Forger des relations durables avec la Chine

12 octobre 2018
Paul Davidson in China.

Cet article d’opinion a paru dans The Chronicle Herald le 11 octobre 2018

par Paul Davidson, président-directeur général, Universités Canada

Le Canada entretient des relations avec la Chine depuis plus de 100 ans. Ces relations ont évolué en fonction des circonstances, des occasions et des risques, mais les universités canadiennes y ont toujours beaucoup contribué.

Au début des années 1900, des dizaines de diplômés de la Victoria University at the University of Toronto se sont établis en Chine en tant que missionnaires, y créant des écoles, des hôpitaux et une université. Leur expérience a permis d’acquérir un savoir considérable sur la Chine qui, des décennies durant, a aidé le Canada à prendre des décisions éclairées sur les plans politique et stratégique.

Vers le milieu du xxe siècle, le médecin canadien Norman Bethune est devenu un véritable héros dans toute la Chine. Mao lui-même a souligné sa compassion et les soins qu’il a prodigués à des milliers de paysans chinois. Toujours louée en Chine, l’action du Dr Bethune contribue encore aujourd’hui à la bonne réputation du Canada, tout comme le souvenir des ventes de blé à la Chine initiées par le gouvernement Diefenbaker pour aider le pays à faire face à la sécheresse.

Des années 1970 aux années 1990, les investissements à long terme consentis par l’Agence canadienne de développement international ont engendré une mobilité étudiante bidirectionnelle entre le Canada et la Chine. En plus de contribuer au renforcement des universités chinoises, la mobilité a permis à des générations d’étudiants chinois venus au Canada d’accéder par la suite à des postes prestigieux en Chine. Les relations humaines ainsi forgées ont permis au Canada de renforcer sa connaissance et son expérience de la Chine et de faire en sorte que ses relations avec elle ne se bornent pas à des accords diplomatiques ou commerciaux.

Décennie après décennie, le Canada a cherché comment tisser les meilleures relations possible avec la superpuissance mondiale et le véritable moteur de l’économie planétaire qu’est devenue la Chine.

Universités Canada a eu la chance de participer pendant 18 mois à un exercice de réflexion et d’apprentissage organisé par le Forum des politiques publiques (FPP), regroupant des participants parfois enthousiastes ou sceptiques, « réalistes », ou encore soucieux de défendre les droits de la personne ou différents points de vue. Les expertises du monde des affaires, des syndicats et de la société civile ont été mises à profit dans le cadre de cet exercice qui a permis l’expression de visions traditionnelles et nouvelles.

Si Universités Canada a été invitée à participer à la démarche du FPP, c’est que la Chine compte aux yeux des universités canadiennes. Ces dernières possèdent une expertise de premier ordre en matière de commerce, de droits de la personne et de changement climatique, ainsi que dans d’autres domaines où les actions de la Chine façonneront certes l’avenir, mais où le savoir canadien pourra être mis à profit.

L’invitation lancée à Universités Canada tient aussi au rôle que les universités canadiennes doivent jouer pour doter les étudiants canadiens des compétences nécessaires à leur réussite en ce xxie siècle. Avec des dirigeants d’entreprises et de la société civile, Universités Canada s’emploie à leur apporter des « compétences sur l’Asie » (langue, culture, commerce), afin qu’ils soient en mesure de forger des liens fructueux avec une des plus grandes puissances économiques actuelles.

La Chine investit énormément dans la recherche, et collabore avec des personnes et des organisations du monde entier. Le Canada, reconnu mondialement pour son talent, se doit d’en profiter. Il importe de plus que les discussions sur la propriété intellectuelle et les dossiers annexes progressent et conduisent à des avantages durables pour le Canada et la Chine. À cet égard, l’expertise des autres participants à l’exercice du FPP est également utile.

Universités Canada prend part aux discussions parce qu’environ le tiers des étudiants étrangers présents au Canada viennent de Chine. Leur apport économique aux collectivités canadiennes où ils étudient constitue, après les marchandises, la deuxième source de revenus d’origine chinoise. Et l’on ne saurait surestimer à quel point ces étudiants contribuent à l’établissement de relations durables avec leur pays d’origine.

Le document de travail issu de la démarche du FPP, publié cette semaine, dresse l’inventaire des occasions à saisir, sans pour autant dorer la pilule. Il appelle les Canadiens à tirer parti de l’expérience du Canada avec la Chine, et le reste du monde, pour maintenir avec elle une relation durable.

Le document de travail souligne de plus l’importance de se livrer à un débat public pour parvenir à un consensus entre les régions, les partis et les secteurs qui permette d’aller de l’avant.

Dans le contexte mondial actuel, marqué par divers bouleversements et la montée du populisme, il serait trop facile de se contenter de belles paroles et d’avis d’experts. Ce serait en fait dommage, car l’établissement de saines relations avec la Chine aura des conséquences aussi bien immédiates qu’à long terme pour l’ensemble de la population canadienne.

Le Canada a pour atouts sa longue expérience avec les États-Unis, mais également sa participation, après la Seconde Guerre mondiale, à la mise en place du nouvel ordre mondial qui a contribué à engendrer la plus longue période de paix en Europe depuis le Moyen-Âge, ainsi que la plus longue période de croissance économique et d’accroissement de la prospérité de toute l’histoire.

Ces atouts sont loin d’être négligeables.

Les universités canadiennes continueront à œuvrer activement au renouvellement des relations du Canada avec la Chine, comme elles l’ont fait depuis plus d’un siècle.

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