs, il obtiendra son diplôme en 2017. Un avenir radieux l’attend, tout comme la centaine de diplômés autochtones du Programme d’accès au génie. Il a récemment donné ce conseil à ses pairs étudiants dans le répertoire d’études autochtones 2016 de l’établissement :

« Les études sont le meilleur investissement qui soit pour votre avenir. Elles seront à la base du leadership que vous exercerez dans votre collectivité. Relevez ce défi : vous serez étonnés de ce dont vous êtes capables. »

Ces mots sont une transition parfaite vers notre engagement suivant :

Les universités s’engagent à viser l’excellence dans tous les aspects de l’apprentissage, de la découverte et de l’engagement communautaire.

 On aime beaucoup parler d’excellence dans notre milieu, mais il peut s’agir d’une notion ambiguë. L’excellence peut être prise au sens strict, ou au sens relatif. Au sens strict, elle exige que chaque examen, diplôme, projet de recherche et établissement agréé respecte une norme clairement établie, qui garantisse la valeur de ses réalisations.

Les universités canadiennes évaluent leur excellence en fonction des normes internationales. Nous savons que notre pays et ses citoyens font face à une concurrence mondiale. Nous sommes donc attentifs aux pratiques exemplaires et nous nous comparons aux meilleurs.

L’excellence peut aussi avoir un sens relatif. La qualité n’est pas tout : la passion compte aussi, et sur ce plan, nous ne devons avoir aucune limite. Nous ne poussons pas seulement les étudiants et les chercheurs à se surpasser; nous mettons tout en œuvre pour les soutenir, les encourager, les stimuler et les inspirer afin qu’ils mettent eux-mêmes la barre plus haut pour l’avenir. En somme, les universités poussent chacun à aller au-delà de ce dont il se croit capable.

L’expérience de « Nuage rouge » James Harper et celle de centaines de milliers d’autres Canadiens, dont moi-même, en témoignent.

Pour les universités canadiennes, l’excellence consiste à constamment soutenir et financer la recherche de calibre mondial, à innover dans leur manière d’enseigner, à générer de nouvelles connaissances en stimulant les plus brillants cerveaux, à collaborer avec des partenaires clés, au Canada et partout dans le monde, et à mobilier les ressources nécessaires pour répondre aux besoins changeants de la société.

C’est en attirant et en retenant les esprits les plus brillants, et en créant d’importants partenariats, que nous sommes en mesure d’honorer notre engagement suivant :

Les universités s’engagent à offrir des expériences d’apprentissage riches et variées.

Nous travaillons à enrichir les possibilités d’apprentissage parce que nous devons répondre aux besoins des étudiants où qu’ils se trouvent et les aider à accomplir quelque chose d’unique et de pertinent qui tienne compte de qui ils sont. Nous devons veiller à ce que chaque chercheur dispose du tremplin, des ressources et de l’équipe nécessaires pour progresser dans son domaine.

Il n’y a pas qu’une manière d’apprendre. Il n’existe pas qu’un parcours menant à la découverte. Chacune des collectivités où se trouvent nos universités est unique. Les étudiants qui viennent à nous ont bénéficié d’un large éventail de styles d’apprentissage. Leurs besoins et leurs objectifs sont divers. Il n’existe donc pas de démarche unique pouvant convenir à tous, et nous sommes conscients que les universités n’ont pas le monopole de l’apprentissage. À l’échelle locale et internationale, nous devons forger des partenariats avec les collectivités et les organisations du secteur public qui partagent nos objectifs. C’est essentiel pour aller au-delà de ce que chaque établissement peut accomplir seul.

Nous devons explorer de nouvelles méthodes pédagogiques et proposer un large éventail d’expériences qui permettent à nos étudiants, à nos chercheurs et aux membres des collectivités locales de composer leur propre parcours d’apprentissage. Il faut pour cela multiplier les types d’apprentissages proposés en classe. Il faut également promouvoir un apprentissage par la pratique axé sur les programmes coopératifs et les stages, les expériences de recherche, l’initiation à l’entrepreneuriat, la possibilité d’effectuer des études à l’étranger et l’usage des nouvelles technologies.

