La pandémie a montré l’importance de se préparer aux éventuelles crises sanitaires afin de pouvoir affronter leurs conséquences sociétales et économiques. Les participants de l’activité « Propulsion » ont pu entendre Pieter Cullis, physicien et biochimiste récompensé de la University of British Columbia, présenter les mesures que peut prendre le Canada à cet égard.
Cullis a reçu de grandes distinctions internationales pour son travail sur les vaccins à ARNm, qui ont sauvé des vies partout dans le monde durant la pandémie. Ses travaux sont l’aboutissement de 40 ans de recherches exploratoires visant au départ à répondre à une simple question : pourquoi trouve-t-on des lipides dans les membranes, et quel rôle jouent-ils?
Animé par cette curiosité, il a découvert une méthode permettant d’administrer des médicaments anticancéreux à l’aide de nanoparticules lipidiques, une technique qu’il a éprouvée avec succès au sein de ses entreprises pharmaceutiques. Par la suite, des travaux de recherche ont montré que cette approche pouvait fonctionner avec d’autres particules, comme l’ARN et l’ARNm. Avec l’aide d’un immunologue de l’Université de Pennsylvanie, M. Cullis a adapté la technologie pour la vaccination, posant ainsi les bases des vaccins à ARNm que nous connaissons. Nous devons cet exploit à la curiosité de M. Cullis, et à sa capacité à repousser les frontières grâce à la recherche fondamentale.
La possibilité de faire des découvertes et de répondre à de grandes questions est un des aspects de la recherche qui passionne le plus M. Cullis.
« La recherche universitaire nous donne les moyens de repousser les limites de la compréhension, de trouver des pistes de solutions à des questions demeurées jusqu’alors sans réponse. C’est merveilleux. » – M. Cullis
Il explique que la découverte n’est pas un processus linéaire, et qu’il faut parfois passer par plusieurs mauvaises solutions avant de trouver la bonne.
Le succès spectaculaire des vaccins à ARNm contre la COVID-19 a pris la communauté scientifique par surprise.
« Tout le monde était stupéfait qu’on ait obtenu un vaccin à 95 pour cent d’efficacité. Du jamais vu. », raconte Pieter Cullis.
La clé de cet exploit, c’est l’esprit et la capacité de collaboration des chercheurs, qui a transcendé les domaines et les frontières, notamment grâce aux nouvelles technologies numériques.
Les vaccins à ARNm pourraient révolutionner la médecine et permettre de traiter des maladies de manière plus efficace et personnalisée. En outre, leur conception est assez rapide comparativement à celle d’autres traitements, qui demande parfois dix ans, voire plus.
« Concevoir la particule nanolipidique et l’ARNm est l’affaire d’un jour ou deux. Produire l’ARNm prend environ un mois, et préparer le médicament, une journée. En à peu près deux mois, on a un traitement ciblé et créé sur mesure pour un patient », explique-t-il.
Cette technologie pourrait être adaptée pour traiter le cancer, le VIH, la malaria et d’autres maladies, et sauver des millions de vies dans le monde.
Pour en arriver là, nous devons absolument continuer à investir dans l’écosystème de recherche canadien, et à y créer des emplois.
« Je pense qu’il faudrait doubler le budget de la recherche au Canada. De nombreuses études montrent les avantages d’un tel investissement, et soulignent qu’encourager la création d’entreprises qui restent au pays est extrêmement rentable. » – M. Cullis