Quelles sont les attentes des employeurs envers le milieu de l’enseignement supérieur canadien?

18 juin 2014
Headshot of Paul Davidson, president, Universities Canada

La version anglaise de cet article d’opinion a paru dans le Globe and Mail le 18 juin 2014.

Par Paul Davidson, président-directeur général de l’Association des universités et collèges du Canada.

Paul Soubry, président et chef de la direction de New Flyer, le plus important constructeur d’autobus et fournisseur de pièces en Amérique du Nord.

Quelles sont les qualités qui ont tant impressionné l’employeur de Dale Camuyong, étudiant en administration des affaires à la University of Manitoba et nommé stagiaire de l’année en 2013? Le fait qu’il travaillait à New Flyer, un constructeur d’autobus, porte naturellement à croire que ses compétences techniques très spécialisées ont été déterminantes. Or, les supérieurs de Dale Camuyong ont plutôt cité le remarquable éventail d’aptitudes et de qualités qu’il a démontrées : non seulement ses connaissances en matière de ressources humaines, mais également son leadership, son sens de l’initiative, son esprit d’équipe, son dévouement, son professionnalisme et son sens de l’humour.

Cet exemple témoigne d’une particularité importante de la relation entre les employeurs et les établissements d’enseignement supérieur au Canada. Chez les diplômés, les employeurs ne recherchent pas seulement des compétences hautement spécialisées, mais plutôt un vaste ensemble de qualités sociales – des compétences dites « générales » – nécessaires pour réussir sur le marché du travail actuel.

La nature exacte de ces compétences générales, et la mesure dans laquelle les universités, les collèges et les écoles de métiers du pays les enseignent font partie des questions les plus vivement débattues sur la scène politique et économique canadienne. La plupart des intervenants du secteur privé et du milieu de l’enseignement supérieur conviennent que l’un des fondements de la mission des établissements postsecondaires, voire leur raison d’être, consiste à former des diplômés qui répondent aux besoins du marché du travail actuel. Tous reconnaissent également qu’une bonne adéquation entre les besoins des employeurs et les compétences des travailleurs revêt une importance économique considérable.

Disposer de plus de données sur les besoins du marché du travail permettrait évidemment de mieux orienter le débat. Les employeurs, quant à eux, envoient toujours le même message : ils recherchent des candidats adaptés au travail collaboratif qui caractérise le marché actuel, soit des personnes dotées d’un esprit d’équipe et de bonnes aptitudes relationnelles, faisant preuve de leadership. Devant l’internationalisation croissante de leurs activités, les entreprises canadiennes ont de plus en plus besoin de travailleurs capables d’exercer leurs fonctions au-delà des frontières culturelles et nationales. Cette adéquation avec le milieu du travail est si précieuse que la plupart des employeurs préfèrent embaucher des employés possédant des aptitudes d’adaptation, quitte à leur offrir par la suite une formation spécialisée, plutôt que l’inverse.

Les universités, les collèges et les écoles de métiers du Canada savent que les employeurs leur demandent de mettre l’accent sur les aptitudes liées à la collaboration, à l’interculturalisme et à la dynamique d’équipe. Les universités excellent déjà sur ce plan et se préparent à aller encore plus loin dans les années à venir. Tous les établissements reconnaissent qu’il leur incombe de cultiver chez leurs étudiants la faculté d’adaptation requise dans un marché du travail en constante évolution, où les réorientations de carrière sont de plus en plus fréquentes. Todd Hirsh, économiste en chef à ATB Financial, le faisait remarquer dans ces pages le mois dernier : « Le but de l’éducation postsecondaire, tant dans les facultés d’arts libéraux que dans les écoles polytechniques, est de préparer les étudiants non pas à occuper un emploi, mais à entreprendre un long parcours professionnel en constante mutation. »

À bien des égards, les universités s’acquittent déjà bien de cette tâche. Selon un sondage réalisé par le Conseil canadien des chefs d’entreprise, la plupart des grands employeurs du pays sont satisfaits ou très satisfaits de la qualité de la formation des diplômés des universités qu’ils embauchent. Les programmes de stages et de travail-études auxquels participent déjà la moitié des étudiants au premier cycle contribuent également à créer l’adéquation avec le milieu du travail que recherchent les employeurs.