Récemment, cinq étudiants au premier cycle de la University of Waterloo ont mis au point une substance qui prévient les gens dès que leur écran solaire cesse de les protéger. La Fondation James Dyson a considéré qu’il s’agissait là d’une des plus grandes inventions de l’an dernier. Grâce à leur créativité, à leur esprit d’entreprise, à leur ambition (et à leur participation à un programme coopératif en entrepreneuriat), ces étudiants sont parvenus à mettre sur pied une entreprise avant même d’avoir terminé leurs études.

Cette possibilité d’effectuer de la recherche au premier cycle et de lancer une entreprise en étant encore étudiants illustre le type d’expériences d’apprentissage enrichies que nous voulons offrir à tous les étudiants.

Le talent remarquable qui se trouve dans nos universités permet d’offrir toutes ces possibilités aux étudiants et nous permet d’être à la hauteur de notre engagement suivant :

Les universités s’engagent à confier aux plus brillants la résolution des problèmes les plus pressants à l’échelle mondiale, nationale, régionale ou locale.

Où trouvons-nous ces brillants cerveaux? Nous les formons. Nous les attirons. Nous les retenons. Et nous leur donnons les moyens de leurs ambitions en leur assurant un milieu de recherche riche, intéressant, solidaire, stimulant, pertinent et gratifiant. En somme, nous créons des milieux qui attirent et forment  les plus grands cerveaux, et qui leur permettent de travailler à ce qui les passionne.

Je crois que l’université est l’endroit idéal pour trouver des solutions aux problèmes épineux de notre époque. Les universités font partie intégrante du monde. Elles sont donc à même de comprendre ses problèmes, et même de tester les solutions à ceux-ci. En même temps, les universités sont légèrement à l’écart du monde, de sorte qu’elles ne sont pas contraintes de faire les choses de la même façon. Les universités forment leurs étudiants à réfléchir avec un esprit critique et à voir les choses de manière nouvelle. En clair : nous devons voir les choses différemment et nous appliquer à répondre aux besoins du monde.

Je pense, par exemple, à Gary Kobinger, qui a quitté l’Université de Pennsylvanie pour venir diriger les recherches sur le virus Ebola au Laboratoire national de microbiologie de l’Agence de la santé publique du Canada, à Winnipeg. En travaillant ensemble sous sa direction, son équipe et celle du U.S. Army Medical Research Institute of Infectious Diseases, de Frederick, au Maryland, ont mis au point un médicament appelé Zmapp qui a été administré en urgence à un petit nombre de personnes infectées par le virus Ebola en 2014. Toutes se sont rétablies.

Ce médicament fait actuellement l’objet d’essais cliniques aux États-Unis et au Liberia. M. Kobinger a décidé de s’installer au Canada. Il deviendra en juin prochain directeur du Centre de recherche sur les maladies infectieuses de l’Université Laval. C’est pour moi un bel exemple de collaboration au-delà des frontières et avec les gouvernements destinée à mettre les plus brillants cerveaux au service de la résolution des problèmes les plus pressants de notre monde. Mais c’est également un exemple de la manière dont le Canada peut attirer et retenir ces grands cerveaux.

La recherche universitaire canadienne produit des retombées à l’échelle internationale, mais elle contribue aussi énormément à la pérennité et à la prospérité des collectivités locales et des régions. Le cas de Barbara Neis, sociologue à la Memorial University, en témoigne parfaitement. Fruit d’un partenariat entre les collectivités et l’Université, son programme de recherche contribue à redynamiser les villages de pêches de Terre-Neuve-et-Labrador touchés par l’effondrement des stocks de morue de l’Atlantique dans les années 1990.

Des défis comme celui-là exigent une démarche interdisciplinaire tout en nuances. La disparition de leur moyen de subsistance traditionnel a bouleversé le fonctionnement de ces villages, la manière dont leurs habitants vivent, travaillent, se divertissent et se nourrissent. Des chercheurs issus des domaines de la science, des sciences sociales et des beaux-arts travaillent avec ces villages à trouver des moyens de leur redonner vie. En combinant savoir local et savoir universitaire, Mme Neis et son équipe ont mis au point des stratégies qui préservent les emplois et les écosystèmes de ces collectivités.

Notre engagement suivant souligne cette nécessité et ce pouvoir d’interagir avec les autres, à l’échelle des collectivités et au-delà les frontières :

 Les universités s’engagent à bâtir un Canada fort grâce à la collaboration et aux partenariats avec le secteur privé, les collectivités, le gouvernement et les autres établissements d’enseignement du Canada et du monde.

