Au-delà des beaux discours, de véritables solutions au problème de la pénurie de compétences

09 juillet 2014
Headshot of Paul Davidson, president, Universities Canada.

Ce texte d’opinion a paru dans l’édition du 9 juillet 2014 du Charlottetown Guardian à l’occasion du 150e anniverssaire de la Conférence de Charlottetown.

Une version légèrement modifiée de cet article a paru le 2 août dernier dans le journal Le Madawaska d’Edmonston, Nouveau-Brunswick.

par Paul Davidson, président-directeur général de l’Association des universités et collèges du Canada

Il y a 150 ans, les Pères de la Confédération se réunissaient à Charlottetown pour repenser l’avenir. Cette semaine, des dirigeants se réunissent à l’Île-du-Prince-Édouard, non pas dans le but de fonder un nouveau pays, mais plutôt pour repenser l’acquisition des compétences et placer le Canada  sur la voie de la prospérité.

En rassemblant des intervenants clés (ministres provinciaux de l’Éducation et de l’Emploi, éducateurs et dirigeants d’entreprises du Canada et de l’étranger) le colloque Compétences pour l’avenir offre l’occasion de trouver des réponses à nos besoins en matière de main-d’œuvre, à l’heure actuelle et pour les années à venir.

On a beaucoup parlé d’une pénurie de main-d’œuvre qualifiée au Canada, sans toutefois réussir à remonter à la source du problème et à intervenir là où se dressent les véritables obstacles. Malheureusement, la rhétorique a évincé les faits et les récits anecdotiques ont pris le pas sur les données fiables. Il faut que cela change.

Pour bien faire les choses en matière d’éducation et de formation, et ainsi rendre le Canada plus prospère, trois conditions sont nécessaires : disposer de renseignements exacts et fiables sur le marché du travail, adopter une démarche qui englobe tous les établissements d’éducation postsecondaire (universités, collèges, établissements polytechniques et écoles de métiers) et assurer la collaboration entre les gouvernements, les éducateurs et les entreprises.

Les récents efforts visant à promouvoir les métiers spécialisés au détriment de la formation universitaire entraînent le Canada sur la mauvaise voie. Le discours selon lequel une génération entière de diplômés universitaires serait perdue est vide et destructeur – en particulier lorsque les données démontrent que ces mêmes diplômés jouissent d’un haut taux d’emploi et de revenus élevés.

Les étudiants ne doivent pas fonder leur choix de carrière, pas plus que les gouvernements doivent baser leurs décisions stratégiques, sur des idées reçues, des récits anecdotiques ou des reportages sur la situation aux États-Unis, où le système est très différent du nôtre.

Il faut également résister à la tentation de nous concentrer uniquement sur nos besoins à court terme, dans un horizon de six ou 12 mois. Nous devons plutôt entrevoir ce dont aura besoin le Canada dans cinq, 10, 20 ans, ou dans un horizon encore plus lointain.

J’ai été ravi de voir émerger un consensus à ce sujet lors du Sommet national sur les compétences organisé par le ministre de l’Emploi et du Développement social du Canada, Jason Kenney et tenu à Toronto le 25 juin dernier. Les dirigeants du milieu des affaires, du gouvernement et du secteur de l’éducation qui ont participé à la rencontre ont souligné la nécessité d’adopter des solutions à long terme et d’améliorer la collaboration. La décision du gouvernement fédéral d’investir afin d’améliorer l’information sur le marché du travail est une bonne nouvelle à cet égard.

Il importe également de prendre conscience des défis que doit relever le Canada en matière de compétences sur plusieurs fronts à la fois. Le pays a sans doute besoin de plus de plombiers et de soudeurs, mais la demande en diplômés des universités ne diminue pas pour autant. Dans un contexte économique mondialisé et en constante évolution, il nous faut davantage de diplômés des universités, des collèges et des écoles de métier pour réaliser notre plein potentiel collectif. Les employeurs d’aujourd’hui ont besoin de personnel hautement qualifié à tous les échelons – de l’atelier de production aux bureaux de la direction.

En fait, une récente étude de la CIBC révèle que les professions les plus en demande à l’heure actuelle au Canada requièrent un diplôme universitaire. Pourtant, on constate que le pays a chuté du cinquième au 15e rang des pays de l’OCDE en ce qui a trait à la fréquentation universitaire.

Les gouvernements, les entreprises et les éducateurs doivent également créer plus de possibilités d’apprentissage par l’expérience pour tous les étudiants, comme les stages et les programmes d’enseignement coopératif. Nous disposons de bases solides : aujourd’hui, la moitié des étudiants au premier cycle universitaire font un stage ou profitent d’un placement travail-études au cours de leurs études. L’effectif des programmes coopératifs a bondi de 25 pour cent au cours des sept dernières années, et plus de 1 000 programmes de ce genre sont offerts dans 59 universités au pays.

Les universités sont à l’écoute et dynamiques. Quelque 45 universités canadiennes ont mis sur pied des programmes d’entrepreneuriat et offrent des ateliers, des locaux, du mentorat et d’autres types de soutien aux étudiants et aux chercheurs qui souhaitent commercialiser les produits et les services qu’ils ont conçus.

Resserrer des liens entre universités et employeurs de tous les secteurs permettra aux diplômés de perfectionner les compétences qu’ils appliqueront au cours de leur carrière.

Près d’un million de Canadiens obtiendront leur premier diplôme d’ici le début des célébrations du 150anniversaire du Canada, en 2017. Certains d’entre eux seront encore sur le marché du travail lors du bicentenaire du pays, en 2067.

En faisant bien les choses en matière de compétences, nous leur donnerons les outils nécessaires pour s’adapter au marché du travail tout au long de leur vie, et assurerons la prospérité du Canada pour les décennies à venir.

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