L’excellence en matière de recherche et l’enseignement au premier cycle peuvent coexister

03 novembre 2017
Headshot of David Turpîn, recteur, University of Alberta.

Article d’opinion paru dans le Globe and Mail le 3 novembre 2017

par David H. Turpin, recteur de la University of Alberta, et Marina Banister, présidente de l’association étudiante de la University of Alberta

Il y a environ six ans, un groupe d’étudiants au premier cycle s’est présenté à la University of Alberta à la recherche d’un programme d’aérospatial. Ils n’ont pas tardé à constater que l’Université n’en offrait pas. Ne reculant devant rien, ils ont créé un club et fait appel à des professeurs pour les guider et à d’autres étudiants pour se joindre à eux. Ils ont ensuite sollicité du financement pour soutenir leur projet et finalement trouvé ce dont ils avaient besoin.

On entend souvent dire que les étudiants au premier cycle sont mal servis par les universités axées sur la recherche. Certains soutiennent que la recherche de calibre mondial et l’enseignement au premier cycle ne font pas bon ménage. Les chercheurs de premier ordre sont souvent considérés comme de mauvais enseignants, manifestant peu d’intérêt envers les jeunes talents de 18 ans. Il n’est pas rare qu’on reproche aux universités actives sur le plan de la recherche, y compris la University of Alberta, d’ignorer les exigences réelles des futurs employeurs et de ne pas outiller les étudiants des compétences nécessaires à leur réussite professionnelle. Compte tenu de ces idées préconçues, on pourrait croire qu’une présidente d’association étudiante au premier cycle et un recteur sont rarement du même avis. Or, ce n’est pas du tout le cas.

Nous pensons au contraire que les universités axées sur la recherche et les étudiants au premier cycle font très bon ménage. Nous pouvons citer les statistiques sur le travail en Amérique du Nord qui démontrent constamment que les taux en matière d’emploi et de salaire des diplômés universitaires sont beaucoup plus élevés que pour ceux dont le niveau de scolarité est plus bas. À la University of Alberta, par exemple, le taux de chômage des diplômés cinq ans après l’obtention de leur diplôme est de seulement 2,8 pour cent, un taux nettement plus faible que la moyenne nationale de 6,2 pour cent.

Bien que ces données montrent qu’étudier dans une grande université polyvalente axée sur la recherche est un atout, nous voulons insister sur ce qui se cache derrière ces chiffres. Nous pensons ici au potentiel humain et au rôle que les grandes universités peuvent jouer si elles misent sur ce potentiel. En effet, ces universités fournissent aux étudiants au premier cycle toutes les ressources dont ils ont besoin pour faire preuve d’audace, se laisser guider par leur curiosité et accomplir de grandes choses.

Revenons à ce groupe d’étudiants au premier cycle de la University of Alberta à la recherche d’un programme d’aérospatial. Ils ont trouvé précisément ce qu’ils cherchaient, cet établissement polyvalent étant axé sur la recherche. L’Université n’offrait certes aucun programme de ce type, mais elle abrite l’Institute for Space Science, Exploration and Technology et emploie d’éminents chercheurs dans les domaines de la physique spatiale et du génie, inspirés par la perspective d’encadrer de jeunes chercheurs et ingénieurs en aéronautique.

Lorsque le club a décidé de relever le défi de taille de créer un cube satellite QB50 – une première en Alberta –, notre faculté de génie disposait déjà de l’infrastructure de pointe dont l’équipe avait besoin pour le créer et en faire l’essai.

Au cours des années, plus de 60 étudiants ont pris part à la réalisation du projet et ont acquis des connaissances techniques avancées, de même que les compétences pour monter des dossiers d’analyse, gérer des projets d’envergure, diriger des équipes et présider des conseils d’administration, entre autres.

À l’heure actuelle, le satellite du groupe, l’Ex-Alta 1, est en orbite et recueille de précieuses données de recherche sur les tempêtes spatiales et d’autres phénomènes. Alors que de nouveaux étudiants continuent de se joindre au club, ceux qui en formaient le noyau initial ont obtenu leur diplôme, quitté l’Université et fondé leur entreprise, Promethean Labs, qui fera naître, espèrent-ils, une industrie aérospatiale en Alberta.

Il s’agit du type d’expérience d’apprentissage rendue possible dans une université axée sur la recherche, où la combinaison entre les gens, l’infrastructure et une gamme d’options permet aux étudiants d’explorer des idées et de grandir en tant qu’individus.

Pourquoi les universités axées sur la recherche peuvent-elles offrir ces avantages? Grâce aux investissements publics dans la recherche fondamentale – autant dans les gens que dans l’équipement. Ces investissements sont essentiels à la création et au maintien de milieux d’apprentissage enrichis qui alimentent les rêves imprévisibles des étudiants au premier cycle. Aujourd’hui, le quart des étudiants canadiens au premier cycle participent directement à la recherche avec des professeurs. On ne peut qu’imaginer à quel point chacun d’eux a la chance d’exprimer sa créativité, de cultiver son talent et de développer son potentiel.

Plus tôt cette année, l’examen du soutien fédéral aux sciences a largement justifié les investissements dans la recherche fondamentale en vue d’assurer l’excellence de l’écosystème complet de recherche et de développement (R-D) du Canada sur la scène mondiale.

Or, les étudiants au premier cycle font partie de cet écosystème. Ils font leur entrée dans nos universités canadiennes, débordant de potentiel. À titre de présidents d’association et de recteurs, nous espérons que lorsqu’ils oseront poser de grandes questions, ces étudiants continueront d’avoir accès aux ressources et aux investissements leur permettant de trouver des réponses et de déclencher la prochaine vague de prospérité sociale, culturelle et économique au pays.

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