Compte tenu de leur mission et de leur mandat, les universités doivent s’employer à faire plus que ce qu’elles pourraient accomplir seules. Elles ne sont pas des îlots, mais font partie intégrante du monde. Pour rendre le monde meilleur, nous devons forger des liens solides et durables. Rien n’est plus urgent en cette époque de changement.

Nous nous sommes demandé plus tôt si la recherche sur les neutrinos pourra avoir une incidence sur l’informatique quantique. Ça reste à voir, mais l’informatique quantique est aujourd’hui une discipline d’une extrême importance, non seulement parce qu’elle pourrait donner naissance à des ordinateurs ultrarapides, mais aussi parce qu’elle pourrait conduire à une réelle sécurisation des données.

Professeur de physique à l’Institut de science et de technologie quantique de la University of Calgary, Christoph Simon travaille à la création d’un Internet quantique qui serait accessible partout dans le monde grâce à ce qu’on appelle un « réseau d’enchevêtrement ». Dans un monde où la sécurité sur Internet est de plus en plus menacée, il est urgent pour le secteur privé et pour le secteur public de bénéficier de communications sécurisées, partout dans le monde. Les travaux du professeur Simon sont reconnus et financés par le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada.

Les universités ne sont jamais plus utiles que lorsqu’elles servent de liens et de catalyseurs en assurant la mise en commun des idées et des ressources issues du secteur privé, du gouvernement, des collèges et des organisations communautaires.

Nous faisons notre part pour former et inspirer les plus brillants cerveaux, pour générer des connaissances et assurer leur mise en commun, et pour contribuer à l’émergence de bons citoyens et de leaders au sein de nos collectivités. Mais nous sommes des lieux de rencontre, des ateliers placés sous le signe de l’innovation, où nous invitons chacun à nous lancer des défis, à tisser des partenariats avec nous et à tester de nouvelles idées afin d’améliorer notre économie et notre société.

Nos valeurs fondamentales font de nous ce que nous sommes. Les engagements que je viens d’énoncer indiquent ce qui nous attend.

Mais qu’en est-il d’ici et de maintenant? Quand les Canadiens regardent leurs universités, que voient-ils? Qu’en pensent-ils? Comment les perçoivent-ils? Pour que les universités puissent aider le Canada à faire face à ce qui nous attend, elles doivent comprendre et refléter les points de vue et les aspirations des Canadiens qui les accompagnent sur ce chemin. Elles doivent être pertinentes aux yeux des collectivités. En juin dernier, nous avons entrepris une enquête pour déterminer comment les Canadiens perçoivent les universités.

Quelque 2 000 Canadiens et Canadiennes de plus de 18 ans représentant toutes les régions du pays, toutes les tranches d’âges, et tous les niveaux d’éducation y ont répondu. Les résultats de cette enquête sont extrêmement encourageants et montrent que nous sommes sur la bonne voie. Cette enquête fournit des données que quiconque en charge de l’élaboration des politiques publiques dans ce pays devrait comprendre.

Les Canadiens sont de toute évidence favorables au financement d’universités de qualité par le gouvernement. Ils estiment que le gouvernement doit investir dans la recherche fondamentale, bien qu’elle ne produise pas de retombées économiques immédiates.

L’écrasante majorité des Canadiens est consciente de la valeur de l’éducation en général, et en particulier de la valeur des universités en raison de leur vision à long terme, de leur mobilisation au service de grandes idées et du fait qu’elles forment les leaders de demain.

Les résultats de l’enquête montrent également que les Canadiens sont conscients que les universités sont d’importants moteurs de l’économie, qu’elles contribuent à la société et qu’elles procurent aux étudiants des expériences qui les transforment. Ces résultats sont très encourageants, car ils sont liés aux trois principales motivations des universités : l’innovation, l’engagement communautaire, et l’éducation. Nos engagements reflètent ces motivations, qui expliquent en grande partie pourquoi nous nous employons à renforcer nos partenariats avec les gouvernements, la société civile et le secteur privé.

Je pense que vous serez d’accord avec moi que nous devons progresser sur la base de ces préoccupations. Le moment est crucial pour le faire.