Il reste cependant beaucoup à faire pour former des diplômés qui répondent aux besoins du marché du travail actuel. Il serait d’abord bon de reconnaître qu’une diversité de types de formation est nécessaire, des grades universitaires supérieurs aux études collégiales, en passant par la formation dans les métiers spécialisés. Rien ne sert de privilégier un type de formation au détriment des autres; le fait que le pays ait besoin de plus de plombiers ou de soudeurs ne signifie pas pour autant qu’il ait moins besoin de diplômés en histoire et en urbanisme.

Les décideurs pourraient pour leur part adopter une définition plus large des compétences à privilégier en enseignement supérieur; ne pas se concentrer uniquement sur le savoir-faire technique, mais aussi sur le travail d’équipe, la réflexion multidimensionnelle et les aptitudes interculturelles. Ils devraient également garder à l’esprit la nécessité de former des travailleurs qui sauront s’adapter à une carrière et à un marché appelés à évoluer de plus en plus vite. Les décideurs devraient donc faire front commun avec les entreprises et les établissements postsecondaires pour recueillir et analyser des données probantes sur le marché du travail, afin de prendre des décisions éclairées en matière d’éducation postsecondaire au Canada. Enfin, les responsables des politiques doivent être prêts à financer des stages et à offrir une expérience internationale aux étudiants canadiens afin qu’ils puissent acquérir les compétences générales tant prisées par les employeurs.

Nul ne peut prédire les futurs besoins du marché du travail, mais nous savons que la souplesse, la polyvalence et la capacité d’adaptation y seront essentielles. Si les intervenants du secteur privé, les établissements d’enseignement supérieur et les décideurs collaborent étroitement pour concrétiser cet idéal, les étudiants, les travailleurs, les employeurs et l’économie canadienne dans son ensemble en ressortiront gagnants.

Vidéoclip de Paul Soubry sur les emplois, les compétences et l’enseignement supérieur

Vidéo disponible en anglais seulement.


Un vidéoclip de l’allocution de Paul Soubry présentée à la réunion des membres de l’Association des universités et collèges du Canada en avril 2014.

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Transcription

Text on screen: [Address by New Flyer president and CEO Paul Soubry, AUCC membership meeting, Winnipeg, April 8-9, 2014 | Allocution de Paul Soubry, p.-d.g. de New Flyer, Réunion des membres de l’AUCC, Winnipeg, du 8 au 9 avril 2014]

Paul Soubry, New Flyer president and CEO :
So the next question, what combination of skills and experience does the next generation of leaders need to be successful? Now again, it’s 30 years since I went to school, but for me, the easiest courses were human resources, organizational behaviour and so forth. And most of the time, I thought I was wasting my time. I wanted to be an accountant after several unsuccessful attempts at first-year financial accounting, the prof suggested I might to into sales marketing or human resources.

But honestly, those courses to me were philosophical. They were theoretical, they were conceptual, there was no right or wrong, basically soft stuff. But honestly, now that I’m 30 years later, now that I run a business, in my case, 3,200 people in multiple facilities, previously 4,500 people all over the globe, honestly, the stuff that’s really important all day long is organizational behaviour, human resources and people and leadership stuff.

And so I realized you can hire smart people and you can realize you can buy computers and other stuff to design or calculate and so forth. The most difficult thing to do is to teach people how to be a leader. And we spend a lot of time in our business differentiating between management and leadership, and they are two very, very different things.

I’m a bit of a junkie for quotes and so forth, and I love this one from, from Michael Porter at Harvard, and so when you think, when he thinks about and talks about the global environment, he says, and it’s so true in my business cause all I do is assemble a bunch of parts, like 30,000 parts, and at the end of the day, you’ve got a bus. But so does my competitor. There’s not much really different. He says that people are the only real source of true competitive advantage.

And you know, when you look back at, at where people work and the way we respond and how we interact with our customers, at the end of the day, I’m building a bus, no different than any of my competitors. It really is about the people. And so, I really think that’s an important thing that universities should think about and that the difference between your school and somebody else’s school really has to do with the quality of the people that are teaching, managing, leading and, and educating our youngsters.

Text on screen: [Information/Renseignements www.aucc.ca ; bilingual logo of the Association of Universities and Colleges of Canada]

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