Président-directeur général, Universités Canada
Témoignage devant le Comité permanent de la justice et des droits de la personne
Madame la Présidente,
Honorables membres du Comité,
Je m’appelle Gabriel Miller et je suis le président-directeur général d’Universités Canada. Nous sommes la voix fédérale et internationale des universités canadiennes.
Bien que je me sois joint à Universités Canada il y a seulement deux mois, je sais hors de tout doute qu’aucun enjeu n’est aussi important que celui dont il est question aujourd’hui.
Je souhaite d’abord remercier le Comité d’avoir entrepris cette importante et pertinente étude, et je tiens surtout à remercier les étudiantes et étudiants ainsi que les universitaires d’origine juive qui ont courageusement fait part de leurs expériences difficiles. Je suis désolé que vous ayez enduré cela. Votre voix est entendue, et le milieu universitaire prend cet enjeu très au sérieux.
Universités Canada condamne sans équivoque l’antisémitisme ainsi que toute forme de racisme et de discrimination. Les gestes haineux et antisémites n’ont pas leur place sur les campus ou dans les collectivités. Il faut y mettre fin.
Afin de préserver l’intégrité des établissements et d’assurer le bien-être de la population étudiante, il est primordial que les campus soient des lieux d’apprentissage sécuritaires qui offrent du soutien, qui sont exempts de harcèlement et d’intimidation et où l’on ne craint pas pour sa sécurité. Le milieu universitaire doit favoriser la liberté d’expression, qui se traduit entre autres par la liberté de s’opposer à des opinions ou à des déclarations que certaines personnes pourraient considérer comme erronées ou blessantes. Toutefois, les étudiantes et étudiants doivent se sentir en sécurité à l’université, que ce soit pour apprendre, prendre part à des dialogues constructifs ou participer pleinement à la vie étudiante.
Universités Canada appuie cet objectif en favorisant la collaboration entre ses établissements membres, le gouvernement fédéral, le secteur privé et les collectivités du pays. Dernièrement, l’association s’est impliquée dans quatre sphères importantes :
En outre, Universités Canada travaille étroitement avec Deborah Lyons, envoyée spéciale du Canada pour la préservation de la mémoire de l’Holocauste et la lutte contre l’antisémitisme, Sécurité publique Canada, la Gendarmerie royale du Canada, les députées et députés des circonscriptions sur lesquelles se trouvent les campus les plus touchés ainsi que des organismes communautaires comme le Réseau des professeur.e.s canadien.ne.s engagé.e.s, le Centre consultatif des relations juives et israéliennes et B’nai Brith Canada. L’association demeure également en contact étroit avec ses homologues à l’étranger, comme Universities UK et l’American Council on Education.
Elle écoute attentivement les propos de la population et des universitaires d’origine juive, ainsi que des chefs de file de la lutte contre l’antisémitisme. Elle salue les solutions pratiques et concrètes qui ont été présentées au Comité, c’est-à-dire : les propositions visant l’application équitable des codes de conduite existants; les politiques en matière d’équité, de diversité et d’inclusion qui tiennent compte des membres de la population étudiante, du personnel et du corps professoral d’origine juive et qui visent à lutter contre l’antisémitisme; les nouveaux programmes de sensibilisation et de formation; une collecte de données exhaustives et une reddition de compte améliorée; ainsi qu’un usage élargi de la définition non obligatoire de l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste, un précieux outil permettant aux universités de cibler et de contrer l’antisémitisme. L’association est résolue à collaborer avec ses membres et les gouvernements pour se pencher sur ces recommandations.
Selon des rapports de police et des audits annuels, les incidents antisémites sont en hausse constante au Canada. Comme l’ont indiqué avec justesse de nombreuses personnes ayant témoigné devant le Comité, si l’antisémitisme, la haine, le racisme et la discrimination ne sont pas endigués à la source, ces phénomènes se répandent et prennent de l’ampleur. On ne peut oublier les leçons du passé en ce qui concerne l’évolution des propos haineux laissés sans surveillance, qui aboutissent trop aisément en gestes haineux.
Ces problèmes dépassent les frontières des campus. L’antisémitisme touche l’ensemble de la société, et requiert des actions nationales et pangouvernementales. Comme il ne s’agit pas non plus d’une question partisane, j’espère que les membres du Comité continueront à adopter une approche multipartite en ce qui concerne l’étude et le rapport qui en découlera.
Les universités ont la responsabilité particulière d’être des modèles de dialogue et de conduite respectueux. Cette responsabilité s’étend non seulement la population étudiante, au personnel et au corps professoral, mais aussi aux têtes dirigeantes de la communauté canadienne dans son ensemble. Il nous incombe de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour prévenir l’antisémitisme, tout comme il incombe aux personnes élues et aux cadres de tous les secteurs de faire de même.
Je vous remercie encore une fois de mener cette étude cruciale, et je me ferai un plaisir de répondre à toute question.