Avec l’arrivée de 214 nouveaux députés, l’annonce prochaine d’un Cabinet constitué de nouveaux ministres et l’arrivée d’un premier ministre qui a commencé sa carrière comme enseignant, nous avons aujourd’hui une occasion sans précédent d’insuffler une nouvelle réflexion à Ottawa et dans l’ensemble du Canada à propos de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation.

Nous sommes dans une position idéale pour faire en sorte que le sentiment déjà très répandu que les universités jouent un rôle central dans la réussite économique, sociale et culturelle du Canada se traduise par l’adoption de politiques publiques. Nous avons l’intention de profiter de ce moment de changement pour exercer une influence sur le discours politique et sur les personnes qui ont un rôle de chefs de file du Canada.

En plus du travail continue qu’effectue Universités Canada en appui à nos valeurs et à nos engagements, nous envisageons trois nouveaux domaines d’interventions :

Premièrement, accroitre la sensibilisation à l’enseignement supérieur et à ses retombées sur la Colline du Parlement. Nous veillerons activement à convaincre l’ensemble des 338 députés de la nouvelle législature de la valeur de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation.

Deuxièmement, insister sur le rôle des universités comme vecteurs d’un dialogue pertinent et comme lieux de réflexions sur les enjeux d’importance pour le Canada, en faisant appel à des chefs de file et à des champions à l’échelle du pays.

Enfin, troisièmement, nous veillerons à ce que les universités jouent un rôle pertinent à l’occasion du 150e anniversaire du Canada.

Ceci est lié à un autre important constat de notre enquête : les Canadiens reconnaissent et apprécient le rôle essentiel que jouent les universités au pays et ailleurs dans le monde, depuis des siècles. Le 150e anniversaire du Canada en 2017 sera donc l’occasion idéale de souligner et de célébrer cette relation profonde et durable.

Voilà, c’était un aperçu de ce qui nous attend. Nous avons une responsabilité commune : celle d’obtenir sans tarder un soutien durable à l’enseignement supérieur en cette période de changement. Les universités sont les vecteurs de la réussite du Canada, au pays et sur la scène internationale. Elles contribuent à la prospérité des Canadiens et des collectivités. Nous ne pouvons nous permettre de relâcher l’accélérateur.

Vous noterez que je parle de « responsabilité commune ». En disant cela, je pense à vous, mes collègues et nos partenaires. Chacun de vous est un leader éclairé et un précieux champion de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation. Nous avons tous bénéficié de l’existence des universités canadiennes, que nous les ayons ou non fréquentées. Et chacun de nous tirera profit du dynamisme d’un enseignement supérieur souple, novateur et solidement financé partout au Canada, à mesure que nous évoluerons individuellement, et ensemble, vers ce qui nous attend.

Chers partenaires présents dans cette salle, vous recevrez dans les mois à venir des invitations à participer à des initiatives dans vos collectivités au profit de l’enseignement supérieur et des universités. Je vous invite à y participer avec nous. Notre mission et notre mandat ne se définissent pas au profit des universités, mais plutôt au service des Canadiens, de l’apprentissage, de la croissance et de l’évolution du Canada.

C’est pourquoi, pour en revenir à mon analogie avec le GPS, je vous demande de rester constamment en contact avec trois satellites, trois points de référence, tout au long du parcours. Je vous invite d’abord à réfléchir, personnellement et consciencieusement, aux retombées durables que vos études ont eues sur chaque phase de votre vie. Je vous invite ensuite à être attentifs à la présence des universités dans vos collectivités et à leur capacité de forger des partenariats et des collaborations, de contribuer à la vie locale et régionale. Je vous invite enfin à être très attentifs aux discussions lancées par le nouveau gouvernement en poste à Ottawa. Portez attention à ses politiques et aux remarques des ministres et des députés en ce qui concerne l’éducation, la recherche et l’innovation. Soyez à l’affût des possibilités à saisir pour mettre en lumière la valeur de l’enseignement supérieur, partout au Canada.

Travaillons ensemble à faire progresser l’action des universités dans nos vies, dans nos collectivités, et dans l’intérêt national. Si nous y parvenons, je suis convaincue que le Canada saura demeurer sur la bonne voie, quelles que soient l’ampleur et la rapidité des changements.

Je vous remercie beaucoup, et je me réjouis à l’idée de poursuivre la discussion avec vous.

 

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